Rochebin, Bayou, et les lycées d'Alfortville

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 91 commentaires

Ciel ! La gauche s'est réunie pour le second tour des régionales en Ile-de-France. Comme un seul homme (et deux femmes). Sans histoire, sans psychodrame, menaçant arithmétiquement la sortante, Valérie Pécresse (pour information, Audrey Pulvar a obtenu 11,07% des exprimés, Clémentine Autain 10,24%, Julien Bayou 12,95%, et Valérie Pécresse 35,94%. Faites l'addition vous-même). Et le trio l'illustre en belles photos métropolitaines et albertivillariennes. 

... photos aussitôt détournées par des malicieux, lequel détournement est retweeté par la tête de liste en personne.

Justement, Julien Bayou, tête de liste des dynamiteros, est invité de LCI. Brouhaha entre le candidat et Darius Rochebin (oui, il est de retour). Bayou tente de parler des transports, de l'état des lycées (il pleut dans un lycée d'Alfortville). Rochebin lui lance une grenade Mélenchon. Bayou : "Les lycées d'Alfortville..." Rochebin "Est-ce que la réconciliation avec Mélenchon..."  Ah, Julien Bayou, si vous saviez comme Rochebin s'en tamponne, des lycées d'Alfortville ! Cinq secondes qui disent le précipice entre les électeurs et la faune des plateaux.

Mais tout de même, cette union, que se passe-t-il ? L'éditorialiste de LCI Renaud Pila : "C'est une région, euh, effectivement, quand on regarde les résultats sur le papier,  euh, Valérie Pécresse..." Un silence accablé : "PEUT être battue. Si jamais il y avait, pourquoi pas, cette semaine, si certains dans l'électorat de gauche, disaient, et si on gagnait dimanche." Pourquoi pas, en effet. La cheffe Valérie Nataf, arborant un masque joyeux d'Elkabbach le 10 mai 1981 : "On voit bien qu'il y a des fractures à l'intérieur de cette alliance de gauche qui là, a réussi, c'est vrai, une sorte de performance, mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de questions sur cet électorat de gauche, est-ce qu'il ira voter pour cette liste ?"

Car voilà, en même temps que Bayou, est invité le Belphégor des chaînes d'info, Manuel Valls, Don Manouel des Deux Gauches Irréconciliables. Venu évoquer le procès des harceleurs de la jeune Mila (voir ici notre enquête), il est donc invité à anathémiser l'inimaginable union. Agacement de Bayou. Qui agace à son tour le chef du service politique du Parisien, David Doukhan, sur le plateau. "Julien Bayou commet une erreur quand il prend Valls de haut. La voix de Valls, ça pèse dans l'Essonne, il y a une tradition social-démocrate. Se dire, je vais mettre un bulletin Clémentine Autain, ce n'est pas évident." Sauf que ce sera un bulletin Bayou, mais c'est un détail. Les chaines privées adorent la gauche, chacun le sait, mais en miettes, criailleuse, atone, perdante d'avance. Qui a osé leur prendre leur jouet ?


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