Gala Israël : des lunettes pour le préfet !

Daniel Schneidermann - - Investigations - Obsessions - 131 commentaires

A en croire les photos, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, porte des lunettes. C'est un fait. Mais peut-être est-il temps pour lui, comme périodiquement pour tous les atteints de myopie ou de presbytie, de changer de lunettes. En effet, le préfet vient de déclarer sur BFM ce 10 novembre qu'il ne "voyait pas" pour quelles raisons il interdirait le gala "Israël is forever", qui doit se tenir ce mercredi 13 novembre à Paris, "au service de la puissance et de l'histoire d'Israël".

Le préfet de police est pourtant parfaitement conscient que le gouvernement français est en désaccord avec le ministre israélien Bezalel Smotrich,  auteur de propos "condamnés par la France", qui doit participer à ce gala -ce dernier point n'étant pas certain, sous-entend le préfet qui "a compris finalement qu'il ne sera pas là"

Le préfet Nunez  n'est d'ailleurs pas le seul haut responsable atteint de myopie. Saisi en référé, le tribunal de Paris n'a pas vu non plus pour quelles raisons interdire ce gala.

Sans doute ni le préfet -problème de lunettes ?- ni les magistrats du tribunal administratif n'ont-ils lu l'enquête de Charlie Hebdo de Coline Renault, publiée le 7 novembre en "exclu Web", sur l'association Israël is forever, organisatrice du gala. Il n'ont pas lu que la présidente de l'association, Nili Kupfer-Naouri, fille du fondateur Jacques Kupfer, s'était rendue en février dernier à la frontière égyptienne de gaza, pour entraver la distribution de l'aide alimentaire ; qu'elle souhaitait "raser définitivement Gaza", afin "qu'on puisse y installer une grande réimplantation juive, si Dieu le veut" ; qu'elle s'en était pris à plusieurs reprises au grand rabbin Haïm Korsia ou au CRIF, soupçonnés d'islamogauchisme.

Sans doute le préfet n'a-t-il pas véritablement eu connaissance non plus de sa saisine par le député LFI Thomas Portes, qui cite pourtant un certain nombre de propos de Nili Kupfer-Naouri, que l'on pourrait assimiler à une apologie de crimes contre l'humanité, comme celui-ci : "il n'y a pas de population civile innocente à Gaza".

Sans doute Laurent Nunez n'a-t-il pas eu connaissance de cette interview de Nili Kupfer-Naouri du 31 mars dernier, dans laquelle cette aimable responsable associative qualifie les territoires illégalement occupés par Israël de "Judée et Samarie", appellation usitée par tous ceux, en Israël, qui refusent la résolution 242 des Nations-Unies au nom de "l'injonction divine donnée par Dieu à Abraham" de "quitter la maison de son père" et de construire des colonies, des avant-postes, des routes d'apartheid, et des check-points pour les Palestiniens. 

Le préfet est d'autant plus excusable que ces quelques informations ne lui ont -Problème de lunettes également ?- pas été rappelées par la journaliste de BFM Neila Latrous laquelle, au contraire (voir la vidéo ci-dessus) lui demande si "dans ce contexte de tensions, il est prévu de renforcer la sécurité autour des lieux de culte juifs et des écoles juives". Pas davantage par les principaux médias français, hors le site web de Charlie Hebdo.

Si une association Palestine is for ever organisait à Paris un "gala" afin de financer les activités militaires du Hamas, sans doute serait-il -heureusement- interdit dans la minute. Le gouvernement français ayant, avec constance, condamné les colonies illégales en Cisjordanie, et la loi étant égale pour tous, l'autorisation par le gouvernement du gala du 13 novembre ne peut donc être qu'un problème de lunettes. D'urgence, des lunettes pour le préfet ! 


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