Zemmour à Marseille : un long dimanche érectoral

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 117 commentaires

Et donc, après le gifleur de Macron, il y eut le doigt de Marseille. Allons enfants ! BFMTV a retrouvé la Marseillaise, qui a fait un doigt d'honneur à Zemmour, et à qui Zemmour a renvoyé son doigt, assorti du commentaire : "Et bien profond." C'est une sympathisante de La France insoumise. Enfin, disons qu'elle "se présente comme une sympathisante de La France insoumise", précise, prudente, Aurélie Casse, de BFMTV. "Votre démarche était spontanée ?" lui demande-t-on. Sait-on jamais ? Et si ce doigt était un complot digital, ourdi dans une épicerie tapie dans l'ombre par une "cellule doigt" ? Et elle : "J'ai pas réfléchi, je l'ai fait parce que c'est une personne qui me déplaît." Hélas hélas hélas : un photographe de l'AFP était là. Sur les réseaux sociaux, le doigt se dressa tout un long dimanche érectoral.

Funeste voyage à Marseille. Priorité au direct : BFMTV est à la gare Saint-Charles, pour voir embarquer le doigteur, direction Paris, protégé par un rideau de policiers, hué par quelques dizaines de militants antifas. Priorité au direct : BFMTV est à la descente du TGV, gare de Lyon, pour acter que le voyage de retour n'a inspiré au coupable pas un doigt de remords. L'émotion médiatique trace de curieuses frontières à la bienséance politique. La xénophobie, le racisme, oui. Mais dans les limites de la courtoisie, et de "l'incarnation" nécessaire !

"Un geste de racaille", tranche sur BFMTV Robert Ménard dès le dimanche soir. Car le doigt n'eût été qu'un fier doigt innocent, une provoc' décomplexée de plus, sans le contexte. Et le contexte est au lynchage, comme le résume , toujours sur BFMTV, Natacha Polony, reprenant la vieille formule de Jean-François Kahn : "On lèche, on lâche, on lynche." C'est Le Pen (Jean-Marie), menhir de sagesse infinie, qui a lâché le premier, le 16 novembre, dans une interview à Christine Clerc pour le Télégramme : "Il a brûlé ses cartes sans s'en rendre compte. Marine, elle, a du métier." Ménard, Villiers, lâchèrent dans la foulée. Depuis, tout est nul. Vous avez aimé la surprise médiatique Zemmour ? Vous allez adorer le lynchage Zemmour. "L'hommage" bâclé aux victimes du Bataclan ? Décrété nul après quelques jours de réflexion. Le procès intenté à Closer pour avoir révélé la grossesse de sa compagne Sarah Knafo ? Un scandaleux attentat contre la liberté de la presse. L'interminable suspense de la candidature (il parait que c'est pour aujourd'hui) : nul. Il est agressif. Il fait peur. Et le pire, figurez-vous : au fond, ce n'est qu'un polémiste de studio. Admirons-les, à deux doigts de découvrir qu'il est d'extrême-droite. 

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