Les flics de l'été, si loin des LBD...

Sherlock Com' - - Humour - Coups de com' - Plateau télé - 19 commentaires

A la plage, sur l’autoroute, au Nord, au Sud et même chez les tout-nus, policiers et gendarmes étaient partout cet été. Avec toujours une caméra de C8, TF1, TMC ou RMC Story derrière eux. Un genre télévisuel bien installé depuis des années, mais bousculé par un OVNI signé Arthur. En plein mois d’août, à 20h50, TF1 a consacré 3h à l’école de police de Périgueux avec six humoristes embedded. Autant de programmes qui redorent l’écusson d’une profession si décriée. Alors accrochez vos ceintures, on vous embarque (dans la com’ des forces de l'ordre).

C’est un peu comme les truffes. Il y a le flic d’été et le flic d’hiver. 

Le flic d’été, c’est d’abord un flic de plage. En août, on a pu suivre leurs aventures à Palavas (TMC), Fréjus (TFX), St-Tropez (M6), Vias (RMC Story) et même au Cap d’Agde (C8).

Un flic de plage ? C'est d'abord quelqu'un qui arrête des suspects en maillot...

Ou pas...

Un flic de plage, c'est quelqu'un de sympa. Il ramène Kevin et sa bouée à ses parents à l'heure du goûter...

Ou Petit poney égaré à l'heure du dîner...

Un flic de plage, c'est surtout quelqu'un qui résout de grandes affaires criminelles. Cet été sur TFX par exemple, il y a eu la grande affaire pomme-abricot, appelée aussi "guerre des beignets" par TFX (un vendeur s'est fait agresser par un concurrent)

Enfin, un flic de plage, c'est un personnage du genre haut en couleur. On est dans le sud, hein ! Exemple à Fréjus avec Teddy, le patron de la brigade de nuit :

“Ancien de la marine, ce dur à cuire est surnommé chat noir en référence à ses patrouilles toujours mouvementées”, nous annonce TFX.

Et il n’a peur de rien, chat noir : “Comme tous mes camarades, on aime bien les interventions un peu musclées parce que c’est notre raison d’être. Je devrais peut être ne pas le dire mais on aime quand il y a un peu de répondant en face, on se lâche un peu quoi”.

Et quand Teddy se lâche, face à des adolescents qui narguent les policiers, ça donne ça : “Arrête de ramener trop ta grande gueule parce tu commences à me gonfler toi là-bas (...) Ecoute, on va être poli, si je vais voir ton père ce soir, je pense qu’il va vite te mettre une grande patate dans ta bouche et il va faire fermer ta grande gueule, il va t’apprendre les bonnes manières”.

Ça sert à ça aussi les flics de plage le soir, à apprendre les bonnes manières aux ados à coup de “grande patate dans ta bouche”.

Et après l'action, place à la détente pour ces "policiers aguerris". En chanson :

Si ces programmes sont très installés depuis des années (le dernier article d’ASI sur ce type de reportages date de 2011 !!), c’est bien évidemment avec la bénédiction des services com’ de la police et de la gendarmerie qui autorisent ces tournages. Objectif : montrer le quotidien de patrouilles au service de la tranquillité des citoyens. Un savant mélange de testostérone et d’empathie qui rendent, au fond, ces flics plus humains. Bien loin des bavures et des LBD.

Arthur et les super flics

Mais cet été, en matière de com’ à sirène, la télé a fait beaucoup mieux avec un programme d’un genre nouveau.

Dans “Les Touristes, mission école des polices”, diffusée sur TF1 le 9 août à 20h50, six personnalités (humoristes, miss France, danseuse) ont intégré l’école de police de Périgueux, pour le meilleur et pour le pire.

Une émission présentée par...

Les touristes, mission police ? C'est un mix entre Intervilles (sans vachette mais avec des poulets) et un clip de recrutement de la police nationale.

“J’ai décidé de vous embarquer dans une aventure dingue : devenir policier en 72h, annonce Arthur en début d’émission. Et pour devenir policier, “il va falloir apprendre à gérer votre stress, vous allez devoir peut-être secourir des victimes ou même sauver des vies". 

En réalité, la première partie ressemble plutôt aux Charlots à la caserne. De l’humour bien potache…

La marche militaire ? C’est drôle…

Le stand de tir ? Qu’est-ce qu’on se marre…

Et faire son lit au carré...

Au cours de ces trois heures d’émission, on retrouve surtout l’image du flic de séries. Les “touristes” jouent à la police scientifique…

Et ils interviennent sur une prise d’otages...

A l’école des flics de TF1, tout est binaire : ce sont les méchants contre les gentils. Et les gentils, ce sont donc les policiers. Une vraie rencontre pour nos célébrités qui débriefent à la fin de l’émission, non sans une certaine émotion : “C’est une famille, c’est des frères, c’est ça qui est beau, on est un groupe”, déclare l’humoriste Arthus avant de craquer, des sanglots dans la voix : “T’as des gens qui te bouleversent, et là, c’est ça. Tous ces gars là, ils ont 20 ans et ils se sont dit, ah tu sais quoi, je vais aller prendre le risque de me faire buter pour les autres, bravo les gars”.

Même émotion pour Camille Cerf, Miss France 2015 : “C’était pas facile, j’ai beaucoup d’admiration pour vous tous et merci”.

L’autre humoriste du groupe, Cartman, a lui aussi perdu son second degré : “J’ai rencontré des gens qui ont plus de tolérance, ils vivent avec plein de milieux différents, des origines sociales différentes et tout le monde vit ensemble, avec le même objectif, c’est défendre son pays et franchement, je suis extrêmement touché, extrêmement fier d’avoir été ici avec cette bande et d’avoir pu rencontrer des gens aussi géniaux”.

Vous l’aurez compris, avec Mission école de police, TF1 remplit toutes les cases des objectifs de com’ du ministère de Castaner, même si certains syndicats ont dénoncé une première partie ridiculisant la profession. Mais pour l'essentiel, le but est atteint et le directeur de la police le résume assez bien en conclusion : “Répandez autour de vous ce que vous avez vu ici, le professionnalisme, le sens des valeurs, l’humanité. Soyez nos ambassadeurs”. Message reçu cinq sur cinq. Et devant 2,4 millions de téléspectateurs.

Une émission déprogrammée en janvier

Seul hic : cette émission diffusée le 9 août devait être diffusée le 25 janvier. Elle a été déprogrammée en raison des manifestations des gilets jaunes. “Comme c'était les touristes qui allaient à l'école nationale de police et que c'était au coeur de la polémique entre les policiers et les Gilets jaunes, on a pris la décision avec la chaîne de reporter la diffusion, ce qui était plus raisonnable", avait déclaré Arthur à l’époque.

Plus raisonnable en effet. Car TF1 est allée un peu trop loin dans son plan com’ policier. Tout était prétexte au jeu et au divertissement. Car c’est bien connu, on s’amuse bien quand on est policier. Exemple avec le jeu du “brigadier-chef Carole” : “Nous allons tester votre tolérance au gaz lacrymogène car vous n’êtes pas sans savoir que c’est un gaz auquel nous sommes souvent confrontés”.

Un jeu de lacrymo ? Trop bien ! “Vous allez aller au centre de ce cercle", précise Arthur.

"On va mettre en place un système de fumigènes, puis de lacrymogènes et la dernière personne à sortir du cercle partira avec un écusson”. Oui, l’écusson, c’est le bon point du policier. A chaque épreuve, le candidat vainqueur reçoit un écusson.

Prêt pour une franche rigolade ? Allez c’est parti…

Ouh là, ça fume beaucoup…

Tenez bon les gars, vous allez gagner un écusson…

Et le gagnant est…

Belle épreuve les gars ! Distribution de bons points...

Que des policiers s’entraînent avec du gaz lacrymo dans une école de police, soit. Mais de là à en faire un jeu… les gilets jaunes devant leur poste ont dû apprécier.

Mais ce n’est rien à côté de l’autre épreuve : la gestion de manif. Les six rigolos sont envoyés au front face à des jeunes recrues qui jouent le rôle de manifestants (en lançant bouteilles en plastique et balles de tennis).

Prêts à charger les amis ? “La ZAD de Notre-Dame-des-Landes, et bah c’était ça, c’était genre, des gars avec des foulards qui nous attendent et qui crient : "On va attaquer…”, s’amuse Cartman.

“Moi, je suis chaud comme la braise, c’est-à-dire que dès qu’on me donne un ordre, je le fais, je n’ai jamais été aussi sérieux de ma vie. En vrai, c’est la guerre à ce moment-là. Dans ma tête, je me dis : "Attention les gars”, poursuit-il.

Alors c'est parti, 3... 2... 1...

Avec notamment l'humoriste Arthus...

Une séquence d'action qui a enthousiasmé l'humoriste : “Il y a au début ce côté où on avance en tapant sur les boucliers, il y a un truc mais tellement guerrier, tellement 300. J’avais envie d’être torse-nu mais malheureusement, je n’ai pas assez d’abdos. J’avais envie d’être torse-nu et de faire “Spartiates”.

Même miss France est conquise par la séquence : “Se lancer dans la foule, se sentir puissant parce qu’on est ensemble, c’est une sensation inexplicable et que je n’avais jamais expérimentée”.

De quoi galvaniser les troupes : “Là, on était un peu en mode léger, c’est-à-dire qu’on ne s’est pas pris des cailloux et tout, débriefe Cartman. On s’est pris des balles de tennis, des bouteilles d’eau, je peux te dire que rien que ça, t’as envie d’y aller quoi, à un moment donné, t’as envie de leur dire : Non mais les gars, nous aussi; on va vous en mettre dans la tronche”.

Compris les manifestants ? On va vous en mettre dans la tronche (variante de la patate dans la bouche contre les ados de Fréjus). Des séquences indiffusables pendant le mouvement des gilets jaunes, mais était-ce plus présentable aujourd’hui ? “J’espère que ça vous a permis de découvrir un peu le quotidien qu’on voit toujours au JT et en fait, vous l’avez vu de l’intérieur”, conclut Arthur. Un quotidien de policier mais sans LBD, sans main arrachée, sans blessés éborgnés. Mission accomplie. 

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