NUPES, en mort suspendue

Daniel Schneidermann - - Obsessions - 225 commentaires

Ne dérangez pas les journalistes politiques, ils ont le marteau en main, des clous dans la bouche, et ils clouent. Ils clouent le cercueil de la NUPES. Ils n'en finissent pas de clouer. Depuis le 7 octobre ? Oui. Mais depuis bien avant. En réalité, depuis sa naissance l'an dernier, à cette bancroche, cette boîteuse, cette illégitime, ce fantôme, ce Monte Cristo qu'on appelle la gauche. Dégage, erreur de la nature ! T'es rien d'autre qu'un malentendu électoral, qu'une illusion opportuniste. Laisse la place aux gens sérieux qui se tiennent bien sur les plateaux, à Delga, à Cazeneuve si Delga fait pschit, à Hidalgo, auréolée de son triomphe électoral !

Depuis le 7 octobre, donc, ils tiennent leur rêve à portée de main. Stay tuned, la fin n'a jamais été si proche. Pensez donc : Mélenchon n'a pas dit "terroristes" à propos du Hamas ! Voilà bien de quoi balancer la transition écologique, le combat pour les retraites, pour le pouvoir d'achat, pour la sauvegarde des libertés, et tout le reste ! Priorité au direct, les communistes vont voter la rupture, la vraie, la franche. Pas de chance : Chassaigne freine Roussel au bord de se jeter dans le vide, et le conseil national du PCF ne parle plus que de "tourner la page". Tournons, tournons. Mais retenez votre souffle, Faure est l'invité de France Inter. Encore raté ! L'habile joue le chronomètre, et tente de s'en tirer avec un "moratoire". Re-raté. Pour l'instant. Au suivant ! Elève Tondelier, au rapport. Marine Tondelier, vous allez vraiment discuter planète avec Cazeneuve, avec le Cazeneuve de Rémy Fraisse ?

A cette heure, l'intergroupe NUPES est donc "suspendu" à l'Assemblée, pour le plus grand plaisir de la minorité présidentielle, et de ses joyeux projets de loi en attente. Suspendu, cela signifie que Faure, Tondelier et la majorité des députés communistes délèguent aux Insoumis la gestion du cas Mélenchon.

Qu'il existe un problème Mélenchon n'est pas niable.  Non pas parce qu'il tient ferme la ligne, notamment sur le Proche-Orient (voir l'Obsession d'hier), mais peut-être tout simplement du fait de l'âge. Croit-il encore à une victoire possible ? En veut-il ? Est-il encore prêt à faire les sacrifices nécessaires, à renoncer à la chaleur des manifs, à la griserie du ministère de la parole ? S'il en voulait vraiment encore, s'appuyant sur la jeune génération intersectionnelle qu'il a si bien remotivée, ne fallait-il pas consentir, si déchirant que ce soit, à sacrifier Quatennens ? Avoir eu si souvent raison contre tous ne lui donne pas la carte à vie.

Seul, le quatuor Ruffin / Autain / Garrido / Corbière ne peut rien. Seuls, les tauliers Panot et Bompard ne sont rien. La réponse est dans le collectif, dans le groupe parlementaire,  et donc, chez leurs électeurs. "Faire mieux" pour sauver la gauche, c'est maintenant ou jamais.




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