Un grizzly dans la campagne
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 33 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Pas de ballons, pas de confetti
pour la convention républicaine qui doit sacrer McCain. Il n'a pas voulu que ces images se mélangent, aux journaux du soir, avec celles des réfugiés hagards de la La Nouvelle Orléans. L'arrière pensée de cette annulation est si nette, si franchement avouée, qu'on croit voir à ciel ouvert, dans le cauchemar des dirigeants républicains, les deux images entrer en collision. De l'élection présidentielle étazunienne, nous parvient donc la nouvelle d'une permanence rassurante : l'agenda médiatique n'a pas fini de dicter sa loi au monde politique. Gilles Klein nous a fait vivre ici au jour le jour, (et il le résume sur le plateau de l'émission) comment la convention démocrate, elle aussi, a été dictée par le principe d'airain : un jour, une image. |
Dans le camp d'en face, s'applique manifestement la même loi. Pour tenter de contrer l'éclat du sacre d'Obama, McCain a dégainé son choix pour la vice-présidence: la sémillante gouverneure d'Alaska, Sarah Palin, ancienne "Miss Wasilla", (7000 habitants), 44 ans, chasseuse de caribou, mère de cinq enfants, opposée à l'avortement, et qui pose pour la presse devant la peau d'un grizzly tué par son papa. Opération réussie: en 48 heures, sa notoriété mondiale a rejoint celle de Lady Di, ou de Carla Bruni. Ce choix, dicté lui aussi par la volonté de faire la Une, (McCain ne l'a même pas rencontrée avant de la désigner) va-t-il se retourner contre le républicain ? Rien n'est moins sûr. Les Alain Duhamel de Washington tordent évidemment le nez : il parait qu'elle n'y connait rien en politique étrangère. Sans doute. Mais Reagan et Bush non plus, ce qui ne les a pas empêchés d'être élus. Si les Alain Duhamel, là-bas comme ici, influençaient l'élection, ça se saurait. Dans l'immédiat, le piège à medias a redoutablement fonctionné. Et les résultats de ces processus sont toujours imprévisibles.