Quelques items et une fillette : rapprochements du matin

Un réveil comme tous les réveils, par les temps qui courent. Si vous voulez entendre la bande-son d'enfants séparés de leurs parents, avec commentaires obscènes des policiers de l'immigration ("nous avons un orchestre, ici. Il ne nous manque qu'un chef d'orchestre"), c'est ici. Si vous voulez regarder en  face le visage de ces enfants, photographiés par l'Américain John Moore, c'est ici. Si vous voulez voir une journaliste de Fox News, Laura Ingraham, expliquer que les enfants sont retenus dans des "camps de vacances", c'est ici. Si vous voulez voir une autre journaliste, Rachel Maddow, de MSNBC (on vous la présentait ici), terrassée par l'émotion, incapable de lire une dépêche sur la rétention des bébés, c'est ici. Si vous voulez entendre le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini expliquer que l'Italie a besoin d'une "épuration de masse, rue par rue, quartier par quartier", c'est ici (la video date de 2017).

Mais en France aussi, dans la douce France des droits de l'homme, on enferme des enfants. Ce n'est pas moi qui le rappelle, c'est Clément Viktorovitch. Vous ne connaissez pas Clément Viktorovitch ? C'est le gars qui a le boulot le plus surréaliste de toute la télé française : préposé au simple rappel des faits au comptoir de Pascal Praud, dans la maison Bolloré.  

C'est déjà loin, mais on peut se souvenir qu'en avril dernier, la majorité macronienne a rejeté  à l'Assemblée un amendement de la France Insoumise interdisant le placement des mineurs en rétention (le projet de loi est actuellement au Sénat). Attention : à la différence de Trump, la France, "normalement", ne sépare pas, en rétention, les enfants de leurs parents. Ce n'est pas moi qui dis "normalement". C'est France 2.

Dans ce contexte, survenait hier le motif d'indignation du jour : l'envoi d'un questionnaire aux militants LREM, dans lequel ils doivent se déclarer très d'accord, plutôt d'accord, ou pas d'accord du tout, avec quelques affirmations bien senties comme celles-ci : "Il y a trop d'immigrés en France" "on ne se sent pas chez soi comme avant", etc . LREM s'est défendu : nous ne sommes pas les auteurs de ces questions. C'est un questionnaire so-cio-lo-gique, rédigé par le "think tank" proche du PS Terra Nova. Nous dirigeants macroniens n'avons fait que fournir les adresses de nos militants. D'ailleurs, on n'a pas inventé le racisme : ces items sont régulièrement testés par d'irréprochables sociologues. Et re-d'ailleurs, figurent aussi dans le questionnaire des items "de gauche"  ("il faut prendre aux riches pour donner aux pauvres.") Peut-être. Si l'on est très indulgent, on peut expliquer la bavure par le "burn out" de toute la macronie (à l'exception du chef, qui a pris deux ponts en mai, au château de Versailles), que décrivait hier Le Monde. N'empêche que dans le contexte, le rapprochement, comme on dit, fait sens.