Pleins feux sur les békés

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 56 commentaires

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Le problème guadeloupéen révèle donc lentement


sa vraie nature aux yeux des médias qui s'y intéressent avec retard: c'est une question de "dé-co-lo-ni-sa-tion", martèle Askolovitch, sur Europe 1, en détachant bien les syllabes, pour faire sentir tout le poids de cette révélation trop longtemps occultée. En cause: les békés (descendants des "blancs créoles" esclavagistes, et qui constituent une partie importante du patronat martiniquais). Et plus particulièrement: les provocations verbales d'un octogénaire "béké" martiniquais, tenues dans un récent documentaire de Canal+, par ailleurs fort intéressant, semble-t-il (on va s'empresser de le regarder).

"Dans les familles métissées, les enfants sont de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie. Moi, je ne trouve pas ça bien. Nous, on a voulu préserver la race" a déclaré à Canal+ Alain Huygues-Despointes (qui se trouvait, par coïncidence, être le logeur du préfet), en montrant à la caméra son arbre généalogique. Déjà l'autre soir, le 20 heures de France 2 fouaillait le phénomène béké.

Dans la complexe situation antillaise, marchons sur des oeufs. Les békés, catégorie importante et économiquement influente à la Martinique, n'en sont pas une à la Guadeloupe. Il serait absurde de nier la dimension raciale, psychologique et historique d'un conflit social aux Antilles. Mais pourquoi un ouvrier guadeloupéen, une vendeuse, une infirmière guadeloupéennes, ne pourraient-elles connaître des problèmes de pouvoir d'achat, indifférents à leur couleur de peau, et à celle de leur patron ? Par ailleurs, tout métropolitain s'étant déjà rendu en Martinique et à la Guadeloupe a bien remarqué que la réalité du métissage n'est pas la même dans chacune des deux îles.

Il reste pourtant un motif d'optimisme. On a reproché à Sarkozy, dans son entretien de la semaine dernière, de n'avoir pas dit un mot de la grève en Guadeloupe. Au moins ce silence lui aura-t-il évité de braquer les Antillais, comme les chercheurs. Tout bien pesé, c'est peut-être cet "oubli", qui laisse au ministre Jego et à ses "médiateurs" une mince chance de trouver une solution au conflit.

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