L'immobilier rêvé de M6 et TMC

Sherlock Com' - - Plateau télé - 13 commentaires

Si vous avez des garants, c’est le moment de les appeler. Depuis la rentrée, TMC diffuse L’Agence, un programme de télé-réalité où l’on suit une famille spécialisée dans la vente de biens immobiliers de luxe. Comptez 4 millions d’euros pour un appart de 150m² (certes, avec un peu de vis-à-vis) ou 15 millions pour un château à 50 km de Paris (mieux, mais un peu loin des commerces). Pas vraiment dans vos prix a priori, mais au moins, ça change des petites annonces publiées par M6 depuis 2006. Oui, quatorze ans que Stéphane Plaza essaye de nous projeter dans des maisons et des appartements couleur taupe, avec les meubles de mémé repeints en blanc. Quatorze ans, et des audiences toujours au rendez-vous. Mais qu’est-ce qui pousse les téléspectateurs à en regarder d’autres en train de galérer avec leur prêt relais ? Plongée dans un genre télévisuel spécialisé dans les faux-plafonds et les faux-semblants.

On a eu un vrai coup de coeur.

Enfin, plusieurs...

Bref, on va déménager.

Jeudi 8 octobre, TMC diffusait les deux derniers numéros de sa nouvelle émission de téléréalité. Baptisé L’Agence, ce programme suit le parcours étonnant d’une famille qui s’est spécialisée dans l’immobilier de luxe. Olivier, Sandrine, Valentin, Martin et Louis travaillent tous ensemble pour trouver des biens d’exception pour leurs clients fortunés.

Une famille un peu hors norme qui travaille dans des bureaux hors norme...

Toujours dans la bonne humeur....

Même si certaines périodes de tension nécessitent une petite pause sur l’herbe…

Ou dans une piscine gelée...

De quoi repartir de bon pied pour une journée de travail, assis sur la balançoire d’intérieur...

Si la réponse est oui, l’affaire est conclue avec le même rituel… un gong (véridique).

Une famille hors norme donc. Pour des clients qui le sont tout autant.

On y a croisé Fabrice Luchini (en pleine visite avec un casque 3D)

Un client qui visite une villa avec un salon de 150m² (“C'est très beau, mais c'est petit")

Des clients d’exception, pour des biens d’exception. Comme ce château, mis en vente par un célèbre décorateur pour la modique somme de 15 millions d'euros.

Un bien entièrement refait à neuf avec des textes de Ronsard comme papier peint...

Ou ce gigantesque hôtel particulier avec une moto sur le palier. “Si même la moto sur le palier, ça lui fait quelque chose, ça sent quand même le gros coup de coeur”.

Composé de 5 épisodes, ce programme permet donc de suivre la famille parfaite faisant visiter des lieux parfaits. Un programme sur lequel TMC a beaucoup misé (ce qui explique la présence de la famille chez Barthès).

L’enjeu pour TMC ? Réussir enfin sur le créneau très porteur du programme immobilier. Juste avant la crise du Covid, la chaîne du groupe Bouygues avait fait une première tentative avec une matinale de télé-achat immobilier baptisé Carrément biens.

Le programme n’a pas survécu à la crise du Covid et TMC a donc fait appel à Réservoir Prod (Lagardère) pour produire L’Agence. Reservoir Prod ? C’est le spécialiste des émissions d’immobilier à la télévision depuis le lancement, en 2006, des programmes de Stéphane Plaza, Recherche appartement et Maison à vendre

Plaza, le magnat de l'immobilier

Ah, Stéphane Plaza ! Quatorze ans de location et de vente d’apparts dans des formats d’émission toujours plus variés. Aux traditionnels Recherche Appartement et Maison à vendre, se sont ajoutés ces dernières années, Bien chez soi (pour de la déco), La meilleure offre (avec Julien Courbet) et la quotidienne Chasseurs d’appart'.

Des émissions dont la particularité est d’être totalement intemporelles et donc multi rediffusées (en moyenne une dizaine d'heures par semaine). A peine répétitif. Car la recette Plaza est la même depuis quatorze ans. 

Dans Maison à vendre par exemple, l'animateur débarque chez des propriétaires qui ont du mal à vendre leur bien. On y croise des retraités étranglés par un prêt relais, des frères et sœurs qui doivent vendre la maison de leur mère atteinte de la maladie d'Alzheimer et qui ne s'en sortent plus. Le but est de transformer des maisons vieillottes pour “les remettre au goût du jour” et ainsi pouvoir les vendre. 

Et pour aider ces personnes en difficulté, le scénario est toujours le même : dès l'entrée, Plaza multiplie les remarques ironiques sur les intérieurs vieillots…

Il revient quelques jours plus tard déguisé en n'importe quoi...

... pour commencer les travaux.

Et les travaux, ce sont toujours les mêmes. La cuisine marron...

... est repeinte en gris...

Du marron, au gris. Du marron, au gris. Si vous avez compris ça, vous pouvez travailler pour M6.

Et bim, la maison est vendue ! Un vrai carton télé depuis quatorze ans. Alors M6 a poursuivi le filon Plaza avec une émission quotidienne, Chasseurs d'appart.

Le principe ? Trois agents immobiliers s’affrontent, pendant une semaine, pour dénicher des biens immobiliers à des clients exigeants (le tout, commenté par Plaza, en plateau). L’occasion de visiter de belles pièces, dans lesquelles on peut davantage se projeter que dans les grands salons du château de TMC…

De belles pièces ? Oui, parce qu’il ne s’agit pas de visiter des logements HLM. Regarder des gens en difficulté, visiter des appartements miteux, ce n’est pas trop le concept. Sur les 14 émissions que nous avons regardées et qui ont été tournées à Brest, Besançon et Avignon, on a été frappés par la profession des clients : “cadre bancaire”, “commercial”, “conseiller en assurance”, “chef de publicité”, “assistante de direction”, “dirigeante d’une société”, “vétérinaire”. A l’exception d’un couple d’infirmier et d’une assistante maternelle vivant seule avec ses enfants, tous CSP+.

C’était déjà le constat fait en 2018 par Jean-Laurent Cassely, journaliste et essayiste, qui collabore notamment à Slate. A l’époque, Cassely avait regardé 40 numéros de Chasseurs d’appart' (score à battre, on s’incline). Il en ressortait que “l’écrasante majorité des candidats se recrute au sein de deux grandes familles de professions. D’abord, les cadres supérieurs et professions intermédiaires du privé [60%], puis les cadres et professions intermédiaires de la santé, du secteur public et du social [25%]."

En revanche, aucun représentant ou presque des classes populaires, ouvrier par exemple. Et on comprend pourquoi, ce sont des émissions où le téléspectateur doit un minimum se projeter. On rêve rarement de vivre à cinq dans un deux pièces. C'est toute la différence avec Maison à vendre  le profil des propriétaires est beaucoup plus varié. À chaque émission sa CSP donc. 

Des émissions d'agents immobiliers

En moyenne, un téléspectateur de M6 peut donc regarder une dizaine d'heures de Plaza par semaine. Une dose suffisante pour être hyper calé sur l'immobilier ? Pas vraiment. Dans ces émissions, il y a finalement très peu d'informations sur le secteur. Dans Maison à vendre par exemple, il y a bien des mini-tutos. Prêt relais, estimation du bien, taux d'intérêt : Plaza expose rapidement les conditions de vente.

Mais les quelques conseils éco sont expédiés. C’est d'ailleurs la principale caractéristique de toutes ces émissions de M6 et TMC : les problématiques immobilières sont peu présentes. Voire carrément absentes. Par exemple, la question des discriminations est absente dans le monde merveilleux de l’immobilier de Stéphane Plaza alors qu'elle est si présente au quotidien (discriminations à la location, discriminations au crédit bancaire).

Et vous savez pourquoi ? Parce que toutes ces émissions ont beau avoir des formats différents, elles ont un point commun : ce ne sont pas des émissions sur l’immobilier, mais sur les agents immobiliers. Plaza est la star des programmes de M6 (au point d’avoir développé son propre réseau d’agences immobilières à son nom), la famille Kretz est bien évidemment la star de L’Agence de TMC. Et dans Chasseurs d’appart', les agents ne sont pas de simples agents immobiliers… Prenez Sakina, de Brest : “l’immobilier, pour elle, c’est une vraie vocation”, explique la voix off car “la magie de l’immobilier, c’est un vrai moteur pour elle”. L'agent confirme : ”On est vraiment là pour aider les gens et les accompagner”. Et pas pour encaisser des commissions. C’est pareil pour Mélanie, de Brest :“Je prends tellement les projets de mes clients à cœur, qu’au bout d’un moment, souvent, ça devient mes amis”. Quant à Maryline d’Avignon, elle “a ce côté protecteur qu’ont toutes les mamans”. Des amis, des mamans, de la solidarité, c'est ça, le rôle d'un agent. Signez là.

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