Obama : après la guerre cool, le forage écolo

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 22 commentaires

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"Obama a le don d'envelopper d'un air cool des conduites parfaitement orthodoxes dans le cadre de l'empire américain" :

il faut écouter d'urgence Régis Debray, que nous recevons D@ns le texte cette semaine. C'est à propos de l'absurde guerre d'Afghanistan, que Debray habille ainsi pour le printemps le Obama cool qui hypnotise les obamaniaques européens. Mais la remarque vaut aussi dans d'autres domaines. Energétique, par exemple, où l'on dirait que Obama vient d'inventer, après la guerre cool et funky, le forage pétrolier vert, durable, et bio.

L'avez-vous entendu en France ? Obama vient d'autoriser les forages pétroliers et gaziers au large de certaines côtes américaines, rompant ainsi un moratoire de vingt ans. Cette décision, qui va dans le sens du "Drill, baby drill" (fore, bébé fore !) prôné par Sarah Palin dans ses meetings de la dernière présidentielle, perpétue objectivement la dépendance américaine aux énergies fossiles, et va mécaniquement contribuer au réchauffement, a suscité la colère des écologistes américains. A l'inverse, ses justificateurs expliquent que Obama-le-consensuel espère ainsi tenter des gagner des voix de parlementaires républicains, pour faire adopter sa loi sur le climat. Ils ajoutent qu'Obama, dans sa campagne, ne s'était jamais engagé à ne pas forer. Et sur-ajoutent que pétrole et gaz réchauffent moins l'atmosphère que le charbon.

Ce n'est pas un petit matinaute français, qui peut tenter de départager les uns et les autres, mesurer les chances de succès de la manoeuvre tactique, départager ce qu'il faut sacrifier d'accessoire pour sauver l'essentiel, ni comprendre comment on peut lutter contre le réchauffement en autorisant des forages pétroliers. Mais le plus fascinant, c'est de constater que la question n'est même pas posée par les médias français. Pour la plupart, c'est bien simple : la nouvelle ne leur semble pas assez intéressante pour être mentionnée. Rare exception : Le Monde consacre une page au sujet. Page titrée avec une certaine bienveillance: "Barack Obama en quête d'indépendance énergétique", ce qui est une excellente manière de l'absoudre d'avance.

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