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Oblivion
De hautes luttes -
Coin-coin l'Araignée 2·0
Après cette chroniquele 9 novembre 2017, Daniel Schneidermann a remis le couvert trois jours plus tardle 12 novembre 2017 dans Libération, ajoutant qu'« l faudrait prendre Bonnaud entre quatre-z-yeux et lui expliquer que ce qui arriva jadis à Maria Schneider [dans Le Dernier Tango à Paris de Bertolucci] s’appelle bien un viol ».
Trois jours plus tardle 15 novembre 2017, Libération publiait la réaction de Frédéric Bonnaud1 : « nos nouveaux censeurs n’hésitent pas à exiger l’interdiction complète des films et rétrospectives » (sur ce point Daniel Schneidermann, a plutôt écrit le contraire, dans la présente chronique : « [l]es projeter, les projeter encore, par exemple à la cinémathèque » ; Bonnaud poursuit : « Ce sont les bigots de l’époque du Tango qui ont rendu la vie de Schneider impossible, alors que son personnage de jeune femme guidée par sa seule pulsion, très loin d’être une victime, a représenté en son temps la liberté sexuelle et le bris des tabous, à l’extrême fureur des ligues de bien-pensance. Là encore, l’ampleur de la falsification et du renversement des rôles est sidérante. Comme si les plus sublimes figures féminines du cinéma, libres et fortes, devaient être revues en victimes obligées. »
Deux jours plus tardle 17 novembre 2017, dans Les Inrockuptibles, Chloé Fournier revenait sur la polémique : « On opposerait d’un côté l’impératif de lutte contre les discriminations et violences faites aux femmes [...] et de l’autre, la défense non négociable de la liberté de l’art face à la censure. [...] Pourtant, à la lecture de [leur] échange par colonnes interposées [...], force est de constater qu’il est invraisemblable d’adhérer à l’une sans adhérer à l’autre. »
1. Dans son texte, Frédéric Bonnaud fait aussi référence à la chronique de Daniel Schneidermann du 29 octobre dans Libération où celui-ci évoquait « Bébel harcelant Jean Seberg chez Godard (À bout de souffle) ». -
DanetteOchoc
Putanisme exaspérant. Obsession morale.
Bientôt on va interdire les méchants dans les films parce que les méchants c'est pas bien. -
Browny
La cinémathèque à l'heure du running gag : http://www.lesinrocks.com/2017/11/21/actualite/programme-la-cinematheque-le-realisateur-sarunas-bartas-accuse-son-tour-dagression-sexuelle-111011886/
Trois cycles concernés en un trimestre, on tient un record, là.
EDIT : je vois en fait qu'il était seulement invité (au sein d'un cycle cinéma lituanien plus large) -
Pandora
Rectification : Frédéric Bonnaud arrête son extrait à la première phrase que vous sous-entendez qu'il a occultée. Il inclut donc dans son injonction psychiatrique le regard critique que la fille de cette dame a. C'est presque pire comme ça... -
ceci n'est pas un pseudo
Je pense que si vous devez fouiller dans les draps sales de la censure de Franco, le cas le plus connu, le plus mémorisé, le plus improbable, et le premier à être rappelé dans un article comme celui-ci, est celui de 'Mogambo'. Dans le film de John Ford, il y avait un triangle amoureux entre un couple et Clark Gable en tant que tiers impliqué. L'adultère était un acte punissable pendant le régime, les censeurs ont modifié les dialogues du film pour transformer les époux en frère et soeur. De cette façon, le film laisse de côté les situations adultères, pour devenir un film avec une relation incestueuse claire.
Faut reconnaître que c'est balaise ;-)
Ceci n'est pas du mollah omar, ni de ben laden, ni un autre :
"On ne doit pas aller au cinéma, ni même voir de bons films. Les meilleurs sont moins mauvais ... Le cinéma est la plus grande calamité qui soit tombée sur le monde depuis Adam ici. Plus de calamité que le déluge universel, que la guerre européenne, que la guerre mondiale et que la bombe atomique. Le cinéma se terminera avec l'humanité. " -
Cultive ton jardin
C'est étrange comme ceux qui défendent la liberté d'expression (celle de l'artiste en étant, évidemment, une variété supérieure) nous soupçonnent de demander la censure et essaient de nous refuser le droit de nous exprimer sans voir leur propre contradiction.
On peut dire tout le bien et tout le mal qu'on pense de Verlaine, Gide, Shakespeare, Allen et Polanski (n'oublions pas Céline) sans pour autant souhaiter mutiler leurs oeuvres ou les faire tomber dans le néant. Ce sont au contraire de vivants témoignages d'une époque, d'une histoire, d'une société, bref ça fait partie de notre pa/matrimoine présent et à venir. Honorer la personne lors d'une rétrospective est tout différent, car ce sont des cérémonies uniquement à la gloire de la personne où il serait malséant d'utiliser autre chose qu'une dithyrambique langue de bois.
J'ai revu récemment "Touchez pas au grisby", et la manière dont les femmes y sont montrées comme des bécasses sans cervelle, régulièrement giflées à tour de bras et le "méritant bien" bien m'a carrément soufflée. Comment n'avais-je pas vu ça la première fois? Je n'envoie pas pour autant Gabin, Ventura, Moreau, Becker en enfer, au contraire, je les remercie pour leur témoignage historique. Et je revendique le droit de réfléchir à ce que ça implique, de la part de ces messieurs, et de la part des femmes qui ont collaboré à ce chef d'oeuvre. -
PatriceNoDRM
Faut-il faut séparer l'homme de l'artiste ?
Des éléments de réponse : Blanche Gardin tacle les défenseurs de Roman Polanski aux Molières
PatriceNoDRM -
grrrz
d'accord avec cette chronique, et même, avoir une lecture critiques sur les aspects politiques d'une oeuvre n’empêche pas forcement d'apprécier cette oeuvre. -
philv76
Daniel, il faut absolument prendre de l'avance sur le scandale à venir et que Mediapart aura soigneusement caché;
on va apprendre (?) que........
LE PERE NOEL A(aurait) AGRESSÉ ET -PEUT-ETRE- VIOLÉ PLUSIEURS DE SES PETITES RENNES!
Je ne vous raconte pas le niveau probable du forum d'@si après ça! -
Alain Korkos
A propos du Bal des Vampires :
tomber à bras raccourcis sur Polanski, c'est oublier que cette bobine est une parodie des films de la Hammer, boîte de production britiche à l'origine de nombreux films de vampires aux relents très clairement sexuels. Dracula et les femmes, Les Maîtresses de Dracula, c'est la Hammer. Avec Le bal des Vampires, Polanski n'a fait que s'en moquer.
Les faits et gestes du bonhomme dans la vraie vie sont une autre affaire. Il est peut-être (ou sûrement, au choix) une ordure intégrale. Mais quand on parle des films, il faut être précis. -
Florence Arié
L'occasion de relire une p'tite chronique?
https://www.arretsurimages.net/chroniques/2013-07-20/Male-Gaze-l-analyse-etait-presque-parfaite-id6018 -
Tatanka
Et dire qu'on critique les Talibans pour Bamiyan!
Je suis obligé d'y revenir.
Rejeter, détruire des œuvres du passé au nom d'une |morale| d'aujourd'hui; pas moins étriquée que celle d'avant.
Bravo les Talibans... c'est cool, c'est là que nous allons... sauf si la Déglingue... -
Msettimio
Cette lecture m'a fait penser à un contrôle continu sur un poème de Verlaine présenté comme ayant été écrit après sa sortie de prison.
En fait il était bien antérieur à l'emprisonnement.
J'appris plus tard que les correcteurs avaient reçu comme consigne de faire comme si Verlaine l'avait bien écrit après.
Mes camarades et moi, sauf un ou deux, avions brodé autour de cet événement, émerveillés par l'habileté du poète à suggérer par petites touches allusives à la liberté retrouvée.
Touches légères et solubles dans l'air si reconnaissables de la manière verlainienne.
9k -
tutirix
C'est une question importante que vous posez là, mon cher Daniel. Doit-on diffuser, critiquer, ou censurer l’œuvre de fous, de psychopathes, de pervers?
S'interroger sur les conditions qui ont accompagné la création des œuvres d'art est capital. En effet, il est condamnable de créer ou diffuser des œuvres qui reposent sur, ou ont conduit à, des souffrances. On pensera à des scènes de viols, des harcèlements sexuels et, même si moins "répréhensible", des souffrances animales.
À l'inverse, le mode de diffusion actuel des créations artistiques, reposant principalement sur la renommée produit la nécessité de créer des auteurs personnages. Ces auteurs doivent être alors être complets et exempts de toute faute morale. Que se passerait-il si on découvrait que Picasso était un pédophile?
Ces réponses, rapides et quasi-caricaturales, amènent une question. Avant de la poser, il faut préciser que, la question des violences et des situations de domination imposées aux femmes est importante. Elle mérite que des journalistes posent des actes de personnification, pour toucher le public et augmenter leur audience. Pourtant, cette personnification peut-elle se suffire à elle-même?
Aujourd'hui, plus que jamais, nous avons besoin d'un cadre. D'expliquer que ces violences sont le résultat d'un système de domination patriarcal étatique, scolaire, familial et religieux. Que ce système perdure grâce à un travail historique de dés-historisation du combat machiste. Maintenant la personnification est faite, on a besoin que les journalistes fassent leur travail. Apportez nous du contexte, de l'histoire, de la politique. Produisez ce travail et alors les masses pourront s'élever, s'éduquer par elles-mêmes et provoquer les changements sociétaux nécessaires pour que cette situation cesse. -
constant gardener
On ne se rend pas assez compte de la dangerosité de certaines oeuvres dites d'art que de soit-disants esthètes plus ou moins pervers ont encensées (et continuent encore aujourd'hui). C'est ainsi par exemple que la Culture du Viol est transmise au Louvre et dans tant d'autres lieux mal famés.
Seule solution : brûlons les livres, les toiles, les films, détruisons les statues!
Et qu'on ne puisse plus montrer aucune oeuvre qui n'ait été au préalable approuvée par une commission ad hoc. -
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Asinaute sans pseudo caff4
Je n'ose imaginer ce que deviendraient les films de Bunuel en ces jours sombres...
Et quoi ? j'y pense ! chut ! sur les appétits lubriques de Victor Hugo en son grand âge...on sait pas tout ! ;)
Sans phantasmes il n'y a plus de création artistique, ne l'oublions pas...sinon nous n'aurons plus que des représentations bien propres que savent produire toutes les dictatures de la pensée. La vraie question : refuser et dénoncer vigoureusement que ceux-ci soient le support de passages à l'acte criminels, de la bien-pensance et des donneurs de leçons qui plus est !
Quant aux religieux obsédés sexuels...my god ! on pourrait remplir une bibliothèque de leurs méfaits de tartuffes.
Merci à ces femmes courageuses qui n'appellent pas à la censure, mais au respect et à la justice. -
Carnéade le Fataliste
Il y a relire et réinterpréter et il y a des militants sortant des analyses délirantes en fonction de ce qu'ils savent ou imaginent d'un auteur (et les prêter à sa fille éventuellement).
La conclusion est bonne, mais l'exemple de Bonnaud n'est pas nécessairement non pertinent. -
Romano C.
Dans une scène de Rosemary's Baby, Mia Farrow, droguée à son insu, est violée par le diable. En revoyant la scène, je ne pourrai pas m'empêcher de penser que Polanski mettait en scène ses propres pulsions.
Dans La Jeune Fille et la Mort, une victime retrouve son tortionnaire et le séquestre. Polanski mettait-il en scène ses propres peurs?