Tiens tiens, le CSA lorgne la Toile
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 35 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Tiens tiens ! Voilà qu'il est question du CSA.
Voilà que la maison des "Sages" semble émerger de sa sieste. Il en est question par deux fois, sous deux angles différents. D'abord, à en croire les multiples fuites sur la remise à Hollande, aujourd'hui, du rapport Lescure, ledit rapport préconiserait la suppression de la Hadopi, et le transfert de ses compétences au CSA. Ses compétences: notamment l'envoi des fameux courriels d'avertissement aux téléchargeurs illégaux, et la gestion de la non moins fameuse "riposte graduée", d'où serait (selon les mêmes fuites) exclue la sanction suprême, la privation de connexion Internet. Je ne sais pas si le rapport Lescure précise comment, matériellement, le CSA pourrait s'acquitter de cette nouvelle tâche, qui nécessite tout de même quelques dizaines de salariés (et alors que le nombre de conseillers devrait passer de neuf à sept). Mais bon. Ils ont certainement une idée.
Ce n'est pas tout. Le CSA pointe aussi le bout de son nez sur la Toile par un autre petit trou: le dernier clip d'Indochine, qui montre un collégien victime d'un harcèlement sanglant, lequel s'achève en crucifixion. Non seulement le CSA a déjà fait les gros yeux aux chaînes de télé traditionnelles qui seraient tentées de le diffuser mais, nous rappelle PCInpact, il signale, sans avoir l'air d'y toucher, que la loi existante permettrait déjà, si on le voulait, de réglementer la diffusion du clip sur la Toile elle-même, sur Dailymotion et YouTube par exemple. Et qui donc pourrait gérer cette co-régulation ? Le CSA lui-même, bien entendu ! Il suffisait d'y penser.
Tiens tiens ! Téléchargement, et surveillance des contenus: ce n'est peut-être qu'un hasard du calendrier (les offensives, même les plus voyantes, sont parfois moins concertées qu'on ne le croit). Mais le bout du nez du CSA se rapproche singulièrement de l'internaute moyen. Cela ne suscitera sans doute pas les effrois d'antan sur la liberté de l'Internet en danger. Le CSA d'aujourd'hui est un CSA hollandien, et non pas sarkozyste: pointe des pieds et patte de velours, surtout ne fâcher personne, ni la chêvre ni le chou. Et l'on comprend que cette belle institution française se sente des fourmis dans les doigts, cantonnée aux veilles télés, que boudent désormais les jeunes de moins de cinquante ans. Mais tout de même. Cela mérite d'être relevé, et suivi.