Parcoursup, Notre-Dame-des-Landes : à la recherche d'idées simples
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 55 commentaires
Aux journalistes chargés d'en expliquer le fonctionnement (et, accessoirement, de le comprendre eux-mêmes), Parcoursup offre l'exemple d'une entité d'information particulièrement difficile à saisir et à synthétiser. Technicité de l'algorithme, tumulte des plaintes sur les réseaux sociaux des quelques 400 000 lycéen.ne.s n'ayant pas reçu de réponse positive au soir fatidique du 22 mai, (soit un sur deux environ), réponse supra-zen du ministère (patience patience les enfants, ça va venir !) : tout se conjugue pour rendre indéchiffrable la situation à J+1.
De ce que j'en comprends, il semble que le ministère ait renoncé au système antérieur, qui incluait une part, ressentie comme scandaleuse, de tirage au sort des étudiants admis dans les formations ultra-sélectives, pour un algorithme censé faire le boulot comme un algorithme : scien-ti-fi-que-ment. Sauf qu'un algorithme ne répond jamais que ce que l'on lui demande de répondre. Et que si l'algorithme national de Parcoursup a été ouvert aux curiosités, il n'en va pas de même de la tambouille des sous-algorithmes élaborés par les universités, qui, eux, restent souverainement opaques.
Si 400 000 lycéen.ne.s sont restés sans réponse positive le 22 mai, c'est aussi, comprends-je, parce qu'un certain nombre d'autres lycéen.ne.s, acceptés dans plusieurs formations sélectives, n'ont pas encore fait connaître leur réponse, engorgeant ainsi les listes d'attente. De cette situation embrouillée, peut-on, comme Le Monde
, retirer une idée simple ? "Les bons élèves, qui ont un excellent dossier, risquent bien d’être acceptés dans la majorité des formations qu’ils demandent, monopolisant ainsi de nombreuses places au tout début de la procédure. Un temps imparti leur sera laissé pour accepter ou refuser les propositions qui leur sont faites, et libérer ainsi des places pour les suivants, laissés "en attente" jusqu’à ce moment-là"
. Priorité aux futurs premiers de cordée ! Les défenseurs du système objectent qu'il a été conçu, aussi, pour favoriser les boursiers (c'est le fameux "et en même temps"
du macronisme). Dont acte, sous réserve de vérification à la fin du processus. N'empêche, il est souvent possible, d'un sujet compliqué, de revenir avec des idées simples.
grenades : ecouler les stocks
A propos d'idées simples, celle-ci, passée inaperçue dans le tumulte : un manifestant de Notre-Dame-des-Landes, dont l'identité n'est pas connue à l'heure où j'écris, a eu hier la main arrachée par une grenade. Notre confrère Gaspard Glanz a tweeté une photo que je vous déconseille de regarder, si vous avez l'âme sensible. Le modèle de cette grenade est connu : contrairement aux premières déclarations du ministère de l'Intérieur qui parlait d'une simple lacrymogène, c'est une GLI-F4 à triple effet (lacrymogène, assourdissante, et explosive). Depuis la mort de Rémi Fraisse (tué par un autre type de grenade), il est question de retirer les GLI-F4 de la dotation des forces de l'ordre. Même la presse des gendarmes la considère "contestée"
, et les commandes n'en ont apparemment pas été renouvelées. Qu'elle soit encore utilisée amène, là aussi, à une conclusion simple : il faut bien écouler les stocks.