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Jean-no
La société Na'avi est-elle bête ? Difficile à dire, je ne pense pas que ce soit le sujet du film : ils ont leur société à eux, basée sur l'harmonie, ce qui rend simple leur situation et même, leur appréciation de ceux qu'ils ont en face d'eux. Pour moi ce qui compte c'est la dénonciation assez réussie de l'impérialisme américain dans les pays de matières premières. Arriver à ce qu'un tel sujet devienne le film le plus rentable de l'histoire, et un des plus vus, c'est extraordinaire. Le récit est très cliché, évident, et c'est exactement ce qu'il fallait.
Mes deux centimes (bien en retard) sur le sujet : http://www.hyperbate.com/dernier/?p=8911 -
Conall
Ah, tiens, une chronique que je n'avais jamais lue. Et dire que je pensais que lire un nouveau truc sur Avatar allait m'énerver...
Ma foi, une analyse fort bien tournée, en définitive.
Et je vais sans doute passer pour un monomaniaque (à force on s'y habitue), mais je me demande combien de fois Cameron a vu Neon Genesis Evangelion.
Mais si, Evangelion, le premier Manganime introduit en masse en occident !
Cette histoire abracadabrante d'adolescents, mal dans leur peau, qui se synchronisent avec des machines pour lutter contre un ennemi (les anges) qui vient de quelque part dans l'espace, on ne sait pas trop où. Jusqu'à ce qu'on apprenne que les machines en question (les Eva) sont des êtres vivants hybrides entre l'humain et ce fameux ennemi, et que finalement, hein, si ça se trouve, les méchants ce sont peut-être bien les humains. Bon, je vous l'accorde, à la fin, sans un Bac+12 en psychologie et en philo, et sans la présence dans le sang d'au moins 0,8g d'alcool (voire quelques substances illégales), on ne comprend plus rien, mais il faut dire qu'ils n'avaient plus d'argent pour payer coloristes et dessinateurs, et qu'ils ont bricolé ce qu'ils ont pu avec les moyens du bord.
En virant toute la partie psychologique, en teintant ça d'écologie et du mythe du bon sauvage, puis en calquant un schéma narratif commun à plusieurs centaines ou milliers de films, et avec l'apport des images de synthèses (ainsi que d'une grammaire cinématographique, pour éviter que le tout ne soit trop bancal), on en arrive à Avatar.
Alors oui, c'est joli, oui, l'univers est différent (enfin autant que puisse l'être un Eden bien manichéen), oui, il y a une cause à défendre (m'enfin si vous voulez, avec Wall-E ça passait aussi bien), oui, le nœud de l'intrigue est original (enfin pas plus que pour une vingtaine de films ou de séries basé(e)s là-dessus), oui, l'intrigue se déroule bien (après l'avoir testée trait pour trait sur soixante films, il vaudrait mieux), oui, la chute est inattendue (à condition de n'avoir pas vu de film américain ces trente dernières années), et oui, c'est bien tourné (vu qu'il n'y a pas de scénario, c'est bien le minimum).
Donc la prochaine fois, monsieur Cameron, plutôt que de dépenser des centaines de millions de dollars pour de jolies images et une intrigue que même miss South Carolina peut comprendre, essayez de faire un peu moins manichéen, de surfer un peu moins sur la vague des émotions du moment, de proposer un scénario un tantinet original, avec de vrais personnages plutôt que des stéréotypes, en un mot préférez la qualité au spectaculaire. -
pilou62
Bravo Judith pour ce texte. Bien ecrit, ouvrant sur des perspectives litteraires, pas sans une mise proprement politique quant au fond. Je me suis regale. Merci, merci. Continuez. Cela me fait aimer encore davantage cet abonnement ! A bientot de vous relire. Francois -
JUSTIN COLBART
Très belle, juste et profonde analyse, merci Judith ! -
LPR
Excellent la banniere annoncant l'emission de jeudi !! -
sleepless
C'est amusant. Je suis en train de revoir Avatar.
On se souvient de ce que je défendais, avec Danette, à savoir une sexualité possible via la natte et ses terminaisons nerveuses.
Dans la scène du dortoir, juste après la première incarnation en Avatar, et la course de Jake dans la nature, ce dernier regarde les terminaisons nerveuses de sa natte qu'il tient dans sa main ; Grace, elle aussi en Avatar, passe à côté de lui en le regardant, et lui dit ceci :
"Ne jouez pas avec ça, ça rend sourd..."
Il me semble que c'est ce qu'on peut appeler une allusion directe, non ? -
pompastel
Bon.
Sleepless, « do, mi b, la, fa#, si, fa#, sol, ré b ». n’a pas d’inclination politique.
« a e w z l u d u » non plus..
Il se trouve que le cas de Chostakovitch m’avait interpellée voici quelques années, bien davantage dans la cadre historique que dans la sphère spécifiquement musicale.
Justement, je me demandais comment des suites de notes, des harmonies, des dissonances ….pouvaient bien dire quelque chose d’explicite.
Comme j’avais été plutôt convaincue par la démonstration entendue, j’y ai repensé en suivant votre discussion.
Parce qu'il n'y a pas de langage caché, parce qu'une note ne dit rien en elle-même qui soit connoté idéologiquement, politiquement, socialement, ni une fois confrontée à ses semblables pour en faire une mélodie, ni une fois superposée à ses semblables pour en faire un accord.
Je pense toujours que si.
Ma « conviction » était en désaccord avec l’affirmation de Djac à Yannick Parce qu'en effet, tout dépend de ce qu'on entend par discours : idéologique quant à la musique, j'y crois pas une seconde.
Je ne suis par ailleurs qu’un peu musicienne (je le dis tout bas, si Djac est dans le coin, trop intimidant sur ce coup-là).
Chostakovitch et son parcours atypique me semblait un bon exemple.
Mon intuition : D’une manière générale un transmetteur cherche à atteindre un récepteur, à l’aide d’un langage. Qui, espère-t-il, sera entendu et compris. Le langage peut prendre des formes multiples, on pourrait tenter le tour de toutes les disciplines disponibles pour s’exprimer.
Mais - c'est là que çà se complique - n’importe quel langage s’interprète.
Si le domaine spécifiquement artistique est infiniment complexe (voir conversations ci-dessus…), les mots semblent a priori bien plus efficaces pour transmettre un message.
Et pourtant.
Pour tenter de me faire comprendre, je voudrais proposer une mise en perspective.
1 Commentaire rapide à propos du parallèle (erroné selon moi) avec la simplicité des mots.
De nombreux exemples démontrent que même les mots ne suffisent pas toujours pour articuler une phrase qui sera comprise sans zone d’ombre.
Ca s'emberlificote si on traduit une langue étrangère. Pareil quand on lit en français un texte rédigé dans une autre langue, de surcroît dans une autre culture et il y a longtemps.
Le contexte rédactionnel, dans tous les cas, colore la manière d’écrire de l’auteur, et, si je n’en connais rien, pollue ma compréhension si je n’y prends pas garde. Si je ne fais pas un effort d’intelligence.
(A ce sujet, les textes de l’Ancien Testament sont une mine d’exemples – j’en avais proposé déjà quelques-uns sur un autre forum)
On pourrait par ailleurs se demander ce que comprendront d’ici quelques siècles les historiens quand ils liront qu’ « on a un chat dans la gorge », qu’ « on est cloué au lit » ou qu’ « on est dans la lune », si ces expressions sont tombées en désuétude, et s’ils ne prennent pas eux aussi la peine d’entrer dans l’intelligence de notre culture (tellement évidente à nos yeux qu’on n’y prête pas attention puisqu’on la partage). Ils se demanderont peut-être si les « 36 chandelles » qu’on déclare avoir vue en cas de récit de choc n’est pas quand même (un peu) mensonger.
2.Concernant la peinture, quelqu’un a déjà rappelé qu’elle obéit à des codes. Même commentaire.
Rien ne m’interdit d’éprouver du plaisir -ou non – quand je contemple une fresque médiévale, mais si je sais que pour les gens de l’époque, celui de profil est nécessairement le traître, je comprends mieux le langage de l’artiste qui à sa manière disait quelque chose à ses contemporains (naturellement au courant des codes propres à ce langage artistique).
3. Je dis qu’il me semble que c’est quelquefois la même chose dans l’univers de la musique.
A deux reprises, Chostakovitch met en scène dans une symphonie une bataille qui appartient à sa propre histoire.
Dans le premier cas (7° symphonie), il met en valeur l’esprit patriotique et le courage des héros. Il reçoit le Prix Staline à qui çà a beaucoup plu.
Dans le second cas (8° symphonie), il met en valeur, il exprime à l’aide de son langage, le reproche qu’il formule au régime, d’avoir abandonné la ville. (Censuré. Staline comprend très bien le potentiel subversif du récit que propose l’artiste de l’attitude des autorités).
Mon impression est que dans les trois cas que je suggère, si je m’y intéresse de manière moyennement distraite du haut de mon XXI° siècle, sans explorer le contexte, rien ne m’interdit d’apprécier à ma manière, mais je risque de passer à côté de ce que l’artiste cherchait à exprimer vraiment, alors que ses contemporains l’entendaient. (des textes écrits en hébreu, en araméen ou en grec, une fresque ou une symphonie).
Je peux rester à la surface, et faire comme si l’œuvre avait été écrite, peinte ou composée aujourd’hui. Et décider que c’est nul, comment-peut-on-raconter-des-foutaises-pareilles, ou que décidément quel-manque-de-perspective-pas-de-l’art-çà, ou quelle-cacophonie. (par exemple)
Qu’on ne comprenne pas immédiatement hors contexte que la 8° symphonie raconte le martyr de Stalingrad n’est pas à mes yeux un argument suffisant pour disqualifier mon intuition, puisque c’est vrai aussi de toutes les techniques d’expression.
Ceci dit, je ne tiens pas absolument à avoir raison, je tente de faire comprendre la logique dans laquelle je me trouve quand je réagis à cette file de discussion.
Il me semble qu’elle est relativement cohérente, mais je ne suis pas radicalement opposée à ce qu’on me démontre le contraire.
(Petit complément, à propos de la tentation de l’approche anachronique, en ne se fiant qu’à son immédiate impression spontanée :
- Problèmes récurrents de A.T. : par exemple, il existe deux récits du passage de la mer rouge. Pareil pour la Genèse. Si je ne sais rien du contexte historique et des raisons assez compréhensibles finalement pour lesquelles il est important dans le deuxième récit – le plus jeune, donc – de bien faire se noyer les Egyptiens, je peux en rester à la surface et conclure, par exemple par un lapidaire « Hi hi, vouloir me faire croire à une mer qui s’ouvre en deux, et à un créateur qui assassine la moitié de ses créatures de l’épisode… ».
Je ne comprends pas le message d’origine.
- Pour l’art roman, idem. La moitié des gens qui s’exclament devant « cette impression austère et dépouillée » ne se rendent pas compte sans doute que les artistes de l’époque faisaient le plus coloré et décoré qu’il leur était possible, facile à démontrer. Que cette impression est donc une construction mentale de notre contemporanéité.
Je ne comprends pas le message d’origine.
- je propose la même démarche pour la 8° symphonie. Et, Djac, votre « Il n'y a pas de signifiant ou de dictionnaire durable pour des notes de musique » ne me semble en rien contradictoire. Au contraire.). -
pompastel
Je réponds ce soir (j'espère ne pas rentrer trop tard).
Bonne journée à tous ! -
Djac Baweur
Je sur-plussoie sleepless, évidemment, qui me plussoyait déjà en prenant le relais.
Bien, quittons le cas Chostakovitch, sur lequel, pompastel, vous feriez reposer votre seul cas démontrant quelque chose sur la musique dans son entier (et sérieusement, si vous pensez une minute que les soviétiques étaient plus mélomanes que paranoïaques, vous vous fourvoyez quand même largement - renseignez-vous sur l'histoire de Lady Macbeth de Mtsensk, opéra de Chostakovitch, par exemple, que Staline a d'abord adoré - tout le monde a décrété que Chostakovitch était vraiment génial, puis subitement il s'est mis a détesté - et subitement, Chostakovitch a été vu comme un paria, louche et suspect en vrai, je ne me souviens plus de l'ordre désamour/adoration, mais c'était de cet ordre. Bref, c'était un régime auquel vous prêtez bien plus de rationnalité qu'il n'en avait, et je vous assure que les amours/désamours successifs qu'a enduré Chostakovitch sont dûs uniquement aux lubbies de Staline plutôt qu'à quoi que ce soit d'autre - maintenant, si vous voulez absolument croire autre chose, ça vous regarde.).
Donc, quittons un moment ce pauvre Chostakovitch, tellement instrumentalisé de toute part, et faisons dans le cas pratique.
Quelle est par exemple, après écoute, l'idéologie évidente véhiculée par ceci (et, là, ça m'intéresse, parce que j'ai fait un mémoire d'analyse dessus, je connais un peu la partition par cœur, je serais curieux qu'on me dise ce que ça raconte - je vous préviens tout de suite, Debussy était très en colère quand on cherchait à entendre la mer symbolisée en musique, avec les vagues à entendre et tout et tout, ce que les critiques de l'époque ont beaucoup déploré, d'ailleurs - je ne "sens" pas la mer, disait le critique Pierre Lalo - donc, même du point de vue du simple descriptif, il va falloir trouver autre chose...).
Ou encore, par ceci, ou ceci (attention, vous allez être tentée de trouver que ça ressemble à Chostakovitch...), ou encore ceci...
Et puis aussi ceci, tiens... -
sleepless
Réponse à pompastel.
D'où vous vient cette "analyse " de l'œuvre ?
Votre descriptif ne montre en aucun cas un message politique, social, subversif. Et c'est de cela dont il s'agit ici, de la musique comme discours sur la société, comme vecteur de message.
Tout au plus un ressenti, une émotion possibles. Mais variant suivant les individus.
Absolument pas un message intrinsèque, mais une perception, une évocation d'images possibles suivant le récepteur.
thème joué par violoncelles et contrebasses, puis énergie soudaine des violons et alti, symbolise le découragement.
Expliquez-moi, svp, par quel moyen ce découragement est symbolisé.
En littérature, on dira : "je suis découragé"
En musique, cela veut-il dire que chaque fois que je jouerai avec des cordes "do (noire) lié à do (croche pointée) si b (double croche) lié à do (blanche) etc.", j'indiquerais "découragement" ?
Si oui, c'est amusant, car ces quelques notes répétées sont celles qu'utilise Lalo Schifrin, en accélérant légèrement le tempo (et sans les transposer...) dans le thème "Contender Pt. 1: The Plot", thème qui illustre la mise en place du complot dans Mission Impossible...
Peut-on en déduire que les mêmes éléments utilisés de la même manière peuvent dire deux choses différentes ?
Par exemple, "je suis découragé" voudra dire "je complote contre un chef d'État" tout en étant toujours écrit et prononcé "je suis découragé" ?
(et ne venez pas me parler de code secret, etc.)
Ça m'intéresse.
Et puis, restons sur la 8e ; pourriez-vous, s'il vous plaît, me dire quelle est des deux options suivantes (je fais court) sur le deuxième mouvement (allegreto) la bonne, c'est-à-dire quel est le message contenu dans ce mouvement :
1/la description d'une bataille homérique
2/le symbole de l'écrasement de l'être, de l'individu -
Yanne
Puisque je suis intervenue sur le forum de Rafik, je le fais aussi ici.
En fait j'avais commencé un post, mais je ne l'ai pas terminé faute de temps. Donc je l'avais recopié sur mon traitement de texte. Et jamais eu le temps et le goût de le terminer.
Comme j'ai un peu plus de temps aujourd'hui, je le reporte ici avec une fin un peu plus courte que prévu :
Brillantissime démonstration, Judith ! S'il y avait le son sur le forum, je sifflerais d'admiration.
Vous avez certainement raison dans votre analyse, mais c'est une vision comme une autre, et je pense que beaucoup de personnes ont adoré ce film, et chacun pour de bonnes ou mauvaises raisons, mais toutes différentes.
Et j'imagine que ce qui a plu à Régis Debray, c'est la peinture d'un homme qui abandonne sa culture pour se mettre au service de rebelles encore plus opprimés que lui, vivant au sein d'une utopie. Nul doute qu'il ne puisse s'y identifier, puisqu'il s'agit de sa propre histoire, lui qui a combattu en Amérique du Sud auprès des guévaristes.
Personnellement, j'en aurais plutôt une opinion d'amatrice de science fiction, grande réussite des effets spéciaux, (et pour cause, Cameron, avant d'être le réalisateur d'abyss et de Terminator 2, avait commencé comme technicien d'effets spéciaux), mais scénario mille fois remâché d'un "Terrien" confronté à des étranges étrangers, sur une planète lointaine, et qui finit par épouser leur cause d'opprimé, ce cinéma étant issu en droite ligne des auteurs intellectuels américains de SF des années 70 : Ursula Le Guin, Ray Bradbury........... eux-mêmes héritiers de Thomas More et de Johnatan Swift, et j'en passe.
Mais par ailleurs, j'en aurais plutôt une lecture politique, dans le sens où au cinéma se règlent les enjeux stratégiques de l'empire américain, puisque les guerres de périphérie, de type colonialiste, sont une constante de l'histoire des USA de ces dernières décennies. Et ce qui pose problème est aujourd'hui très très net aux USA : c'est l'échec de l'aventure colonialiste Irak/Afghanistan. Comment s'en sortir la tête haute, sans induire la déflagration socio-politique et stratégique qu'avait provoqué le Vietnam, sinon en mettant en avant toute la pensée progressiste et universaliste qui est une filiation quasi-naturelle de la fantasy ?
Et cette utopie d'un monde parfait, en harmonie totale, un jardin d'éden d'avant la faute, du temps de l'innocence, celui où on ne dominait pas la terre, mais où on vivait en symbiose avec elle et avec notre animalité assumée associée à l'esprit universel, illustre bien une conception du bonheur New Age.
Et un monde d'avant la politique, avant l'arrivée de l'autre, celui qui a des intérêts ou des avis différents, qui envisage la vie et le monde d'une façon différente.
Et évidemment cela renvoie au bout du compte à notre propre histoire. Et surtout celle de son commencement, le temps où nous étions un fœtus dans le ventre de notre mère, et où tous nos besoins étaient satisfaits immédiatement par notre environnement qui nous protégeait. Ce temps où nous avions une autre couleur, et où nous avions la permission d'avoir une queue. Cet âge d'or individuel où nous étions des animaux instinctifs, des êtres parfaits parce que personne ne pouvait encore parler de nous et à nous dans un échange. -
djinneo
brother my cup is empty
and i haven't got a penny
for to buy no more whiskey
i have to go home
...
o brother, buy me one more drink
i'll explain the nature of my pain
yes, let me tell you once again
i am the captain of my pain
Je rigole, je tressaille, j'exulte et je m'esclaffe. J'enrage et je vous maudis
Comment peut-on avoir les joues si ignoblement rondes, les yeux si bassement petits, et la vue si petitement basse tout en restant si douloureusement exquise.
Auriez-vous oublié que si pour quelques-uns l'intelligence permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur; pour d'autres, sa culture, lui permet de mesurer l'étendue de son ignorance.
En d'autres mots, plus on en sait, et plus on sait qu'on ne sait pas grand chose.
you think you're climbing up man
in fact you're climbing down
Peut-être bien que Jake, en tant que bon "mayrhinss" de la navy, a joué jadis à touche-pipi avec une viet-namienne ou une irakienne. Et peut-être bien que ça leur a plu à chacun.
Peut-être bien, du coup (coup de bite, bite de cheval, cheval de course...), qu'une fois devant une na'vi, il sait quel recul il faut prendre pour appréhender une culture qui ne s'auto-proclame pas universelle à grand renforts de philosophes français illuminés du XVIII.
Peut-être que Jake a l'humilité des pires pochtrons que sont devenus les anciens combattants US éclopés avec leur retraite de misère, comme J.Rambo chantant "Born in the USA" de B.Springteen...
Peut-être qu'il a l'humilité d'une personne qui est tombée amoureuse d'une autre ayant une toute autre culture... Et ça c'est comme les gosses: tant que ça ne nous arrive pas, on ne peut pas comprendre...
Peut-être que si sa tête est à vos yeux vide, elle n'éponge pas moins plus de sagesse que les sobres gens normaux prennent pour de l'a-culturation au mieux, de la bêtise au pire.
Bite, chatte, poil, moule, téton... Oui, je ponctue mon discours avec mes couilles. Mais c'est juste pour le style. Et vous le savez.
Fantasme, sensualité, beauté, grossesse, élevage de bébé... Vous, vous en faites des arguments de pensées, et vous articulez votre discours autour de vos préoccupations.
D'autres diront que c'est votre prisme... Je parlerais plus volontiers de kaleïdoscope: c'est bien tripant, et c'est une réalité comme une autre... M'enfin, j'ai encore l'impression de rester cloîtré dans un bien maigre tube en vous lisant sur certains sujets.
Féministe affirmée vous vous voulez: dans les questions bassement féminine vous vous enterrez.
Sans vous affirmer, et sans vous dépasser.
De mon point de vue.
Et il en vaut bien un autre.
Cela dit, si Avatar vous permet de digresser, dans une chronique rémunérée, sur la dictature esthétique, publicitatoire et pornographique des petits culs, des gros seins, des tailles de guêpes, des silhouettes longilignes et sportives à la mode californicatienne, c'est peut-être qu'effectivement il s'agit d'une oeuvre d'art.
Le propre d'une oeuvre d'art n'est-il pas de nous faire vibrer, et de faire résonner en nous notre propre moi, et nos désirs méconnus apparaissant sous un jour nouveau ?
Bah... en fait non. Rien que dans un cumulo-nimbus glauque et dans la moitié d'une mandarine blête, je vois l'intimité croisée de la Ciccolina, de Carla Bruni et de Clara Morgane. Avatar reste donc bel et bien une grosse bouse.
Mais bref... tout ça pour dire que si vous êtes spécialiste de littérature, j'ai du mal à concevoir que vous ayez rédigé cette chronique sans vous référez au best-seller "Les Enfants de la Terre".
C'est l'histoire du pouffe sapiens sapiens orpheline recueillie par des bruns néanderthaliens après un séisme et qui se trouve moche parce-qu'elle n'a pas le front bas et qu'elle est blonde.
Je vous passe les détails, mais en gros, comme Ayla (elle s'appelle Ayla) voit copuler des mamouths, du coup elle est toute excitée et elle offre ses fesses à Jondalar.
Enfin, je sais plus si ça se fait vraiment ou pas... Car il me semble qu'à un moment, Jondalar est tellement tendu qu'il doit se dégorger le poireau tout seul (je ne sais pas si l'invention de la branlette est scientifiquement attestée dès -10000 ans avant JC); et que ça vexe Ayla.
'Fin, c'est pas un roman porno hein, même s'il est en 5 tomes. Mais c'est ce qui m'a marqué... mon kaléidoscope à moi :D
Bon... dit comme ça, ça paie pas de mine, je vous l'accorde... Mais niveau fantasme des jardins d'Eden ça se pose là.
Là, et un peu mieux, et un peu plus qu'Avatar.
Sinon, je me demande encore pourquoi vous vous concentrez à détruire l'instinct maternel. Vous dites souvent qu'une bonne femme qui pond un drôle n'a pas nécessairement, naturellement, évidemment de l'amour pour son chiard.
C'est vraiment juste une manière pour vous de conspuer les pubs américaines des années 60 sur l'éléctro-ménager ? Ou c'est aussi une manière pour vous d'invoquer un "amour supérieur qui vous ai propre à vous seule" ?
L'instinct maternel n'existant pas "réellement", ce que vous ressentiriez en tant que maman serait peut-être quelque-chose que seule une agrégée de lettre serait capable de ressentir... Ou peut-être même juste vous seule au monde...
Spa très candide ça... Spa très avatar non plus... Et c'est encore moins sage. -
Yohooo
Matrix était, il y a une dizaine d'année, "l'œuvre majeure" où tout notre imaginaire collectif demeurait. (si si ! )
Debray a raison sur Avatar. Il est l'ambassadeur de notre époque.
Et le fait que cela déçoive nombre d'entre-nous est peut-être signe que nous repugnons à aimer notre époque.
Dans Matrix le héros était pionnier, nocturne et se confrontait à l'invisible.
Dans Avatar, il a colonisé (pollué ?) jusqu'à son imaginaire, fuit sa propre caricature pour sombrer dans un Happy-end encore plus carton pâte que lui.
Lui, c'est nous ! pauvres bougres !
Aussitôt montré, le pastiche écologique auquel nous assistons par la lucarne de chaque JT nous déçoit comme la vision d'un corps nu décevrait une fois le voile qui le suggérait lèvé.
Mais ce film est à la hauteur du monde qui se dessine. Le réfuter, c'est réfuter notre monde.
Et cela me donne de l'espoir. -
Robert·
il observait qu’il (le haut niveau d'éducation)
était «normal dans le monde ancien, mais
handicapant dans le nouveau».
Ah, tous ces gens qui réussissent et qui n'ont pas mon "haut niveau d'éducation"!
Calmez vous, Régis, vous avez été invité deux fois à "D@ns le Texte"! -
pompastel
ainsi un élève peut avoir 20 sur 20 en ayant fait 40 fautes.
En effet, j'ai déjà entendu parler de ce genre de dérive, mais personnellement, je n'en ai jamais été le témoin.
Et cette phrase-là on simplifie les évaluations est le contraire de mon quotidien !
sinon qui a parlé de seulement mémoriser?
Les (des) parents dont les enfants sont en difficulté aimeraient qu'on en revienne à des évaluations qui reposeraient sur le bon vieux "par coeur", çà les rassurerait : ils n'auraient dans ce cas plus qu'à sommer leur gosse d'étudier davantage!
Le problème du tout compétence c'est qu'on ne mémorise plus que des techniques, des méthodes et qu'on ne mémorise plus aucun savoir.
Je suppose que çà dépend des disciplines, et du stade de l'apprentissage.
Par exemple, en histoire, en fin de parcours de nos "humanités", un élève dispose de deux heures pour rédiger une synthèse. Il reçoit par exemple un corps documentaire (inédit pour lui) sur une dictature contemporaine dont il ne sait a priori rien, dans lequel sont éparpillés des renseignements concernant les différentes composantes de la société concernée : économie, religion, culture, stratification sociale, relations internationales, ...
Pour réussir la compétence "synthétiser" par exemple, il doit être capable de rédiger un texte académique, dans lequel
- chaque paragraphe correspondra à une composante
- qu'il devra confronter au régime dictatorial étudié en classe (3° Reich au minimum)
- et qui lui permettra de conclure si oui ou non, la situation nouvelle peut se comparer au régime supposé connu (oui, non, nuances), à partir de la définition détaillée de "la" dictature.
Les difficultés proviennent de l'absence de contenu de leur production personnelle, liée
- au cours s'ils n'ont pas étudié
- à la difficulté pour eux de repérer dans des documents nouveaux les bonnes informations
- à leur incapacité souvent de distribuer les informations par paragraphe
(Résumer les documents, c'est insuffisant. Réciter son cours, c'est insuffisant ).
Le nombre d'élèves de 17 ou 18 ans capables de réussir aisément cet exercice est très faible, les compétences sont très exigeantes, et la manière qui nous est imposée de rendre compte de nos évaluations est très contraignante.
Toutefois, les épreuves intégrées "extérieures" aux écoles se multiplient, et la plupart des établissements scolaires belges tentent de résister à ce projet national/communautaire (//foutoir belge) qu'ils vivent globalement comme une menace pour leur identité. -
Tiphaine
Ben, la phrase de Debray ne m'aurait pas fait bondir...
J'avais une prof de Français en 3ème (début des années 90) qui, découragée, a déclaré un jour : "Vous avez peur d'être intelligents mais vous n'avez pas honte d'être bêtes..."
Ca m'avait fait chaud au coeur.
A défaut d'être rassurant.
Quant à ce cher Voltaire, il n'en avait pas moins de lucratives actions sur les bateaux négriers en partance pour les Amériques... -
JR
Pourquoi n'y a t il pas de référence explicite au mythe du bon sauvage?... -
Patrice Guyot
Voici l'avis d'un "petit bonhomme" de l'image, Peter Lindbergh, sur ce chef d'oeuvre
L’opinion de Peter Lindbergh dans "Madame Figaro" (désolé)
Le site de Peter Lindbergh pour ceux qui ne connaîtraient pas le bonhomme.
Au fait, maître Korkos, il en pense quoi d'Avatar ?
*** -
Nicolas Coupannec
Je suis tout à fait en phase avec les propos de Rafik Djoumi. J' ai parfois l' impression que le snobisme empêche de voir les qualités artistiques des productions hollywoodiennes sur-médiatisées. Pour moi, Avatar est une fête pour l' imaginaire et son visionnage m' a apparu comme une expérience poétique intense. Par les merveilles de la technique d' animation de ce film, nous nous projetons dans ces corps merveilleux. Cette expérience correspond à un désir profond de l' humain de sortir hors de soi et de se transcender. Est-ce une bêtise désirable que la communion avec la nature ? Je ne le crois pas. L' idée même de la nature et du mystère de sa création amène l' homme vers de sublimes hauteurs. Il s' agit de ressentir "la douce pulsation de l' Infini" qu' évoque le poète allemand Novalis devant un tel spectacle.