Sans passer par la case des mots...
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 91 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Certains matins, textes et images qui se bousculent dans le cerveau du matinaute
peinent à se mélanger. On cherche un lien mystérieux, un rapport, mais la connexion ne s'effectue pas. "On nous a enfumés à propos des chiffres du chômage", se plaint Chérèque chez Aphatie. L'Elysée, apprend-on, pourrait ouvrir une enquête, pour savoir pourquoi le désastreux chiffre du chômage du mois d'août a fuité à la veille du discours sarkozyen de Toulon. Il y aurait une autre enquête à faire, pour savoir pourquoi Sarkozy avait fixé la date de son intervention à la veille de la publication des chiffres du chômage. Mais l'Elysée ne la commandera sans doute pas. |
La banque Fortis est nationalisée par le Benelux. L'opération a été jugée plus
intéressante que la proposition de rachat par BNP Paribas. Au micro de
France
Inter, Rocard juge le mot "nationalisation" inapproprié. De même,
dit-il, que le mot "régulation", que lémédias sont en train de flinguer
à force d'utilisations abusives. Quels mots seraient plus appropriés ?
Il n'a
pas le temps de développer, la revue de presse est déjà en retard. |
L'Union Européenne reçoit l'Inde à Marseille. Sur Inter encore, Bernard Guetta se plaint que lémédias s'en fichent.
Il attribue cette indifférence au fait que l'Inde fascine moins que la
Chine, et effraie moins que le monde arabo-musulman. Il n'a pas tort.
C'est un paradoxe. A chaque fois que lémédias parlent de l'Inde (y
compris nous-mêmes, d'ailleurs), c'est pour se plaindre que lémédias
s'en fichent. Celà donne à l'Inde un vague statut absurde de victime de l'indifférence, et surtout celà entretient l'ignorance sur les promesses et les ombres du développement économique indien. |
On pourrait ajouter une raison à cette indifférence. Elle est peut-être dûe (aussi) au manque d'images. Elles sont irremplaçables, les images, pour forcer le chemin du cerveau et le squatter à leur aise, comme chez elles, sans passer par la case des mots, des pauvres mots qui s'essouflent à leur courir derrière.