Palmade : complotisme ordinaire sur CNews

Mercredi soir 20 novembre, 20 heures 35, la condamnation de Pierre Palmade vient de tomber. Au tribunal de Melun, l'envoyée spéciale de CNews, Célia Baroth, en donne lecture en direct, devant Pascal Praud et ses chroniqueurs. Cinq ans d'emprisonnement dont trois ans avec sursis. Et les deux autres années d'emprisonnement ? Quand ? Comment ? "Il y aura, explique l'envoyée spéciale, "un mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire".

Praud, méfiant : "cette phrase me parait contradictoire. Est- ce à dire que ce soir M. Palmade pourrait dormir en prison ?"

 "Il réside à Bordeaux, précise l'envoyée spéciale. C'est pour cela qu'il y a un mandat de dépôt à effet différé, il sera reconvoqué à Bordeaux, son lieu de résidence, mais avec exécution provisoire, c'est à dire que même s'il fait appel cette décision prendra effet." C'est donc clair, pour peu que l'on fasse l'effort d'écouter l'explication. Mais pas pour Praud. "Immédiat", "différé", ces mots dansent dans sa tête. Praud : "C'est ça qui est pas très clair".

Heureusement, le plateau regorge d'hommes de loi super pros. Georges Fenech, chroniqueur et ancien magistrat. "Le tribunal aurait pu décerner un mandat de dépôt à la barre, mais le parquet ne l'a pas demandé. Donc il a être reconvoqué à Bordeaux. D'une manière ou d'une autre il va franchir les portes de la prison." Praud, inquiet. "Mais dans dix jours ? Je ne sais pas si Celia peut nous donner des précisions." Revois ta copie, jeune Célia. Et ré-explique-nous ce que tout le monde a compris, sauf moi. Et Célia Baroth de reprendre l'antenne. Son collègue encore à l'intérieur du prétoire vient de lui envoyer des "précisions"...qui répètent exactement les précisions qu'elle a déjà données quelques instants plus tôt.

Mais de la part des chroniqueurs, s'agit-il seulement d'incompréhension, ou...ne souhaitent-ils pas comprendre ? Gilles-William Goldnadel, chroniqueur et avocat : "J'ai l'esprit taquin. Mais cette mode de l'exécution provisoire, c'est comme si on voulait montrer que finalement, dans un jugement beaucoup plus critiqué, l'exécution provisoire n'était pas unique et pouvait arriver ailleurs. Il y a une épidémie d'exécutions provisoires depuis une petite quinzaine de jours. C'est curieux".

Nous y voilà. Autrement dit, si l'on suit "l'esprit taquin" de l'avocat-chroniqueur, les juges de Melun, dans un complot corporatiste anti-RN, ont infligé à Palmade une exécution provisoire, afin de disculper leurs collègues magistrats parisiens, qui ont requis la même exécution provisoire dans la peine d'inéligibilité réclamée quelques jours plus tôt contre Marine Le Pen et les faux assistants européens du RN, au grand scandale des médias Bolloré. "J'ai peut-être l'esprit un peu tordu" consent Goldnadel. Peut-être. 

Ce n'est rien. Un quiproquo vite dissipé. Mais on vient en tout cas d'assister, chez Pascal Praud, à un micro-moment de conspirationnisme ordinaire.