Sophie Tapie : rodéo chez Hanouna

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 89 commentaires

Dans la famille Tapie, je demande la fille. Sophie. "Auteur compositeur" se présente-t-elle. Elle sort un album. Le premier titre s'appelle Le phénix. Le phénix, c'est son père, qui combat un cancer, comme le sait toute la France. Elle est sur le plateau d'Hanouna, portrait de son père en fille, deux époques en surimpression. Et ça ne va pas. Car Hanouna vient de diffuser des extraits d'un documentaire programmé sur C8 le lendemain. Documentaire qui "pose problème à la famille". Pourtant timide, le documentaire. "Il fait une heure et demie, et il n'y a que cinq minutes sur les affaires", se défend le producteur (sur le plateau, lui aussi, avant l'arrivée de Sophie Tapie). Et ce sont justement ces cinq minutes, dont Hanouna vient de diffuser un extrait d'une minute. Une minute de trop. Sophie Tapie, en arrivant :  "Je suis très mal à l'aise. Je ne pensais pas qu'il y aurait ça".

Documentaire maison contre album : collision des deux promos. Électricité dans l'air. Tôles froissées. Hanouna s'emmêle dans ses "voilà". "Voilà. Moi j'ai vu le documentaire. Voilà. Sophie tu voulais faire une mise au point. C'est vrai que c'est une artiste avant tout, Sophie. Voilà.  Sophie il faut le dire est très présente auprès de son papa. Voilà. Elle continue de faire son métier". Voilà voilà. Faire son métier. Faire son métier. "Elle vient pas faire sa promo, Sophie, on est d'accord...""Ben si, je viens faire ma promo. Je pensais pas qu'on m'infligerait ça. Si j'avais su, je serais pas venue. J'avais pas envie de m'infliger ça". Malaise. Malaise télégénique, malaise au sommet des mythologies nationales, mais malaise.

Tant bien que mal, on planque le malaise sous le tapis (pardon). La séquence promo album retrouve ses rails dans la prairie.  Hommages unanimes du plateau à toute la famille, patrimoine national, on est tous à ses côtés. Mais tout de même, Sophie, si on pouvait avoir une séquence émotion, une larme, une seule. Hanouna : "Le phénix, c'est un titre que t'as écrit pour ton papa". "Oui." "On va regarder le clip". "Oui". "Bon ben... tout est dans le titre" "Oui". "Tu sais qu'il aime beaucoup tout ce que tu fais, ton papa." "Oui". "Il trouve que t'as un énorme talent". "Comme un papa avec ses enfants". "Il m'a parlé de toi plein de fois." "Il est très fier de mes frères et sœurs aussi. C'est un papa, quoi". Rien à en tirer. L'émotion fait de la résistance.

Mais on ne résiste pas à Hanouna. Personne. Toute Tapie qu'on soit. Et à la fin, il faut donc que ça défouraille. Sauvage. "C'est ça le problème de la famille Tapie. Moi je suis très content de t'avoir. Si t'es pas contente d'être là, tu peux y aller. À un moment, il faut avoir un peu de respect pour les téléspectateurs. C'est un album où tu as fait une chanson sur ton papa. Pas où tu parles de tes vacances à Punta Cana". "Tu me demandes si j'ai peur. C'est super malaisant. Je suis un être humain". "Mais on a l'impression de te faire chier... Si tu trouves que c'est une question de merde, tu feras d'autres interviews avec des gens qui te poseront des questions plus intéressantes". Tic tac tic tac, c'est la fin. En tous cas, "sache qu'ici t'as que des amis, on a été contents de te voir, merci d'avoir été là, tout de suite un western". Un autre, aurait-il pu dire.


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