Regarder Grenoble
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 119 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Et Copé intervint en duplex.
France 2 venait de livrer une volée de résultats de municipales impossibles à interpréter, quand arriva Copé, en direct de Meaux. Ah tiens oui, à propos, Copé était candidat à Meaux. Et réélu. Dès le premier tour. Avec 64% des voix. Réélu au premier tour, comme Woerth à Chantilly, ou Balkany à Levallois. Copé, Woerth, Balkany. Eclatante démonstration de la résignation de l'électorat aux tripatouillages, aux arrangements, aux villas de rêve aux Antilles, au personnel municipal larbinant au domicile du maire, aux bureaux d'études copains. Il ne s'est pas trouvé, à Meaux, Levallois et Chantilly, assez d'abstentionnistes de gauche pour trouver l'énergie d'aller jusqu'au bureau de vote, barrer la route à ces maires impliqués dans les "zaffaires". Si Buisson avait été candidat, qui peut jurer qu'il n'aurait pas été élu ?
Résumons les choses. La majorité se prend 1) une gifle 2) une branlée 3) un sérieux avertissement. Rayez les mentions inutiles, et souvenez-vous des précédentes municipales : le film était le même, avec appels au remaniement, effroi devant "la montée du FN". Quand on dit "la majorité", ce n'est pas tout à fait exact. EELV limitant les dégâts, c'est plutôt le PS seul, qui se prend la baffe. Aux historiens qui se pencheront un jour, avec un peu de recul, sur l'histoire du PS dans le dernier demi-siècle (rien que ça), il incombera d'expliquer cette malédiction "mollettiste" du socialisme français, de Mitterrand à Hollande en passant par Jospin, éternellement élus avec des trémolos anti-finance, et appliquant éternellement, une fois élus, la politique de l'Allemagne et des marchés. Ce qui n'empêchera pas les mêmes électeurs, à la prochaine présidentielle, de succomber aux prochains trémolos anti-finance de Hollande, ou d'un autre.
Eternellement ? Allez, une note d'optimisme. Vous avez entendu parler de Marseille, de Hénin-Beaumont, de Paris 14e, de Béziers, de Beaucaire, d'Avignon. Avez-vous, dans les soirées télé électorales, entendu parler de Grenoble, où une alliance EELV-Parti de Gauche, menée par un certian Eric Piolle dont la biographie n'est pas sans rappeler un certain Hubert Dubedout, est arrivée en tête (29%), devant le candidat PS-PC (25%) ? Comme je sais que la réponse est non, et comme je crois deviner que le sort de Grenoble pourrait bien vous intéresser dans la semaine qui vient, je ne saurais trop vous conseiller, pour vous mettre à jour, la lecture de cet excellent reportage de Mediapart sur cette ville qui fut "le laboratoire de la gauche", et pourrait bien le redevenir. On en reparlera.