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Pierre38330
Il me vient, un peu tard un truc sur "nous" et "eux".
Un peu tard parce que j'ai beaucoup de mal à me sentir "nous" avec certains de mes cons-patriotes alors que je me sens beaucoup d'empathie pour "eux" .
"Eux" ce n'est pas ceux qui se font sauter, eux, c'est tous ceux que nous croisons un millier de fois par mois sans voir leur détresse.
Donc ce truc qui me vient trop tard :
si au lieu de pavoiser notre drapeau, nous avions arboré à la boutonnière ces trois mots devenus obscènes :
Liberté
Egalité
Fraternité -
Winston Smith : misanthrope
Nous : on voit à peu près qui ont est , et encore, on est pluriels, y a qu'à voir ici des gens qui sont tous anti Daech mais qui pourtant s'étripent
Eux: on a du mal à savoir vraiment qui ils sont. Voici déjà un article qui rappelle la différence entre Salafiste et Djihadiste.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/pourquoi-il-ne-faut-pas-confondre-djihadistes-et-salafistes_1739319.html
là, sont les questions basiques
les salafistes sont des obscurantistes mais pas forcément des djihadistes, pour moi ce sont des ennemis idéologiques, ils sont dangereux, pour lutter contre eux il y a le savoir, l'éducation, la culture.
Quand les salafistes veulent imposer leurs principes à tous et commencent à traiter d'hérétiques ceux qui ne sont pas salafistes et à lancer des fatwas contre eux, voire à les éliminer par des éxécutions, des attentats ou des guerres, là ils deviennent des djihadistes salafistes. Pour lutter contre eux, il y a la justice, la police, l'armée.
il y a aussi des djihadistes qui ne sont pas salafistes.
tous les salafistes sont sunnites, mais tous les sunnites ne sont pas des salafistes
tous les sunnites sont musulmans, mais tous les musulmans ne sont pas sunnites
Eux sont donc aussi très pluriels, les musulmans ne sont pas nos ennemis, les sunnites ne sont pas nos ennemis, par contre les salafistes et les djihadistes sont nos ennemis. L'état prend une posture guerrière et affirme sa fonction régalienne justice , police, armée. Oui mais voilà, il n'y a pas si longtemps encore, savoir, éducation et culture étaient aussi des missions régaliennes, après avoir abandonné le point de vue régalien de ces missions, il abandonne peu à peu les missions elles-mêmes ou bien laisse les lois lois du marché les vider de leur substance pour en faire des produits marchands dont l'objectif devient de dégager des profits, et ensuite le plus de profits possibles.
C'est tout le paradoxe de la situation actuelle, Dash attaque le savoir, détruit les monuments et les documents historiques, attaque les universités, attaque les symboles culturels (Charlie, musée du Bardo, Bataclan etc), Ce qui fait de Daesh une organisation djihadiste salafiste.....
Mais comme nous aussi on a détruit le savoir la culture et l'éducation, j'ai envie de dire que nous aussi sommes obscurantistes et on est en train de de nous aussi nous ancer dans une guerre ce qui va faire de nous des guerriers de l'obscurantisme.
N'avons nous donc le choix qu'entre 2 formes différentes d'obscurantisme guerrier destinées à se faire physiquement la guerre, est-ce donc tout ce que l'humanité a à offrir au 21° siècle? Je suis dépité et je me ressens entre le "nous" et le "eux" mais comme de toutes façons pour "eux" je fais partie du "nous" et ben j'ai plus vraiment le choix, alors dépité je choisis mon camp je fais partie du "nous" mais je me sens si seul. -
Coin-coin l'Araignée 2·0
« Aucun dessinateur satirique n'est à déplorer parmi les victimes ! » (Mix & Remix) -
Ignatius Reilly
S'il y en a qui cherchent des informations -
Ignatius Reilly
mal placé, désolé -
Ignatius Reilly
Edit: ce texte expose grosso modo selon moi: quels sont les problèmes principaux et fondamentaux auxquels nous avons à faire face, pourquoi ce sont des problèmes et quelles en sont les solutions, philosophiques et pratiques. Désolé de vous ennuyer avec ça
En fait, "nous" et "eux", c'est juste une vision de l'esprit. Une séparation conceptuelle comme je l'ai déjà exprimé,. Autrement dit, dans l'absolu, affirmer l'existence du "nous" et du "eux", c'est d'abord reconnaître l'existence de différences. La seconde étape consiste soit à accepter ces différences, à les tolérer à en faire une force, dans un élan fraternel de respect et d'apport mutuel, soit à vouloir établir un rapport de domination: prendre le pouvoir, contrôler, coloniser, assujettir et uniformiser (ces deux tendances -pulsion de vie ou pulsion de mort - existent en chacun de nous, mais si on croit à l'esprit des lumières, alors on [s]peut[/s] doit choisir raisonnablement la Vie).
"Nous" et "eux" représentent basiquement deux ensembles de gens. Cet ensemble dépends de l'angle de vue (sociologique, économique, ethnique ou religieux) mais aussi de l'échelle à laquelle on regarde. A l'échelle d'une ville, c'est tel quartier versus tel autre quartier. A l'échelle d'un pays c'est peut-etre "nous" les toulousains et "eux" les parisiens (je ne suis pas toulousain, c'est un exemple). A l'échelle du continent, c'est tel pays contre tel autre. A l'échelle de la planète, c'est telle civilisation contre telle civilisation. Mais la réalité des civilisations est en fait un continuum: il n'existe pas de frontière réelle, de ligne de séparation précise, c'est pourquoi je qualifie cette séparation de "conceptuelle". C'est un point de départ pour réfléchir et analyser, rien d'autre.
Je ne crois pas au choc des civilisations. Il y a toujours eu des civilisations différentes, qui ont vécu des périodes de paix ou de troubles, mais qui ont toujours coexisté. En revanche, il est assez clair que notre civilisation a mené dans le passé récent (quelques centaines d'années) et continue de mener, des politiques agressives, de domination, de sujétion, de colonisation. Nous avons fabrique et nous fabriquons la pauvreté extrême, nous maintenons et aidons les pouvoirs dictatoriaux, le non-développement des autres pays, l'accaparement des terres, de l'eau et des richesses par une minorité de grands propriétaires (qui ne sont même plus des personnes physiques mais des personnes morales: les multinationales, même pas restreintes par l'inconscient moral qui existe dans les différentes Civilisations au niveau des individus. D'ailleurs, ce sont elles, les mulinationales ces enfants terribles du capitalisme, les pires "terroristes" quand on fait le bilan). Puis nous fabriquons les armes et les guerres, légitimées par une propagande de guerre (je remets le lien d'un autre internaute pour ceux qui avaient pas suivi). Le "choc des civilisations" n'est rien d'autre qu'une excuse pour légitimer nos guerres, pour se défausser de notre culpabilité. La capitalisme moderne (fruit de notre civilisation) a semé la guerre (car basé sur des logiques de propriété privée, la concurrence, le conflit, l'exploitation de l'autre, de "eux") quand nous aurions pu semer le partage, l'échange, la coopération. Les tentatives qui allaient ou qui vont dans le bon sens sont systématiquement sabotées, dénigrées, dénaturées par nos propres dirigeants (donc sous notre accord implicite). Soit dit en passant, ceux qui ont le plus de pouvoir ne sont pas ceux qui sont censés l'être (le gouvernement), ce sont aujourd'hui les grands groupes financiers, derrière lesquels se cache une classe d'hyper riches (actionnaires, banquiers et grands propriétaires). ceux-là sabotent tout tentative d'émancipation, tout simplement parce que ceux qui ont le pouvoir feront tout pour le garder. Malheureusement, ils en ont de plus en plus ! (là aussi un résultat de la logique d'appropriation, donc d'accumulation - les riches sont de plus en plus riches - jusqu'à quand va-t-on l'accepter ?)
Il ne s'agit pas de s'auto flageller ou de dénigrer notre civilisation (qui a enfanté beaucoup de très belles choses par ailleurs). Il s'agit de prendre conscience que participer et accepter le système actuel, revient à accepter, légitimer, cautionner ces rapports de domination, donc les guerres, donc les morts, et même nos morts. Alors qu'on ne vienne pas nous faire la morale ensuite, avec ces larmes de crocodile, ces injonctions à se conformer comme de gentils moutons que nous sommes. Les dirigeants cyniques en profitent pour exploiter les bas instincts de survie et de peur, pour nous manipuler, en cantonnant notre empathie naturelle envers tous les êtres vivants, à un "nous" tout petit, qui n'englobe qu'une infime minorité des êtres humains - ce qui est le racisme*. On nous intime l'ordre de nous conformer, de faire tous la minute de silence en même temps (c'est ça le flash totalitaire). On nous impose de ressentir de la compassion pour ces braves gens (pour lesquels oui je compatis), alors qu'on minimise toute compassion envers les divers peuples qui souffrent (avec lesquels je compatis également)
Il s'agit de comprendre que la lutte contre ce système (qu'on pourrait nommer le "capitalisme financiarisé"), et nos élites qui le défendent, est absolument nécessaire.
de toute urgence.
Le système de Daesh (bien que fort détestable), n'est qu'une mouche comparé à notre système, et la montagne de malheur et de souffrance qu'il engendre à travers le monde.
Il s'agit aussi de comprendre que notre rapport à la nature, pris toujours sous le même rapport d'appropriation puis d'exploitation pour le profit économique à court terme, nous mène droit dans le mur. A long terme, le danger n'est pas seulement des centaines de millions de morts, réfugiés politiques ou climatiques (ce qui serait déjà une raison bien suffisante), mais peut-être l'existence même de l'homme sur Terre. L'urgence nous oblige à prendre conscience des enjeux de notre temps. A la souffrance des Hommes, s'ajoute celle de la nature et des milliards d'êtres vivants qui la composent, L'urgence climatique nous concerne par delà les problèmes de notre petite civilisation. Les luttent écologistes, sociales, anti-militaristes, anti-colonialistes et anti-impérialistes se rejoignent, convergent.
L'urgence nous oblige à nous révolter, pacifiquement, pour que les rapports suivent enfin notre volonté commune de paix et d'harmonie. Nous devons redéfinir les bases des rapports entre voisins, concitoyens, pays, civilisations, entre les humains et les autres espèces vivantes (en particulier les mammifères qui nous sont très proches, mais en fait aussi de tous les animaux et pourquoi pas, les plantes), et même envers le respect que nous devons à notre terre Mère et à l'univers tout entier. (c'est d'ailleurs la raison première des religions. Reconnaître la sainteté de la vie, l'univers et le reste. C'est pourquoi je respecte les religions)
Il s'agit donc d'exiger de nos dirigeants qu'ils se basent sur le respect, le partage, la coopération, la tolérance, le pacifisme. Comme ils ne le feront pas de leur plein gré (ils sont trop cons, narcissiques et avides de pouvoir pour ça), ni par la "démocratie moderne" (qui est une vaste et sinistre blague, cf la Grèce par exemple), il faudra bien, un jour, qu'on refuse de participer à leur système, qu'on s'organise pour refonder notre civilisation autour des valeurs - en bref anticapitalistes.
Qu'on refuse de collaborer. Qu'on arrête et interdise la fabrication des armes (sitting devant les usines ?), et ainsi les massacres. Qu'on abolisse les paradis fiscaux. Qu'on interdise la spéculation à outrance. Qu'on limite la propriété privée et l'accumulation des richesses. Qu'on rétablisse des rapports Humains, dans toute sa profondeur et compassion. Tout cela est possible, réalisable et réaliste. Et oui, yaka, faux con.
Quand est-ce qu'on commence ? -
Winston Smith : misanthrope
connaissez vous ceci?
http://www.dailymotion.com/video/x37ol8w
ça va être difficile pour nous de discuter avec eux -
yann
les attaques du world trade center ont données ceux que recherchés "les terroristes".
un renforcement de la sécurité intérieure "patriot act" - à savoir faire chier le gents dans leurs propres pays "les policiers recrutés devront bien être occupés en périodes calme.
un tapis de bombes pour l’Irak et l’Afghanistan - à savoir pouvoir recruté de nouvelle chair à canon dans la misère de la guerre.
Guantánamo et le prisons secrètes de la CIA - à savoir sentiment d'injustice et ceux qui en sortent après plusieurs années de torture je me demande a quoi ils pensent ? surtout si ils étaient innocents au départ !§
Paris n'est que la suite logique, m'est avis que ce n'est pas fini. -
Emilie
Merci pour les neuf-quinze. Que nous puisse avoir un sens.
En fait, je trouve ça complètement flippant, quand on met les pieds dans le cadre, de penser que les problèmes ne sont pas là où les phares sont braqués.
Je ne veux pas non plus qu'on fasse l'impasse sur là où ils éclairent, mais qu'il faudrait arrêter avec cette satané tacite inutilité du cadre. Car ça mène à prendre des gants avec ce qui est juste, pour éviter les incohérences avec tout ce qui est dit sans gant mais ne devrait pas l'être. Et cela mène à un traitement stupide, dangereux, venimeux, du terrorisme, de l'économie, du réchauffement climatique.
Merci à vous, j'ai payé mon écot pour pour vous puissiez continuer. C'est bon pour nous. Il faudrait hélas que cela puisse être bon pour eux afin que nous et eux puissions avoir un avenir non seulement souhaitable, mais aussi viable. -
Yanne
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/11/16/monsieur-le-president-vous-etes-tombe-dans-le-piege_4810996_3212.html -
gemp (ASiiii c'est finiiii... ♫♩)
les mettre en prison s'ils voulaient commettre d'autres attentats
C'est exactement ce qui s'est passé à Guantanamo: tous ceux qui y sont incarcérés l'ont été sur des soupçons de terrorisme ou de complicité, sans qu'aucune charge légale n'ait été portée contre eux. Ce qu'autorise tout à fait l'état d'urgence, sans aucun recours.
Mais on ne construira pas notre Guantanamo pour autant. On saura raison garder. Le principe de Guantanamo, c'était que c'était hors du territoire américain, et la loi américaine n'y avait plus cours. Et sur une longue durée. Rien de tel ici.
Les lois dites «d'exception» aux États-Unis n'étaient pas non plus prévues sur la longue durée – même si cette durée était plus longue (5 ans) que ce que désire aujourd'hui petitement Hollande. Elles ont été reconduites déjà deux fois depuis 2001, il n'y a pas de raison que ça n'arrive pas aussi en France.
Le «nettoyage» ne se fera pas par ce genre de moyens, ou alors on parle de celui de nos libertés. Les moyens habituels (surveillance de masse, incarcération, etc.) ont démontré d'innombrables fois leur inefficacité chronique. Il serait peut-être temps d'essayer autre chose.
Je me permets de remettre un article du Diplo déjà souligné par Djac ci-dessus: Comment tarir les sources du recrutement salafiste armé. -
Yanne
J'adore la chronique !
Mais pour ce qui concerne les EUX, après tout, ce sont eux qui se sont mis hors du monde Eux qui ont accepté leur propre apocalypse en y incluant celle des autres.
Petits délinquants perturbés qui ont poussé les limites du monde jusqu'en Syrie et jusqu'à l'hubris d'Hannah Arendt, la démesure de leur destin dérisoire et inutile. Trois d'entre eux se sont fait exploser sans même faire la moindre victime.
Le vertige totalitaire de la déraison et de la mort. L'escalade habituelle des assassins ! On ne cherche pas d'explication politique au massacre de Colombine ! Une sorte d'ordre de la criminalité de tueurs en série ou de masse....
Chacun décide de sa propre vie, et ces gosses perdus ont un pouvoir de nuisance énorme.
Si depuis plusieurs années, on fait le décompte des jihadistes qui ont fait des actions de type terroriste, il y en aura eu une vingtaine au maximum sur une population de 60 millions de personnes, ou même si on limite aux musulmans, 5 millions de personnes, mais sur plusieurs années.
C'est infinitésimal, et ça ne vaut pas qu'on en fasse une pathologie ou un problème politique qui suppose un élan collectif par essence.
C'est certain que c'est du droit commun, qu'il faut sévir, les isoler, les perquisitionner et leur confisquer leurs armes, leur argent, les mettre en prison s'ils voulaient commettre d'autres attentats. Et le faire pour tous ceux qu'on soupçonne de vouloir commettre l'irréparable. Et de toutes façons, nous sommes dans un état de droit, et si au bout du compte, ils doivent passer devant la justice, il faudra bien respecter les procédures. On ne peut pas faire autrement de toutes façons.
Mais on ne construira pas notre Guantanamo pour autant. On saura raison garder. Le principe de Guantanamo, c'était que c'était hors du territoire américain, et la loi américaine n'y avait plus cours. Et sur une longue durée. Rien de tel ici.
Trois mois supplémentaires me semblent bien long, car la quantité d'abus possible pendant une telle période est énorme.
Et si le nettoyage doit prendre tout ce temps, il faut être sûr que dès la fin, la vie reprendra son cours.
Il nous faudrait des garanties. -
Tony A
Je me retrouve en partie dans ce billet.
En revanche je n'adhère pas à la formulation de Daniel :
"Tracer ce nous, c'est tracer un eux. C'est tracer, entre les deux, une ligne radicale, infranchissable"
Car pour retrouver la paix il faudra :
- soit EXTERMINER toux ceux que l'ont met dans ce EUX. Ni réalisable, ni souhaitable : ce serait devenir comme EUX.
- soit trouver le moyen de faire la paix avec EUX.
Aujourd'hui, cette option semble inatteignable. Mais pour la rendre possible il faut peut-être commencer par cesser de creuser un fossé qui risque de devenir "infranchissable" :
- en arrêtant d'apporter de l'eau à leur moulin, en donnant l'impression d'approuver les turpitudes de nos propres "élites" ;
- en faisant le ménage chez NOUS, en essayant de nous débarrasser de ceux qui, parmi NOUS, pillent les richesses des autres, corrompent leurs gouvernements, leurs vendent les armes qui leur servent à combattre leurs peuples et à les maintenir dans la misère...
C'est certainement un peu plus compliqué que de tracer une "ligne infranchissable" qui mettra peut-être un peu de baume au coeur, mais qui ne nous protègera aucunement. -
Ndjocka
Daniel,
Vous alimentez la chaudière, par ces lignes que vous écrivez et que vous tracez entre un prétendu "eux" et un prétendu "nous" labellisé par votre coup de tampon. Continuez de simplifier, de globaliser, continuez de ne pas vous demander pourquoi des garçons de 20 ans de Bobigny ou de Courcouronnes se suicident de cette façon, en emportant des dizaines de gens parmi la fine fleur des hommes et des femmes dans la mort avec eux, continuez de ne pas voir le désordre pathologique, la détestation de soi, la frustration éperdue qui sont le tuf de leur rage devenue meurtrière – j'écris bien "devenue", vous saisissez ? –, refusez encore (ce n'est pas la première fois, cette année) de voir vos petits frères humains dans ces gamins ahuris, continuez d'écrire "eux" et "nous", et nous continuerons tous de foncer avec vous, à tombeaux ouverts, votre "nous" et votre "eux", vers un chaos de balles chemisées, de flammes et de boulons. -
Olivier
Je voudrais vous signaler un très beau papier du magazine rock Gonzai, qui justement élève le débat et s'insurge contre ce nouveau communautarisme rock'n'roll/11e/happy hour.
http://gonzai.com/a-nos-lecteurs-et-aux-autres/
Au moment où nous attendons encore la liste complète des victimes suite aux attentats du 13 novembre 2015, nous ne pouvons que craindre d’y lire le nom de proches, de lecteurs, d’abonnés ou de toute personne que nous connaitrions de près ou de loin. Contrairement à l’attentat contre Charlie Hebdo, attaque symbolique dirigée vers un journal qui menait une guerre symbolique, ce week-end maudit a vu tomber une foule d’anonymes qui ne doivent leur mort qu’au fruit d’un cruel hasard. Non seulement nous pleurons la mort de Thomas Duperron, l’homme qui à force de travailler avec nous sur les soirées Gonzaï à la Maroquinerie était devenu un ami, mais nombre de nos proches se trouvaient dans ces lieux, vivaient au-dessus de ces cafés. Ils nous ont appelé pour nous prévenir des atrocités dont ils ont été témoins. Ces quartiers, ces rues, ces établissements, nous en respirons l’air et les fréquentons. Nous avons tous été visés et la frontière entre la vie et la mort n’est dûe qu’au terrible mystère du destin.
Si nous ressentions le besoin de nous adresser à vous, le cœur encore lourd de peur et de dégoût (pour une fois, nous comprenons intimement le sens de cette formule), c’est qu’une image s’est figée sous le flash des rafales : notre génération vit bien plus divisée que nous ne le pensons. En attaquant un mode de vie que beaucoup d’entre nous partagent (boire le vendredi soir, se rencontrer dans les bars, aller à des concerts) il semble évident que les cibles étaient définies, qu’elles attaquaient une ‘communauté’ : la notre, car nous nous sommes constitué ainsi, sans même nous en rendre compte. Gonzaï, qui s’efforce modestement depuis plusieurs numéros de définir un « nous » pour parler de cette génération et en expliquer ses mœurs, n’a pu que constater en descendant dans les rues dès vendredi, à quel point il est devenu urgent de renouer un lien avec l’ensemble des individus qui la constitue. Laissez nous partager avec vous ces quelques paroles d’un homme de 28 ans, née de le XXe arrondissement; c’est un citoyen français musulman : « ce pays s’enferme dans le communautarisme : les gens vivent côte à côte sans jamais s’adresser la parole. Les établissements visés vendredi ne sont que peu fréquentés par des Français dont les parents sont immigrés. Mais regardez : est-ce que vous allez dans les bars à chicha, vous ? »
Maintenant que nous sommes certains que la plupart des assassins de ce week-end étaient français et qu’ils ont grandi en région parisienne, tentons de comprendre pourquoi ils ont choisi de taper dans ces arrondissements ? Pourquoi pas Belleville, rue du faubourg du temple, rue du faubourg St-Denis ou la Goutte D’or ? Parce que les rues touchées sont celles où la « mixité sociale » est la plus faible, que ce sont les quartiers symptomatiques du phénomène que nous tentions récemment de décrire dans cet article sombrement intitulé La revanche des faubourgs.
Pour la première fois dans l’histoire des attentats sur notre territoire, c’est un conflit venu de l’intérieur qui touche notre génération. Sous le vernis religieux (car on ne devient pas martyr en appuyant sur un détonateur. On le devient comme Malcom X quand on tombe sous le poids des persécutions de ses ennemis, quand on a mené son combat avec tant de force que le seul moyen de vous faire taire reste de vous faire tomber) s’exprime de la manière la plus extrême une situation que nous avons laissé s’installer en totale inconscience. Nous nous sommes tournés le dos et, reconnaissons-le, nous ne nous parlons que très peu. Quiconque à des yeux pour voir ne peut que constater cette ségrégation silencieuse qui morcelle nos villes. Que nous ont dit les citoyens musulmans à qui nous avons parlé ? Qu’après avoir exprimé une grande peur quant à l’avenir, ils avaient des choses sur le cœur à nous confier. Ils nous ont parlé de ces quartiers où de nouveaux arrivants n’ont que peu de considération pour les anciens, de ces immeubles où des dizaines de familles qui ont été déplacées pour créer des lofts deprivilégiés, de ces bars et restaurants où ils ne se sentent ni les bienvenus, ni a leur place. La fracture est telle que lors de ces conversations, une fois leur confiance gagnée, nous avons pu reconnaître les uns et les autres que ce week-end, toutes les « communautés » n’étaient pas atteintes au même niveau, ni n’exprimaient le même sentiment. Cette situation est anormale. Voilà qui est désagréable à écrire, mais la prise de conscience de tous est nécessaire.
Comme en janvier, notre premier devoir est de sonder nos cœurs pour nous demander ce que nous voulons vraiment pour notre pays, nos enfants, ce en quoi nous croyons et ce que nous ne voulons plus accepter (de nous-mêmes, de nos dirigeants, de nos concitoyens). Ce travail, ce n’est ni aux élus ni aux institutions de le faire, mais à chacun d’entre nous. Puis, si comme nous vous partagez la conviction qu’il nous faut vivre ensemble, il est du devoir de chacun de parler et d’écouter toutes les personnes que nous ne reconnaissons plus : nos voisins et collègues, notre boulanger, notre voisin de métro. Il n’y a que deux voies possibles pour le changement : le dialogue et l’alliance, ou la violence. Comme chez Gonzaï nous pensons que le vrai homme est un bâtisseur, et non un destructeur, nous savons désormais ce qu’il nous reste à faire. Ne rien faire, se contenter de retourner dans nos cafés en écrivant « Daesh on t’encule » comme on le voit fleurir sur tous les profils Facebook, n’empêchera en rien deux blocs de la société de s’éloigner, progressivement.
Avec toutes nos tendres pensées pour les victimes, leurs familles, les blessés et toutes les personnes qui savent que la marche du monde est entre nos mains. -
Jarogne
De plus en plus n'importe quoi cet édito.
Daniel semble découvrir qu'il n'appartient pas au même monde mental que celui des terroristes, de même que la plupart des français, qui effectivement au lieu de partir en Syrie et en revenir pour tuer massivement d'autres français, boivent des coups en terrasse, vont au stade et au concert: mais à quoi rime cette branlette pseudo-poétique autour du "nous" et du "eux"?
Quand à la tentation extrajudiciaire, évidemment qu'elle va se présenter. Elle va être soutenue du côté de la droite et de l'extrême droite, mais je ne serais pas surpris qu'un énervé de droite à mentalité de flic comme Valls mette en place un tel dispositif.
Le fantasme d'"épuration" policière dans les milieux islamistes règne dans les conversations, y compris sur ce forum...
Or là aussi faut arrêter de croire que la France est un modèle immaculé des "droits de l'Homme": l'épisode entier de la guerre d'Algérie est là pour nous rappeler que notre Etat dispose d'une longue expérience dans ce domaine.
Ca commence à sentir vraiment pas bon pour la démocratie en France: comme par hasard, c'était le but des stratèges de l'OEI. -
M.Pat
pour rester dans le "nous et eux" voilà un article qui me semble assez juste :
http://gonzai.com/a-nos-lecteurs-et-aux-autres/ -
Winston Smith : misanthrope
totalement en phase avec Daniel. -
Cultive ton jardin
Eux et nous.... vieille histoire...
Encore une occasion d'évoquer Desproges: "L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi, alors qu'en réalité c'est lui". Alors, moi, je suis qui? l'ennemi? Ou l'ennemi de l'ennemi? Si celui qui veut la guerre et celui qui ne la veut pas en viennent à se tirer dessus, qui a gagné avant même que le combat commence? J'ai beaucoup entendu que les terroristes veulent nous faire peur, et que si on a peur, ils ont gagné. Plus sûrement, ils veulent nous faire céder à la haine. Et si ça marche, ils ont gagné.
Pour moi, il y a bien une démarcation, une ligne rouge, entre "eux" et "nous", c'est celle du respect de la vie. -
Ricouti
En attendant Guantanamo, pour l'instant, j'ai du mal à visualiser le concept d' Etat d'urgence national. A moins que son champ d'application ne se limite à l'intersection des brd Voltaire et Richard Lenoir.
Il se trouve que nous avons passé le week end à Paris.
Pour le trajet en avion, rien de spécial, tout était normal, on n'a meme pas sorti nos cartes d'identité.
A Paris, rien de spécial non plus. Sauf hier apres midi on a constaté que la police laissait les parisiens s'attrouper à la République, à quelques metres de camions satellite des chaines TV. Bref, un kamikaze aurait pu faire un beau carnage en se mettant au milieu de la foule.
On appréciera la cohérence entre fermer les centres commerciaux et laisser une manifestation de commémoration se former à la République devant les TV etrangères...
J'ai donc une autre hypothèse que Guantanamo. Hollande et Valls se souviennent que leurs courbes de popularité avaient grimpé après l'attentat de Charlie Hebdo.
Ils surjouent donc la crise, prennent des postures martiales, décrètent l'état d'urgence national , lachent 20 bombes sur Daesh (alors qu'on sait que des bombardements aériens ne servent à rien sans des troupes au sol) , passent à la télé et dans les radios.
Il y a des elections dans un mois et "tout ça , coco, ça peut jouer en notre faveur".