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Francès Pérance
Et pendant ce temps là : "Durant la dernière nuit de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale, le 23 juillet, les députés de la majorité ont définitivement enterré la définition de la durée du travail des salariés"
Comment Sarkozy a effacé 90 ans d’acquis sociaux
"...En une petite heure à peine, les débats sont clos, après que le texte du projet de loi "portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail" est adopté...Pourtant, l’article L3121-38 précise bien que "la durée de travail de tout salarié peut être fixée par une convention individuelle de forfait en heures sur la semaine ou sur le mois." Cette simple mention ouvre la porte à la remise en cause de toutes les conditions de travail dans les entreprises. La date a même été fixée, au 1er janvier 2010, qui obligera toutes les entreprises à renégocier des accords..."
"...Le président de la République a cependant peut-être fait le plus beau cadeau à son opposition avec sa réforme récente de la Constitution. Le référendum d’initiative populaire peut devenir l’arme avec laquelle les contestataires parviendront à renverser la vapeur. Pour peu qu’un cinquième des élus propose l’abrogation de ce texte, en étant soutenu par quatre millions d’électeurs et la loi pourrait être annulée ! " -
michel
Bonjour les michels et michelines,
je passais juste pour passer mon engouement personnel au 35Heures, qui semble n'être partagé vraiment par pas grand monde... Je suis affligé par mes propres amis et ma femme d'ailleurs qui pensent de mèche que les 35H sont une conneurie !
Leurs arguments sont surtout basés sur :
- à cause des 35H, je gagne moins que si j'en travaillais 40
- à cause des 35H, on a rien résolu, pas plus de boulot, et on a mis un maximum de société dans la merde.
Malgré tout ce qui a pu arriver de bien ou de mal avec cette réforme, il est un seul point positif que PERSONNE ni notre cher président ne peut nier, est que l'on gagne toutes les semaines 4heures à buller avec ceux qu'on aime. Etant de nature à pouvoir me passer sans problème de travailler dans la vie, cette réforme est une des plus belles réformes du 20ème siècle, soit d'accorder plus de temps à vivre, tout simplement.
Et c'est déjà un joli combat. -
sspicco
J'ai une solution radicale pour luter contre " l'invasion" des ingénieurs chinois et indiens... Rétablissons l'esclavage : que les patrons fassent travailler les gens pour rien et là nous serons compétitif, ne croyez-vous pas ?
Parce que finalement, vues les conditions de travail de ces ingénieurs, à nos portes qui vont envahir notre réserve de matière grise, sont assez proche de l'exploitation et quoi de mieux que l'esclavage pour être concurrent de l'exploitation !!!
Je persiste à penser que si les 35h ne fonctionnent c'est qu'une partie de la société n'a pas jouer le jeu. Je vous laisse deviner quelle partie !!! -
delphes
moi je dis : une prime pour David T et Yannick G, ils ont largement dépassé les 35 heures sur ce forum !!! ;-) -
Oblivion
Bien le bonsoir à tous,
Je copie ici un commentaire récupéré sur le site de Marianne.
Il confirmerait ce que je crains : le gouvernement veux étendre la notion de "forfait jour" à l'ensemble
des salariés. C'est à dire déconnecter le temps travaillé du salaire. Auquel cas, ne vous fatiguez plus à parler des 35h.
S'il y a un spécialiste du droit du travail dans le coin, merci de préciser.
"A propos de ce projet, les medias et les politiques, y compris les organisations syndicales stigmatisent la durée légale du travail, les 35 H hedomadaires ainsi que les condition de comptabilisation des heures supplémentaires.
Certes ce sont des sujets que le projet intégre bien, mais comme en ce qui concerne la plupart des lois et proposition du gouvernement il faut regarder ce projet de plus haut et en même temps plus en détail.
De ce point de vue, le projet comporte trois articles remarquables :
L 3121-38 : la durée du travail de tout salarié peut être fixé, sans accord collectif préalable, par une convention individuelle de forfaits en heure sur la semaine ou sur le mois.
Article L. 3121-39 : la conclusion de conventions individuelles de forfaits en heure où en jours sur l'année est prévus par un accord collectif d'entreprise ou d'établissement ou à défaut par une convention ou un accord de branche. L'accord fixe la durée annuelle du travail à partir de laquelle le forfait est établi et prévoit les catégories de salariés susceptibles de bénéficier de ces conventions individuelles de forfaits ainsi que les modalités et les caractérisitiques principales des conventions de forfaits susceptibles d'être conclu.
Article L3121 : peuvent conclure des conventions de forfaits en jours sur l'année, dans la limite de la durée annuelle du travail applicable aux conventions individuelles de forfaits fixés par l'accord collectif :
2 ° les salariés dont la durée du temps de travail ne peut être prédéterminée et qui dispose d'une réelle autonomie dans l'organisation de leur emploi du temps pour l'exercice des responsabilités qui leur sont confiées
La constante de ces articles est la forfaitisation des rémunérations qui autrefois reservés à certaine fonctions, a vocation à pouvoir s'appliquer à tous salariés.
Loin d'être accessoire ou un banal élément de futures négociations syndicales, il sagit de d'introduire la deconnexion des heures de travail effectives du salaires payés.
Si cette déconnexion est réalisée les employeurs pourront proposer un salaire à la semaine ou au mois ou à l'année sans autres forme de procés dont les heures de travail supposées seront déterminées par avance par l'employeur selon ce qu'il estime être le temps de travail necessaire à l'execution du travail confié.
C'est le début de la fin annonçée de la mesure du temps de travail et de la notion même de temps de travail au profit d'un salaire forfaitaire proposé, à prendre ou à laisser.
Ce que l'histoire ne dit pas c'est que cette possiblité offerte aux employeurs d'estimer le temps de travail est déja incluse dans le code du travail depuis janvier 2007, ils sont prévoyant et ont de la suite dans les idées :
Article D3171-8
- Lorsque les salariés d'un atelier, d'un service ou d'une équipe, au sens de l'article D. 3171-7, ne travaillent pas selon le même horaire collectif de travail affiché, la durée du travail de chaque salarié concerné est décomptée selon les modalités suivantes : 1° Quotidiennement, par enregistrement, selon tous moyens, des heures de début et de fin de
chaque période de travail ou par le relevé du nombre d'heures de travail accomplies ;2° Chaque semaine, par récapitulation selon tous moyens du nombre d'heures de travail accomplies par chaque salarié.
sauf que : Article D3171-9
- Les dispositions de l'article D. 3171-8 ne sont pas applicables :
1° Aux salariés concernés par les conventions ou accords collectifs de travail prévoyant des conventions de forfait en heures lorsque ces conventions ou accords fixent les modalités de contrôle de la durée du travail ;
2° Aux salariés concernés par les conventions ou accords collectifs de branche étendus prévoyant une quantification préalablement déterminée du temps de travail reposant sur des critères objectifs et fixant les modalités de contrôle de la durée du travail.
Si il y a une qualité qu'il faut reconnaitre a ce gouvernement c'est qu'il sait faire prendre des vessies pour des lanternes et qu'il sait comment faire en sorte que l'imbécile regarde le doigt au lieu de la lune." -
Cesttres
Il faut aller aux 32 heures pour créer des emplois.
Des CDD de 32 heures créeront des emplois , comme les 35 heures en ont créés 400.000 au début des années 2000.
Mais pour cela il va falloir changer démocratiquement le personnel politique actuel ! -
yannick G
les autres qui n'arrivent pas a comprendre, ils ne font pas semblant, ils n'insultent personne, et ils ne travestissent pas ce qu'ils lisent.
Comment le savez-vous puisqu'ils ne vous répondent pas. :D
Pour l'insulte, je n'apprécie pas que vous raisonniez comme vous le faites, autrement dit, l'appréciation, le qualificatif d'égotiste que j'attribue à votre raisonnement ne me réjouit aucunement, j'aurai préféré ne pas le voir poindre dans vos exemples, mais je lis mal, c'est vrai, j'oubliai, je suis un clown, tyrannique, infantile, etc...
yG -
Fantômas
Bonjour,
Il est intéressant de constater que Sarkozy souhaite conserver les 35H, tout en les contournants. Plus exactement, le Medef (les entreprises qui y cotisent) souhaite conserver les avantages des 35H, c'est à dire les subventions, en s'affrichissant du reste . On subventionnerait alors les entreprises, pour aucune raison.
Mais au sujet des 35H et plus généralement des heures supplémentaires, un buzz potentiel est passé totalement inaperçu, et c'est le moment (le dernier moment) d'en parler:
Le Ministre du Travail Xavier Bertrand est en train de remettre en cause les 35 heures dans son dernier projet de loi. Il nie cette affirmation en précisant que les 35 heures restent l’horaire de référence, et en particulier servent à déclencher le seuil de majoration des heures supplémentaires.
Rappelons-nous les propos de Nicolas Sarkozy tenus le 2 mai 2007 lors de son débat avec Ségolène Royale :
« S’agissant des 35 heures, qu’est-ce qu’on fait ? On garde les 35 heures comme durée hebdomadaire. D’abord, je suis pour une durée hebdomadaire du travail, 35 heures ! Bon ! Tout ce qui est travaillé au-dessus est payé (de) 35 (à) 39 + 25% de salaire, au-delà de 39 +50%. Je dis d’ailleurs Madame Royale, dans le privé comme dans le public. »
voir la vidéo
(début à 16 minutes et 8 secondes)
Oui oui, vous avez bien entendu. Le candidat Sarkozy annonçait le plus posément du monde (avec la voix qui va bien), dans un débat d'une grande importance qu'il allait payé les heures supplémentaires au-delà de 39 heures, + 50%.
C'est une énormité, qui n'était évidemment pas dans son programme, mais qu'aucun média, aucun journaliste n'a relevé. Plus c'est gros, plus ça passe.
Un buzz tout à fait d'actualité, qui mériterait d'entrée dans "Les belles histoires de l'oncle Nicolas", non ? -
David T
Je reponds ici au dernier message de yg qui me concernait.
D'abord, desole pour la reponse tardive, je profitais de mes conges payes... ce qui ne nous eloigne pas trop du sujet! Desole aussi par avance, je vais etre un peu long, parce que je voudrais etre precis. Je reprends un nouveau fil parce qu'au dela de mes reponses aux points particuliers que fait yg, je voudrais developper sur le fond.
Cher YG, donc, dans un debat, la seule chose interessante c'est d'arriver au moins a savoir sur quoi exactement les gens sont en desaccord. C'est pourquoi j'ai d'abord essaye de vous dire, sans succes jusqu'ici, de ne pas systematiquement vous placer sur un plan moral. Les valeurs morales sont essentielles, mais seulement une fois qu'on est alle au bout du desaccord intellectuel. Sinon, c'est une facilite qui ne fait pas avancer les choses, et la meilleure preuve en est que ca obscurcit votre lecture.
Ainsi, vous me faites le reproche de ne pas avoir mentionne les fois ou un employe depasse ses pures obligations legales. Or non seulement je n'ai parle que de ca, mais j'ai meme mentionne mon admiration pour les infirmieres qui le font quotidiennement, collectivement, sans que leurs heures supplementaires soient remunerees ou meme compensees (la loi prentend le contraire, mais dans les faits les infirmieres ne peuvent pas prendre compenser toutes leurs heures sous forme de conges sans risque pour l'hopital). Et il suffit d'avoir frequente un peu l'hopital pour savoir qu'elles n'ont meme pas toujours droit a la consideration des malades, des familles, et des medecins. Croyez moi, cette generosite la ne passe pas inapercue en ce qui me concerne.
Mais je ne m'en suis pas tenu la. Je vous ai dit precisement dans quelles circonstances generales le fait d'aller au dela de ses obligations legales est legitime. Et ce n'est pas parce que j'en appelle a la generosite des employes que je suis alle jusqu'a dire aussi que c'etait generalement le cas dans une relation de travail saine et normale entre un employeur et ses employes. Je vais donc redire cela en essayant d'etre plus precis, et ca va me permettre j'espere d'aller au fond des choses sur les 35h elles-memes.
D'abord je veux distinguer ici l'ideal et le reel, puisque pour paraphraser jaures, il s'agit de viser le premier, et pour cela de comprendre le second terme. Dans ma conception de l'ideal, le travail n'est pas uniquement, ou plutot ne devrait pas etre du tout, une penible obligation a laquelle il faut malheureusement se soumettre mais dont il faudrait arriver a se passer. Au sens le plus large, mais aussi le plus vrai, du travail, rien de ce qui est bon, rien de ce qui est beau, rien de ce qui est agreable a l'homme n'existe sans travail. C'est parce qu'on s'arrache les cheveux sur un texte philosophique difficile qu'il est si bon de finir par le comprendre. C'est parce que des l'enfance il a longuement fait des gammes, eventuellement sans aucun plaisir et force par ses parents, qu'un grand pianiste vous arrache une emotion qui vous submerge. Plus prosaiquement, c'est parce qu'il a bien travaille a l'ecole qu'un enfant peut s'arracher a son milieu, aux eventuels prejuges de sa famille et de son milieu, et plus generalement a sa condition. Mais pour autant je ne fais pas du travail une "valeur", parce que le travail reste un moyen, pas une fin en soi. Il y a de la place dans mon ideal pour les contemplatifs, pour les flaneurs et les promeneurs, car la seule fin qui soit une valeur, c'est l'individu et ses aspirations. Si j'ai de la gratitude pour les grands penseurs de la gauche a travers lesquels j'ai acquis une conscience politique (je sais que vous me trouvez indecrotablement de droite, mais d'une part ce n'est pas ce que je pense de moi-meme, et d'autre part on n'est jamais aussi fidele a ses maitres que quand on les trahit puisqu'un bon maitre est celui qui vous apprend a penser par vous-meme), c'est pour avoir place au coeur de leur pensee la magnifique idee d'emancipation. Dans mon ideal, et je crois pouvoir dire sans me tromper dans celui de marx, de jaures, de sartre et de quelques autres, la societe doit pouvoir offrir a chacun (a chaque-UN) la possibilite de realiser ses aspirations les plus profondes, quelles qu'elles soient. Cela suppose que chacun soit pleinement libre de definir ses aspirations, de faire des choix en en maitrisant toutes les consequences, et de travailler pour les realiser.
Cet ideal est, je vous l'accorde d'avance, different de l'ideal d'egalite materielle que de nombreux partis de gauche mettent en avant. Les inegalites qui me choquent moi ne sont que celles qui rendent impossible pour les moins bien lotis la possibilite meme de faire des choix. Mais l'inegalite materielle en elle-meme ne me choque pas. Pour le dire autrement, j'ai eu le privilege de pouvoir faire des etudes poussees, qui ouvrent de nombreuses portes. Je gagne correctement ma vie, mais j'aurais pu faire le choix comme d'autres avec qui j'ai etudie, de gagner considerablement plus d'argent en choisissant une autre carriere. Si je n'ai pas fait ces choix, ce n'est ni parce que j'etais mal informe, ni parce qu'on m'a ferme les portes, mais parce que j'ai considere librement que je ne m'y serais pas epanoui intellectuellement et que je risquais de m'y perdre moralement. Donc l'inegalite entre eux et moi ne me choque en rien. Mon ideal n'est pas de la reduire par principe, mais d'etendre a tous le privilege que j'avais de pouvoir choisir.
Il s'agit en effet d'un privilege, mais pas non plus d'une exception. Un medecin qui choisit une carriere hospitaliere sait qu'il gagnera moins que dans le secteur prive; il fait ce choix parce qu ses aspirations lui font considerer cette carriere comme plus interessante, plus gratifiante, etc.. un jeune diplome est souvent confronte au choix d'integrer une petite entreprise qui lui donnera des responsabilites plus importantes, des perspectives potentiellement interessantes, mais une remuneration plus faible et une demande d'investissement personnel plus importante, ou bien une grande entreprise ou une administration ou il aura plus de securite, moins de responsabilite, et dans un premier temps au moins une remuneration superieure. On peut multiplier les exemples, dans tous les secteurs, et tous les mileux. Ce que j'essaye de vous faire comprendre en tous cas, c'est que ce qui m'interesse, ce n'est pas que ces choix generent des inegalites de fait, c'est que certains n'ont pas le choix. Voila pour moi la vraie injustice et la vraie alienation. Parce qu'ils ont ete mal informes, parce qu'ils n'ont pas pu beneficier de la bonne education, parce qu'ils n'ont pas les bonnes relations (ce dernier point est particulierement vrai en france qui est reste un pays de castes professionnelles fermees les unes aux autres et qui s'auto-reproduisent), voire parce qu'ils n'ont pas le bon accent ou le bon nom de famille, c'est la possibilite meme de faire un choix qui leur est fermee.
Alors voila la premiere reponse: pour quelqu'un qui a pu faire des choix, ou meme pour quelqu'un qui peut encore en faire aujourd'hui meme s'ils sont limites, si a un moment de sa carriere aller au dela de ses obligations legales va dans le sens de ses aspirations (parce qu'il veut faire des heures supplementaires pour gagner plus, parce qu'il veut etre augmente, parce qu'il veut etre promu, parce qu'il aime ce qu'il fait tout simplement, parce qu'il prend plaisir a rendre service, ou pour toute autre raison librement assumee), je trouve juste et normal qu'il ait la possibilite de le faire, et indecent qu'on la lui refuse. De quelqu'un qui ne peut realiser aucune aspiration par son travail, je n'attends aucun zele, meme si j'attends parfois un peu d'humanite. C'etait le sens de mes exemples: les employes de guichet dans les grandes administrations n'ont presque aucune possibilite d'avancement; leur zele n'est recompense par rien, et leur travail est difficile et peu gratifiant en lui-meme. Je suis scandalise a la fois qu'on les engueule, mais plus generalement par le mepris social dont ils font souvent l'objet (moqueries et autres...). Traiter de faineants des gens dont jamais le zele ne sera recompense, et que personne ne remercie jamais, c'est n'avoir rien compris du moteur des hommes. Mais c'est vrai, c'est mon petit cote moraliste, meme cette alienation si fondamentale qui est la leur ne justifie pas a mes yeux qu'eux-memes traitent mal le prochain que le hasard a place devant eux quand il est demuni. Et c'est vrai qu'a chaque fois que je suis dans la salle d'attente d'une prefecture ou d'une mairie, je tue le temps en observant en moraliste ce concentre d'humanite: la rencontre entre des employes au travail ingrat qui ne disposent que d'un pouvoir de nuisance, et de toute la societe puisqu'il faut toujours se deplacer personnellement pour rencontrer l'administration: l'homme presse arrogant, la femme immigree qui maitrise mal le francais et se fait rabrouer injustement par ces memes employes que je plaignais la minute d'avant (parce que ca leur occasionne un surcroit de travail de l'aider a remplir ses dossiers!), la vieille dame demunie, le gentil etudiant qu'on a fait revenir 3 fois en lui demandant chaque fois un nouveau papier qu'on ne lui avait pas demande avant et qui parce qu'il a le luxe du temps s'en fiche, etc... C'est toujours fascinant, et ca permet aussi de ne jamais oublier que meme quand on est place dans des situations ou on n'a rien a gagner, ce qui nous arrive parfois a tous, il nous reste la possibilite fondamentale de choisir entre le bien et le mal. Vous avez raison d'objecter a l'exemple que j'ai donne qu'on peut projeter de bonnes raisons pour la guichetiere qui refuse d'aider la vieille dame, a condition qu'elle lui parle convenablement, qu'elle lui dise tout simplement qu'elle est desolee de ne pas pouvoir l'aider mais qu'elle aurait bien voulu, seulement voila ce n'est pas ce qui s'etait passe. Pour finir sur ce point et revenir a mon premier exemple, que l'ecrasante majorite des infirmieres fasse le choix d'un zele qui n'est pas ou mal recompense, c'est a la fois beau et tres encourageant pour l'humanite: parce que de leur zele dependent des etres humains souffrants, elles en font spontanement et collectivement!
Voila pour l'ideal, et pour les valeurs. "Egotiste", dites-vous... vous etes evidemment libre de vos jugements, mais il serait bon de les lier a ce que je dis, plutot qu'a des interpretations fantasmagoriques. Et si un doute vous etreint, vous pouvez aussi me poser la question plutot que de me preter par avance et par principe des idees et des propos qui ne sont pas les miens.
Reste le reel de la loi sur les 35h elle-meme. D'une maniere qui me parait symptomatique, vous niez que l'evaluation en soit necessaire, sous le pretexte que vous m'autoriserez a trouver fallacieux que les precedentes lois sur le temps de travail n'ont pas ete evaluees. Avec ce genre de raisonnements, inutile d'evaluer les lois du gouvernement actuel sur le temps de travail, contentons nous de revoir la millieme edition du debat entre un representant autorise de la "gauche" qui criera au scandale et un representant autorise de la droite qui criera encore plus fort que les 35h ont devalorise le travail et rendu les francais faineants, ou je ne sais quelle autre absurdite non mesurable. Au passage, autre symptome interessant, vous avez bien retenu que j'avais des doutes sur cette loi, qui date d'il y a 10 ans, mais les objections que j'ai sur les lois actuelles, qui sont le sujet politique du jour, ne vous interessent pas.
Alors, puisque les outils n'existent pas, je vais me contenter de dire ce qu'ils auraient pu etre, et pourquoi ils me paraissent necessaires a travers quelques hypotheses qui evidemment ne demandent qu'a etre discutees
Il y avait 4 parametres a evaluer pour cette loi telle qu'elle a ete votee et mise en place (on aurait pu imaginer une autre loi, mais c'est celle la qu'il s'agit de discuter bien entendu):
- l'impact sur le temps de travail, et plus generalement sur l'equilibre travail/vie privee des salaries concernes
- l'impact sur la croissance economique
- l'impact sur les salaires
- l'impact sur le budget de l'etat (qui pose la question de savoir si cet argent aurait pu etre mieux employe ailleurs)
1- sur le temps de travail:
3 situations distinctes: le cadre qui a beneficie de jours de RTT; l'employe dont la duree hebdomadaire de travail a ete reduite; et l'employe dont le temps de travail annuel a ete reduit mais dont on a annualise le temps de travail.
Pour les cadres, l'impact est evidemment et largement positif; pour les employes de la premiere categorie, il est simplement positif; et pour les employes de la seconde categorie, je n'en sais rien, j'imagine que ca depend. Et j'ai la faiblesse de croire qu'il serait utile de savoir avec precision combien de personnes sont dans chaque categorie, et d'etudier un peu mieux que par de vagues sondages un peu debiles l'impact reel sur la vie de famille et les conditions de travail des employes de la seconde categorie. Ca n'etait surement pas insurmontable.
2- sur la croissance economique
Dans un pays ou le taux de chomage atteignait a l'epoque plus de 10%, il est assez douteux de penser que limiter la duree de travail hebdomadaire a pu freiner la croissance, d'autant qu'elle a ete elevee a cette epoque. Une entreprise croit parce qu'elle gagne des marches, pas parce que ses salaries travaillent plus s'ils n'ont pas de marche a developper.
cela dit, on ne peut pas en rester la et il faut aller dans le detail. Si vous etes un salon de coiffure avec une unique employee qui doit travailler 4h de moins, et que vous devez fermer votre salon 4h de plus dans la semaine, il y a forcement un impact. Bien sur, s'il y avait des heures creuses avant la loi, certains clients pourront y deplacer leurs rendez-vous, mais dans le cas contraire cette entreprise y perd. On peut generaliser: pour une petite entrerprise dont le chiffre d'affaires depend en partie des horaires d'ouverture, la loi a pu etre penalisante. Je pense que l'impact global de ce phenomene est limite sur l'economie en general, mais d'une part je comprends qu'il ait pu etre difficile pour des individus dont les difficultes sont aussi respectables que d'autres, et surtout la encore j'aimerais avoir les moyens de le quantifier.
Inversement, une entreprise disons de communication n'a subi en pratique aucun impact lie aux 35h. Ce n'est pas parce qu'un "creatif" a 10 jours de RTT de plus par an qu'il aura moins d'idees a vendre a ses clients! Ces entreprises ont eu des employes plus heureux, et des aides de l'etat qui etaient presque un pur cadeau. Pour celles-la, et plus generalement partout ou la productivite n'a pas grand chose a voir avec le temps de travail, l'impact n'a pu etre que positif, et il a sans doute pu etre tres positif.
Reste a savoir si l'objectif etait de favoriser cette derniere categorie d'entreprises au detriment de la premiere...
Quoi qu'il en soit, certaines entreprises ont pu soufrir, d'autres non. Si ce sont des entreprises a faible marge, certaines ont meme pu fermer. Mais toutes ont beneficie egalement d'aides de l'etat. Est-ce que ces aides ont compenser efficacement, et la ou c'etait necessaire, les impacts negatifs de la loi, je m'autorise a en douter pour cette seule raison qu'elles ont ete distribuees sans tenir compte des situations effectives qu'il s'agissait soi-disant de compenser!
3- sur les salaires
Il faut comprendre comment se fixent les salaires pour repondre a cette question. Schematiquement, il y a deux categories d'employes en fonction de leurs qualifications: ceux qui sont sur un marche du travail ou la main d'oeuvre est excedentaire, et ceux qui sont sur un marche du travail en penurie de main d'oeuvre. Et il y a deux types d'entreprise par rapport a ces marches du travail: celles qui recrutent sur un marche ou elles sont en competition avec d'autres, et celles qui sont dans une situation de monopole (eventuellement de monopole local).
- La main d'oeuvre excedentaire confrontee, que le marche soit competitif ou monopolistique, sera payee globalement au SMIC ou pas loin, donc l'impact des 35h pour leurs salaires n'existe que dans la mesure ou on pense que le gouvernement aurait davantage augmente le SMIC sans les 35h. C'est difficile de savoir ce qu'il en est!
- La main d'oeuvre en penurie sur un marche competitif (par exemple les creatifs du premier exemple, certaines categories d'ingenieurs, etc...) a un salaire qui est grosso-modo le salaire maximal que l'entreprise qui l'embauche peut se permettre de lui donner pour qu'il ne parte pas chez la concurrence. Ce salaire maximal peut etre abaisse s'ils doivent travailler moins, mais uniquement de maniere tres marginale, et mon hypothese c'est que l'impact est presque nul.
- La main d'oeuvre en penurie sur un marche monopolistique (par exemple re-les infirmieres) est payee au salaire minimal qui fait qu'elle ne preferera pas faire carrement autre chose ou rester chez elle. La ou les gains de productivite ne peuvent pas compenser la reduction du temps de travail, il est probable que cette categorie de salaries a ete moins augmentee ces dernieres annees en partie a cause des 35h.
Dans tous les cas il serait utile pour la reflexion d'analyser l'evolution des salaires selon les types de marche du travail afin de valider ou d'invalider ces hypotheses, et donc de connaitre l'impact reel de la loi sur les salaires, au niveau ou ca a un sens de l'evaluer.
4- sur le budget de l'etat
15 milliards d'euros par an, c'est une somme considerable. Vous pourriez me dire que vous auriez prefere que ces aides n'existent pas, il m'arrive de le penser, mais d'une part nul ne sait quel aurait ete l'impact des 35h sans ces aides, et d'autre part il faut evaluer la loi telle qu'elle est s'il s'agit de la juger, pas telle qu'on pourrait la rever. Evidemment, pour savoir si cette somme a ete bien employee, il faudrait avoir des reponses sur les points precedents. Or on ne les a pas, et c'est bien le probleme.
Pour resumer, si je dois juger la loi sur les 35h, je veux d'abord souligner, et c'est important pour moi, que ca n'a pas de sens de la juger dans l'absolu, independemment de ses effets reels, parce qu'on imagine pour les uns que c'est le sens de l'Histoire, ou pour les autres que c'est un signe de decadence. Je sais dans quel monde je veux vivre, et la seule question qui doit m'interesser c'est de savoir si cette loi m'en rapproche ou m'en eloigne. Et pour toutes les raisons qui precedent, je dis que malheureusement c'est presque impossible d'en juger. Mais j'ai aussi fait quelques hypotheses: que l'impact economique global a du etre globalement neutre; que l'impact sur le temps de travail et son organisation a ete tres positif pour les salaries les mieux lotis et singulierement pour les cadres, globalement positif pour une majorite de salaries, et sans aucun doute tres negatif pour certains, surement d'ailleurs les moins bien lotis; que l'impact sur les salaires a du etre neutre pour la plupart des salaries, mais quand meme negatif dans certains cas pour des raisons qui etaient previsibles au moment ou la loi a ete votee, et la encore dans un sens qui accroit les inegalites au lieu de les reduire. Cela suffit pour l'opinion que j'ai exprimee, a savoir des doutes et un scepticisme, ce qui n'est pas la meme chose qu'une franche et farouche hostilite.
Il se trouve par ailleurs que la maniere dont le debat ideologique a ete mene a ete desastreuse pour la gauche qui, et c'est ce que constate judith, est constamment sur la defensive sur ce sujet depuis au moins 5 ans. Et il se trouve aussi que de larges categories de la population (artisans, commercants, professions liberales, petits entrepreneurs, etc...) ne sont tout simplement pas concernees par une loi qui coute cher au budget de l'etat sans avoir ete evaluee, dans une periode ideologique ou il faudrait au contraire convaincre du bien-fonde de l'impot et de la depense publique en montrant clairement qu'elle peut beneficier a tous et etre efficace. Et c'est tres dommageable pour l'avenir, et meme tout simplement pour aujourd'hui ou l'opposition n'arrive meme plus a articuler cette evidence la.
Bref (facon de parler), ce qu'il manque dans ce debat, c'est que personne ne parle jamais de choses concretes et mesurables. On debat sur des pseudo valeurs et le debat oscille entre le ridicule et le derisoire. La phrase de Stiglitz est belle parce qu'elle rappelle sobrement et joliment que l'economie c'est la science des choix, qu'en posant clairement ses hypotheses tout peut se mesurer et se comparer, et que les choix restent entre les mains du corps politique. Encore faut-il, donc, que ces choix soient eclaires, assumes dans toutes leurs consequences, explicites et deliberes. -
gab
J'ai vu il y a quelque temps j'ai vu un sujet dans le 20 heures de tf1 qui se terminait en disant (à peu près):
" Les 35 heures sont entrées dans les habitudes des français. C'est une réforme qui a profondément changé la société, et à laquelle ils sont profondément attachés."
Il serait bon que les journaux et les politiques de gauche défendent des réformes populaires de gauche !
Pourquoi ne le font-ils pas ? La bataille idéologique est-elle vraiment perdue ? -
Pierre-L
Au delà du sujet des 35h, l'article soulève une juste carence du journalisme français. Vos critiques envers l'article de Martine Aubry me rappellent la couverture par Libération de l'Université d'été de la Rochelle. Leur grand article de conclusion - une pleine page bien masturbatoire- était exclusivement consacré au fait que Ségolène Royal et François Hollande s'étaient évités pendant 3 jours. Une pleine page sur les mouvements de couloirs, rien sur les débats !
On a beau jeu de railler «l'armée mexicaine» du PS après....
Concernant les 35h, elles étaient déjà dans les 100 propositions de François Mitterrand en 1981. Quand Lionel Jospin est entré a Matignon, beaucoup d'économistes au PS estimaient que maintenant il fallait passer aux 32h pour créer le choc de croissance nécessaire. Bon, on s'est arrêté à 35, c'est déjà pas si mal.
Une première observation : la méthode. Je pense que pour une réforme d'une telle importance (pour le coup, j'ose le dire, de civilisation) il eut êté préférable de passer par référendum. Au moins, ça aurait calmé les critiques de la droite qui les accuse de tous les maux depuis 8 ans mais ne les a jamais supprimées.
Enfin, la couardise des dirigeants du PS. Qu'aura le PS à défendre s'il abandonne cette lutte historique pour la baisse du temps du temps de travail, pour une autre société et l'émancipation ? Le projet d'une société organisée en vue de l'émancipation des individus, de leurs loisirs, de leur famille, où le travail n'est pas la valeur absolue qui guide l'existence humaine, si le PS ne le défend plus, qu'aura-t-il à défendre ?
Oui, on dirait que je fais un pastiche d'Utopia ? Eh, l'article se demande qui au PS défend encore les 35h ! En voilà Et ils demandent même plus.! Lisez donc alors leur contribution en vue du prochain congrès. Pour info, Utopia est un courant commun aux Verts et au PS, avec comme figures tutélaires André Gorz et Dominique Méda. Mais ce ne sont pas les derniers tenant des 32h et de la baisse du temps de travail en général au PS hein, il y a euh, et bien, euh, aussi... Le MJS tiens ! Mais c'est le MJS... En cherchant bien il doit bien y avoir quelques autres du côté du NPS et du beffroi de la Mairie de Lille. Il sera intéressant de voir comment la question sera traitée en vue du congrès.
On nous bassine avec la droite décomplexée, il serait temps que la gauche réformiste en fasse de même, et prouve qu'on peut, tout pragmatique que l'on est, proposer des vraies réformes bien clivantes. Depuis que la droite nous répête qu'on est laxistes sur la sécurité, qu'on est du côté des pédophiles, qu'on jette l'argent par les fenêtres, le PS tourne en rond en s'excusant. Ca fait rire un peu jaune mais bon... -
Oblivion
Oui, on réforme, mais non, mais oui, enfin non, mais oui :
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/social/20080601.OBS6507/devedjian_evoque_la_fin_du_systeme_des_35_h.html -
Oblivion
Ce qui m'étonne sur ce site d'ASI, c'est qu'apparemment, seule une chronique au sujet des 35h suffit.
J'en remercie grandement Judith, d'ailleurs.
Il y a parait-il des mesures gouvernementales en cours concernant le temps de travail. Si, si !
Deux syndicats très en colère, des articles de presse sur le sujet, peut-être des sujets télévisés.
Si ASI ne fait aucun article sur le traitement médiatique en cours, c'est que tout se passe à merveille
médiatiquement parlant. Tout se passe bien du côté des négociations entre les syndicats et le gouvernement.
Tout le monde peut apprendre par exemple que ce gouvernement veut permettre aux entreprises
d'allonger le contingent d'heures supplémentaires alors que c'est déjà le cas !
Personnellement, j'y verrais une forme de manipulation.
Tout lecteur du Monde, de Libération, comprend instantanément ce qu'est un "forfait heure".
Tiens, si je demande aux asinautes de me dire spontanément ce qu'est un forfait heure, cela donne ?
Or, le forfait heure va peut-être être étendu à tous les salariés.
Ce manque de pédagogie de la part des médias sur un sujet qui concerne tant de monde m'interroge.
Libé parle même d'un "forfait jour", c'est dire si eux-mêmes n'ont déjà rien compris…
Vous me direz, il est beaucoup plus important pour le français moyen de savoir si Cindy Sander
va oui ou non réussir sa carrière.
Mais, en fait, je crois que je m'énerve toute seule… En plus, grosse tarte que je suis je devrais
m'en moquer (ch'uis pas salariée). -
LionelXIII
Bonjoir,
Pour completer l'analyse de la réforme des 35 heures, un blog sur Médiapart d'un inspecteur du travail:
".../...Pendant près de cinq ans, les entreprises de la grande distribution ont payé plusieurs milliers de leurs salariés en dessous du SMIC et le gouvernement n’y a rien trouvé à redire.
.../...Car si comme on l’a vu plus haut, le ministère du travail a perçu le problème dès la signature des premiers accords de salaires de la branche, jamais il n’en a informé les services d’inspection du travail (il ne l’a fait qu’au mois de juin 2007 comme en atteste la note jointe en fin de billet), ni ne leur a recommandé d’orienter leurs actions sur cette question. Jamais il n’a alerté le ministère de la justice (et à travers lui, les parquets) sur la nécessité de poursuivre les infractions commises par les enseignes de la grande distribution.
Pourtant, outre qu’il avait suspecté la possibilité d’une pratique illégale en matière de paiement des salaires, le ministère du travail n’ignorait pas que la branche en cause faisait partie des 71 branches, dont les grilles conventionnelles instituaient des salaires minimaux inférieurs au SMIC (voir ici et là). Xavier Bertrand l’a encore rappelé à la fin du mois d’octobre 2007.
A quoi a-t-on cependant assisté en la matière ? A la mobilisation des sections syndicales des entreprises concernées, ainsi qu’à celle d’une poignée d’inspecteurs et contrôleurs du travail, qui se sont mis en rapport par leurs propres moyens (essentiellement les courriels) et ont relevé par procès-verbaux des milliers d’infractions pour non-paiement du SMIC, réprimées par l’amende de cinquième classe – 1 500 € - « appliquée autant de fois qu’il y a de salariés rémunérés dans des conditions illégales » comme le prévoit l’article R. 3233-1 du code du travail.
Entre 2006 et 2008, plusieurs dizaines de procès-verbaux ont ainsi été transmis au ministère public… qui les a classé sans suite (usant extensivement du droit qu’il détient de l’article 40-1 du code de procédure pénale) dans des proportions telles, qu’à ce jour, seules quelques uns d’entre eux conservent une chance de constituer les premiers actes de possibles (et très improbables) condamnations. Les motifs ? « Absence d’infraction », « infraction insuffisamment caractérisée » ou « affaire prud’homale » !
Le SMIC constitue pourtant une disposition d’ordre public absolu, c’est à dire ne supportant aucune dérogation et le code du travail contient bien un article d’incrimination et de pénalité à son sujet.
Reste que l’attitude des parquets est symptomatique à la fois de leur relative (à forte) méconnaissance des relations de travail et du code qui est censé les encadrer (ou n’ose plus dire les protéger), d’une part, et du mouvement d’individualisation de la justice, d’autre part (droits individuels des victimes contre procédures collectives ou liées à la défense de l’intérêt général).
.../..."
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Jean-François
La lâcheté de ceux qui devraient "assumer" les 35h est une chose. La défense du principe d'un mode de vie non entièrement consacré au travail, au "negotium" comme disait Cicéron, l'apologie donc de l'"otium", domaine des activités oiseuses et/ou oisives comme la poésie ou la philosophie, est une autre chose. Ces choses là méritent d'être rappelées, interpellées, questionnées.
Mais, par ailleurs, il faut bien dire que la lâcheté a commencé avant même le début de la première ébauche de cette réforme. Le principe en était, disait Lipietz, le "partage du travail", mais rien n'était prévu, ni par Lipietz, ni par personne après lui, pour que les heures gagnées (?) soient effectivement données en partage aux sans-emploi. L'infantilisme était présent dès ce moment où les hardis réformateurs ont défié le patronat en lui accrochant un poisson d'avril dans le dos, mais sont partis en courant avant qu'il n'ait le temps de se retourner. Résultat : pour se venger des ministres de gauche qui lui avaient fait cette mauvaise blague, le patronat le plus dur (UIMM) les a brutalement pris au mot, et transformé les 35h en une réforme DU travail, la contraction du temps rendant presque logique l'intensification des tâches, des contrôles, la fixation d'objectifs plus "stimulants", et la compétition organisée entre les collègues. Sous prétexte, pas complètement fallacieux, de gagner en "flexibilité" par rapport aux carnets de commande, c'est en rigidité que cette nouvelle règle du jeu a fait gagner l'organisation du travail au quotidien.
Si la "valeur travail" a de fait perdu toute signification, c'est parce que les "objectifs", obligatoirement consensuels, ont remplacé le traditionnel affrontement entre l'esprit d'entreprise et le métier, entre l'amour individuel du travail bien fait et le sens des solidarités, qui permettait à la lutte des classes d'avoir une autre gueule que de cette harassante mesquinerie qu'elle est devenue.
Ceux des fonctionnaires qui déjà bénéficiaient d'une distribution du temps particulière n'ont pas vraiment pu comprendre ce que la réforme devenait dans les "boîtes" où les travailleurs sont piégés. Les cadres s'y sont retrouvés pressurés en échange des RTT, certes confortables pour ceux qui ont les moyens de s'offrir leurs loisirs favoris. Mais pressurés quand même, par des systèmes d'évaluation aux critères obscurs ou sans cesse réévalués à la hausse, jusqu'au suicide pour certains. Et pour les travailleurs revenus à des formes de travail selon des formes hyper-tayloristes, comme ceux des centres d'appel ou de la restauration rapide, les 35 heures sans quasiment le moindre quart d'heure de pause sont devenues le prétexte à faire surveiller l'homme par la machine, lâcher les cheffaillons comme on lâche les chiens, et mégoter sur la pause cigarette, entretemps devenue, par les vertus d'un hygiénisme pesant, quasiment un signe d'inadaptation sociale.
Il faut comprendre ce que signifie le désaccord entre Devedjian et Sarkozy : Sarkozy est moins idéologue, sur ce coup, plus pragmatique. Renoncer aux 35 heures, c'est renoncer à toute une aubaine, en termes de gains de pouvoir despotique (on dit "managérial", en novlangue) pour la "structure" (ainsi nommée par antiphrase, la novlangue, toujours, parce qu'elle est le lieu de la remise en désordre permanent, lui-même désigné comme "Le changement", variante intra-entreprise de "La réforme" au niveau étatique ou continental ). Tandis que rallonger la durée légale du travail risque de ne produire qu'un affrontement potentiellement révolutionnaire, précisément parce que "la gauche" s'est couchée, honteuse à juste titre de sa mauvaise réforme, autant que de l'avoir si mal défendue, depuis le début, d'atermoiements en acceptation de la voir vidée de son contenu, sous prétexte que les vidangeurs étaient les "partenaires sociaux" signataires. Comme en 68, il faudra bien sûr déborder les syndicats, et non pas les suivre. Car eux aussi ont offert dès le début de la réforme des 35h les bâtons pour être battus. -
la femme à la guitare
Je vais peut être enfoncer une porte ouverte en disant ceci:
Depuis les 35h j'ai effectivement 4 petites heures de loisir en plus par semaine, et c'est chouette!!!!!
Mais j'ai ausi l'impression que ce temps réduit me donne plus d'efficacité dans mon travail... Je suis moins fatiguée, mon planning est plus souple et je suis donc plus détendue pour supporter les aspects difficile de mon travail.
Je suis infirmière, depuis 11 ans, fonctionnaire. Et je n'ai pas souvent le temps de boire un café sur mon temps de travail... Je courre beaucoup mais je le veut bien car j'ai la chance d'avoir un métier très riche et une rencontre tout ce qu'il y a de plus humaine avec l'autre...
Il faut être reposée et ressourcée dans sa vie exterieure pour tenir le coup à l'hôpital. Etre efficace c'est pour moi être recéptive aux mains et perches tendues des patients... Etre disponible à recevoir leurs peurs et leurs angoisses... C'est inquantifiable en matière de "rentabilité" productivité" etc... Mais j'ai l'impression d'avoir gagné avec ces 35h en qualité de vie et de travail... A la fois!!!!!!!
Et oui!!!!
Céline -
Juléjim
Coup de chapeau à Bernard Maris, l'un des rares économistes à ne pas manier la langue de bois... et à considérer que la philosophie est aussi importante que l'économie, pour penser/panser nos vies :
extrait : "...[Pourquoi sommes-nous prisonniers de la vie ? Pourquoi sommes-nous prisonniers d’une vie où le capitalisme nous tue, de façon assez brutale d’ailleurs ? Avec le recul, je pense que le capitalisme est diabolique : la preuve, les Glucksman, ces "maos" qui en sont à clamer que Sarko est situationniste (sic, sur Inter).
Le capitalisme est diabolique et pervers (ce qui est un peu la même chose). [large]Voilà ce que j’aimerais creuser dans un bouquin ! J’ai déjà posé la question à des potes : qu’est-ce que le mal ? Oui, qu’est -ce que le mal ? Arriver à 60 balais et tout à coup se poser la question : qu’est ce que le mal ?[/large]]" -
JUSTIN COLBART
Magistral. Merci Judith ! -
Balthaz
histoire de remettre les pendules à l´heure :
http://www.dailymotion.com/related/6733380/video/x17h9y_sarkozy-vs-strauss-khan_news