Super mardi : vive la démocratie américaine !

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 28 commentaires

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Les medias américains ont-ils "fait" Trump ? Si la question promet d'occuper longtemps encore les médiologues

, voici un indice : la cavalcade primaire de Trump aura au moins été excellente pour ces medias américains. Qui le dit ? Un témoin digne de foi : le patron de CBS. Vive la franchise. Heureusement, il y a des hommes francs, et Leslie Moonves est de ceux-là. La primaire républicaine "n'est peut-être pas bonne pour l'Amérique, mais elle aura été sacrément bonne pour nous", dit le boss de CBS. Non seulement parce que ses coups de gueule font grimper les audiences, mais du fait du nombre de pubs anti-Trump diffusées par ses concurrents républicains (sur bien des points plus réacs que lui, d'ailleurs), pour tenter de torpiller sa candidature.

Milliards du "big business", contre milliards personnels de Trump : les seconds ont gagné, les résultats du "super mardi" ne laissant guère plus de doute sur l'investiture finale de Donald. Certes, tous les sondages disponibles le donnent ensuite battu en novembre par Clinton, et (plus largement) par Sanders, mais c'est une autre histoire, on ne va pas gâcher la fête de M. Moonves en rappelant aujourd'hui que la baudruche n'aura peut-être été, au final, qu'une baudruche.

Le patron de CBS ne s'est pas fait piéger, "off the record", par un micro caché. C'est dans une déclaration publique qu'il a exprimé sa joie, dans une conférence (apparemment même pas à huis-clos) de la banque Morgan Stanley, à San Francisco. Vive la démocratie américaine, qui n'a pas honte de ce qu'elle est : un gigantesque spectacle, où ruissellent les milliards de dollars. Vive la fête des primaires, où tout est finalement converti en dollars. La cuvée 2016 aura été parfaite, qui aura poussé la sophistication jusqu'à inclure la gauche radicale au spectacle, en la personne de Bernie Sanders, jusqu'à ce super-mardi, inclus, où il réussit encore à ne pas se prendre une grande claque face à Clinton. Tiens, à ce propos, ne manquez pas ce reportage du Monde, où l'on apprend les raisons de la victoire de Sanders sur Clinton dans le Colorado : c'est peut-être notamment grâce à la forte mobilisation, dans cet état, contre la fracturation hydraulique (fracking), cause épousée par Sanders (et pas par Clinton). Sanders y a même consacré, nous apprend Le Monde, "une de ses dernières publicités". Sur CBS ? Parfait, on vous dit.

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