Sondage : un internaute sur deux agressé par une info bidon

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 54 commentaires

Télécharger la video

Télécharger la version audio

C'était la terrible nouvelle d'hier matin : près d'un directeur d'école sur deux a été agressé par des parents.

Un sur deux ? Oui. 49% exactement. De nombreux medias se sont fait l'écho de cette apocalypse scolaire. On peut en lire la relation ici, ou (recommandé, le 13 heures de TF1, avec ce "bilan terrible" de Jean-Pierre Pernaut). Le journal de 8 heures de France Inter s'ouvrait aussi sur la nouvelle, avec reportage poignant (à écouter ici) et invitation, à 13 heures, de l'auteur du rapport , l'ex-inspecteur général de l'Education (et ex-conseiller du ministre-chasseur de sauvageons Chevènement) Georges Fotinos.

La source ?Une enquête de Fotinos, donc, soutenue par la CASDEN, la banque des profs (à noter d'ailleurs que le marché de l'assurance contre les agressions explose chez les profs. A vous d'établir un rapport entre les deux faits). A noter aussi que le titre du Parisien, qui révèle l'enquête, ("Les instits ont peur des parents") était plus prudent que ceux des confrères qui reprenaient la fameuse étude. Mais surtout, on apprenait, en lisant dans Le Parisien le détail des réponses, que ces "agressions" regroupaient à la fois les agressions physiques (0,7%) et le "harcèlement" (38%), la grande majorité des directeurs déclarant avoir subi les faits "au moins une fois". Autrement dit, un directeur d'école ayant reçu, dans l'année précédente, des remarques un peu vives à propos d'une note ou d'une punition d'un chérubin, entrait dans le grand total des "directeurs agressés".

Encore mieux, on apprend ce matin, sur le blog de Laurent Borredon, du Monde (notre invité de la semaine dernière) que le mot "d'agression" ne figurait pas dans le questionnaire soumis aux directeurs d'école. Quant à l'enquête, elle ne reposait pas sur des plaintes, mais sur le "ressenti" des victimes, les fameuses "enquêtes de victimation", que Fotinos décrit ainsi au Monde : "Les personnes interrogées peuvent déclarer ce qu’elles veulent. Mais cela permet d’approcher d’une certaine forme de vérité." Attentivement écouté par le matinaute, le journal de France Inter n'a pas rectifié ce matin. A 13 heures, peut-être ? A vue de nez, et selon les enquêtes de victimation d'@si, on peut donc estimer que près d'un auditeur-téléspectateur-internaute sur deux aura été agressé par une fausse nouvelle hier matin. Sinistre contre lequel, hélas, il n'existe pas d'assurance (mis à part, év idemment, ce remède, non remboursé par la Sécu, hélas) .

Lire sur arretsurimages.net.