Val / Lapix, la question non posée

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 113 commentaires

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Et revoilà Philippe Val. Ce matin, avec les copains Cohen et Legrand de France Inter.

Et hier soir chez Anne-Sophie Lapix qui (déjà avec le copain Cohen) recevait sur France 5 la Liberté d'Expression en personne. Plus précisément, le noble concept incarné en deux invités : Hélène Zemmour, directrice multimedia de TV5Monde, héroïne de l'attaque "d'une violence inouïe" contre la chaîne (laquelle chaîne ne semblait pourtant pas avoir opté pour des mots de passe inexpugnables) ; et Val, donc, auteur d'un livre dans lequel il pourfend la pernicieuse sociologie, qui excuse les odieux terroristes. "Aujourd'hui, quand on veut s'exprimer librement, on est sous protection. La liberté d'opinion aujourd'hui, c'est une plante tropicale cultivée dans le grand Nord".

Soudain, Lapix, sans transition : "On a reçu des membres de Charlie Hebdo, qui étaient venus nous parler de la renaissance de leur journal". Apparait une séquence de treize secondes de la journaliste Zineb el Rhazoui, où il est question de transparence et d'argent. "La transparence est un souci pour nous tous". Apparait ensuite Luz, qui se fend d'une déclaration sibylline : "on a besoin de travailler de manière collective, différemment"."Depuis, complète Lapix, il y a eu , sur l'emploi des sommes récoltées après les attentats. Ces inquiétudes sur l'argent sont légitimes ?" Val, magnanime : "Ca fait six ans que je suis parti de Charlie, je ne veux pas me mêler de ça, je ne veux pas dire quoi que ce soit qui puisse compliquer leur situation."

Et c'est tout. Pourquoi cette soudaine irruption de l'argent dans un débat de haute tenue sur la liberté d'expression ? Mystère. Les télespectateurs ne sauront pas.

Ce que ne rappelle pas la pourtant percutante Anne-Sophie Lapix, c'est qu'un groupe de onze salariés de Charlie, constitué après les attentats, réclame une redistribution des actions du journal à tout le personnel. Et pourquoi ? Parce qu'on a découvert alors les faramineux dividendes empochés en son temps par Val, notamment après les bonnes ventes de la fameuse couverture "C'est dur d'être aimé par des cons" (300 000 euros pour la seule année 2008, et 1,6 million pour tout l'exercice de son mandat de directeur, selon BFMTV). Pourquoi ces pudeurs ? La liberté d'expression, cette plante tropicale, ne parvient-elle pas à s'épanouir dans le grand Nord du plateau de C à vous ? Si Lapix a besoin d'une protection policière pour interroger Val, surtout qu'elle n'hésite pas à la demander.

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