silence sur "les Tarnac"

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 33 commentaires

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Julien Coupat, et ses neuf co-mis en examen dans l'affaire de Tarnac, dénoncent leur contrôle judiciaire

, et n'en respecteront plus les obligations : en toute logique, l'information devrait faire l'ouverture des journaux du soir, et du matin. D'abord, parce que leur proclamation de désertion, publiée par Le Monde, a la flamboyance habituelle de leurs productions littéraires. Un court extrait, pour le plaisir : "Nous désertons. Nous ne pointerons plus et nous comptons bien nous retrouver, comme nous l'avons fait, déjà, pour écrire ce texte. Nous ne chercherons pas à nous cacher. Simplement, nous désertons le juge Fragnoli et les cent petites rumeurs, les mille aigreurs misérables qu'il répand sur notre compte devant tel ou tel journaliste. Nous désertons la sorte de guerre privée dans laquelle la sous-direction antiterroriste voudrait nous engager à force de nous coller aux basques, de "sonoriser" nos appartements, d'épier nos conversations, de fouiller nos poubelles, de retranscrire tout ce que nous avons pu dire à notre famille durant nos parloirs en prison. S'ils sont fascinés par nous, nous ne sommes pas fascinés par eux." Un souffle qui fait écho à "l'insurrection qui vient" (pour vous rafraichir la mémoire, nous avions plongé d@ns le texte de ce livre avec son éditeur, Eric Hazan).







Ce bras de fer à ciel ouvert d'un groupe de militants avec la Justice (et, en dernier ressort, avec le gouvernement) est, en-soi, assez spectaculaire pour mériter les ouvertures des messes audiovisuelles, selon les règles canoniques même de cette religion. En toute logique, cet acte d'insoumission augure d'un nouveau bras de fer, "les Tarnac" risquant bel et bien d'être remis en prison, si la Justice l'ose (et à en croire Mathieu Delahousse, du Figaro, elle s'y tient prête). Mais non. Références discrètes, ou silence total. Pourquoi ? Evacuons les explications paranoaïaques, du genre : radios et télés font corps autour de l'appareil d'Etat menacé dans sa dignité par le fiasco judiciaire que promet ce dossier. Globalement, passé les premiers jours de sidération pendant lesquels tout l'appareil médiatique avait emboîté le pas à la ministre Alliot-Marie, en braquant ses projecteurs sur "l'épicerie tapie dans l'ombre" du village corrézien, "les Tarnac" ne peuvent se plaindre de malveillance des "grands médias". Même TF1 a fini par dégonfler un témoignage douteux contre eux (sans toutefois pousser la vertu jusqu'à rappeler que c'était la même chaîne qui avait "promu" ce témoignage).

Alors ? Alors simplement, supposons que ce n'est pas leur tour, en ce moment. C'est le tour de Copenhague, des minarets, et de l'identité nationale. Certains "créateurs d'événements" ont le pouvoir de forcer l'agenda médiatique, et d'autres non. Mais ils peuvent se rassurer : dans le manège, leur tour reviendra inéluctablement.

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