Valls : Monsieur Lumière et Madame dans les yeux
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 66 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Le malheureux ! Les médias pour lui. L'info continue qui retient son souffle
(il va parler très vite, dès samedi, et finalement non, peut-être dimanche, ou plus sûrement lundi, voilà, lundi, maintenant c'est décidé, calé, arbitré). Les sondages bidon pour lui. Bref, toute la machine à perdre pour lui, pas un boulon ne manque. Et contre lui ? Une peccadille. Trois fois rien. Un incident, une bêtise : un bilan inassumable, et qu'il va bien devoir assumer. Sans l'assumer, néanmoins. Comment ne voit-il pas qu'il va dans le mur, que le crash est écrit d'avance ? Le malheureux Manuel Valls.
"La réussite ne se mesure pas au montant du compte en banque, mais à la lumière que l'on a dans les yeux" dit Manuel Valls lors de sa déclaration de candidature à la mairie d'Evry. Il prononce vraiment cette phrase. La lumière dans les yeux : il a vraiment des nègres qui lui écrivent ça. Il va vraiment parler de lumière dans les yeux aux producteurs de lait, aux chômeurs, aux profs, aux électeurs du FN. On ne peut pas mieux dire que tout sonne creux, faux. Tout sonne com'. Le moment sonne faux (18 heures 30, pile la bonne heure pour échapper à Barthès, mais juste à temps pour capter les JT du soir). Le lieu sonne faux (Evry, son "fief", ses "terres", répètent les perroquets, "cette salle où je me suis marié" dit Valls). Le slogan est incompréhensible ("faire gagner tout ce qui nous rassemble"). Le discours sonne faux, badigeonné à la hâte d'une gauche de supermarché.Tiens, il manque un petit raccord de gauche. Attention que ça ne coule pas. La lumière dans les yeux ! Sérieusement ? La biographie sonne faux, avec cette incompréhensible tentative du "Catalan" de masquer ses origines maternelles suisses.
On ne se refait pas. Valls est né dans un dossier de com' (tout notre dossier Valls est ici). Sa baby-sitter s'appelait Arlette Chabot. Sa bouillie était composée de qualis et de quantis. Quand il eut l'âge, on y rajouta des morceaux de petites phrases. Ses parrain et marraine s'appelaient Blair et Schroeder (certificats de baptême dûment délivrés par le MEDEF). Mais drame : Valls arrive enfin à l'âge adulte en plein naufrage du social-libéralisme corrigé par la com'. Contretemps fatal.
Et l'image, ah l'image ! Monsieur Lumière et Madame dans les yeux, main dans la main, marchant vers l'horizon radieux et la salle des mariages. Et surtout, cette savante composition multiraciale où ne manque pas un continent, où tout est composé jusqu'à la position des mains -"croisées sur le devant, Mesdames Messieurs, s'il vous plait"-, et dont il est si évident qu'elle cherche à faire oublier les "white", les "blancos".
Comment Manuel Valls pourrait-il échapper au massacre promis ? Paradoxalement, par l'hostilité médiatique. Car oui, ils semblent tout prêts à le tailler en pièces. Il n'y avait qu'à entendre la dureté ironique de Sotto (Europe 1) et de Martichoux (RTL) ce matin, face à Da Silva et Le Guen, escadre vallsiste dépêchée pour porter la parole. Le tuer, pourquoi ? Ils ne le savent pas eux-mêmes. Au bénéfice de Macron, tellement plus sympa, tellement plus neuf. Ou d'un autre, que porteront les vents. Sous leur vallsobsession, sourd un désir de meurtre. Je ne pourrais pas le démontrer, bien sûr. Appelons ça de l'intuition. Bref, il peut encore tenter le coup du candidat anti-système. On n'en est pas là, mais...