Yves Bertrand, chef d'orchestre des complots imaginaires
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 16 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Il y avait un kamikaze dans l'usine AZF
; Pierre Bérégovoy ne s'est pas suicidé, mais a été exécuté par des "forces très spéciales"; Gaudin et Léotard ont commandité l'assassinat de la députée Yann Piat; aucun Boeing ne s'est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001: année après année, on est toujours fasciné par l'inlassable renaissance des théories du complot. Eternelle vitalité des "vous savez quoi ?", des "il parait que", des "c'est de la bombe", des "il y a de quoi faire sauter la République". Elles démarrent mezzo voce, enflent, éclatent, et retombent quelques années plus tard, en livres, ou en émissions de troisième partie de soirée. Elles ouvrent des dizaines de portes qui ne seront jamais refermées: leur nature sableuse décourage toutes les réfutations, toutes les contre-enquêtes. |
De cette prolifération incontrôlable, il arrive qu'on accuse Internet. Apparemment, on lui aurait trouvé ces jours-ci une autre source, unique, et beaucoup plus romanesque: un grand père tranquille, qui chine aux Puces, aime les chats, et affectionne les carnets intimes, l'ancien patron des Renseignements Généraux, le fameux Yves Bertrand. On lit cela dans Le Point de cette semaine, et dans un livre à paraître, de l'éditeur et blogueur Guy Birenbaum.
Vous savez quoi ? Faute de trouver le chef d'orchestre clandestin des complots, on aurait donc trouvé celui des inventions de complots. Ironie de l'histoire: il a commencé sa carrière sous un ministre de l'Intérieur pompidolien, Raymond Marcellin, resté fameux pour son acharnement à découvrir le "chef d'orchestre clandestin" des complots gauchistes. La découverte d'aujourd'hui est bien sûr intéressante. On verra bien si l'identification du chef d'orchestre suffit à faire taire la musique.