Olivier Fouquet, l'autruche comme on le parle

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 20 commentaires

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La haute fonction publique française cache des génies insoupçonnés.

Qu'on soulève un caillou, et leur flamboyance apparait, subtile, chatoyante. Comment ont-ils pu rester si longtemps méconnus ? Il y a quelques semaines, nous faisions connaissance du président du CSA, se félicitant bruyamment que la loi lui retire le pouvoir de nommer le président de la télé publique. L'affaire Pérol est en train de révéler son petit frère, le trop modeste Olivier Fouquet, conseiller d'Etat, et surtout président de la commission de déontologie. On a suivi les épisodes précédents: la lettre à Guéant, dont les balancements ont fait les délices de mon confrère du Monde Frédéric Lemaître, et le mail à ses collègues pour expliquer que la lettre à Guéant ne disait pas ce que l'on croyait. 

Troisième texte fouquetien d'anthologie, une interview du Déontologue chef au Point, dans laquelle il explique les deux premiers textes. L'interview commence tranquillement, Fouquet racontant le "lapsus" de Sarkozy: "La lettre est arrivée le mardi matin à l'Élysée alors que le Président rencontrait puis déjeunait avec Berlusconi à Rome. Je ne sais pas quel contact il a eu avec Guéant. Peut-être ont-ils parlé de la Commission de déontologie mais ça a dû être très très bref. Visiblement le Président n'a pas tout compris et ses propos ont déclenché une tempête médiatique".

C'est ensuite qu'on atteint le génie. Il faut lire et relire, en se pinçant, Fouquet expliquant que Pérol n'a joué aucun rôle, absolument aucun, dans la fusion de la Caisse d'Epargne et des Banques Populaires. "Les deux établissements ont décidé de fusionner. Personne n'est allé leur dire quoi que ce soit. Ceci étant, les choses se sont révélées plus difficiles que prévu. Les gens des Caisses d'Épargne se sont disputés entre eux et tout le dossier a été suivi par monsieur Muscat, le directeur du Trésor, comme c'est son rôle, par le gouverneur de la Banque de France, qui est responsable des banques, et par madame Lagarde, la ministre de l'Économie. Monsieur Pérol est intervenu dans le dossier pour informer le président de la République comme l'a fait le directeur adjoint de cabinet de Matignon, monsieur Grainville, pour informer le Premier ministre. S'ils ont travaillé normalement on ne peut pas dire que Monsieur Pérol soit intervenu autrement que comme un conseiller". Et il le sait d'autant mieux qu'il n'a justement pas été saisi. Mais pourquoi le saisir, puisqu'il n'y a pas de problème ? D'urgence, une récompense pour M. Fouquet. Un ministère de la Logique, par exemple. Ou tiens, pourquoi pas, une banque ?

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