Tapie, Guéant : bachotage à la télé

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 56 commentaires

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C'était soirée bachotage-scandales, sur France 2.

En ouverture de rideau, un Envoyé Spécial sur Tapie, avec rétrospective pédago pour ceux qui n'ont pas suivi. La vente d'Adidas, Sarkozy, les magouilles du Crédit Lyonnais, Sarkozy, l'arbitrage, Sarkozy, le préjudice moral de 45 millions, Estoup-Bredin-Mazeaud, Sarkozy, et toujours le même Peyrelevade, et toujours le même Courson. Toute la saga, rentrée au chausse-pied dans une enquête de vingt minutes. A peine reprend-on son souffle avec un peu de sarin syrien, et vlan, Benoit Duquesne envoie l'épopée Guéant. Ses toiles hollandaises, Sarkozy, ses liaisons dangereuses africaines, Sarkozy, ses virements suspects, Sarkozy, son avocat malaisien, le cardinal est passé par ici, il repassera par là. Encore a-t-on échappé à une nuit avec Liliane Bettencourt.

Eh, les retardataires de la télé, les Woodward-Bernstein de la 25e heure, ce n'est pas parce que vous avez laissé passer les trains pendant cinq ans, qu'il faut nous gaver à l'entonnoir avant la dispersion estivale ! Laissez-nous le temps d'assimiler tranquillement, sujet par sujet. La capacité d'indignation n'est pas élastique. Si vous tenez vraiment à tout boucler avant juillet, étalez au moins sur une semaine. Lundi soirée Tapie, mardi Kadhafi, mercredi Bettencourt, etc.

Qu'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas. Explorer les turpitudes du sarkozysme en 2013 n'est pas une manifestation éclatante de courage et d'indépendance de la part des émissions d'investigation de la télé d'Etat, mais mieux vaut tard que jamais. D'autant qu'ils partent de loin. Pour mesurer le chemin parcouru, je ne saurais trop vous conseiller de faire un peu de spéléo dans notre dossier Tapie. Et notamment, tiens, à revenir à ce jour de juillet 2008, quand fut annoncé l'arbitrage fatal. Comment les enquêteurs de la télé traitèrent-ils alors l'info ? En brèves. Prudentes, factuelles, chèvre-chou. Vous objecterez qu'on ne savait rien ? Mais si ! On savait déjà beaucoup. Le Canard enchaîné parlait déjà de scandale d'Etat. Mais l'arbitrage était alors "incontestable", comme le martelait un nommé Barbier, Christophe, éditocrate aux ordres, à qui Christophe Barbier, aujourd'hui, rive heureusement son clou.

A gauche, Barbier Christophe 2008. A droite, Christophe Barbier 2013. Cherchez les diffférences.

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