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Ervé
En juin, la Queen's University de Belfast, en Irlande du Nord, devait accueillir une table ronde réunissant universitaires, romanciers, journalistes et experts sur les conséquences de l'attaque contre Charlie Hebdo en janvier dernier. Le rendez-vous n'aura pas lieu, pour des raisons liées à "la sécurité" des invités et "la réputation de l'université", dixit un mail interne cité par le Guardian.
Le journal se fait l'écho de la grogne de nombreux intellectuels originaires de Belfast, à l'image du romancier Robert McLiam Wilson (Eureka Street). Domicilié à Paris, ce collaborateur de Charlie Hebdo a déclaré au quotidien britannique : "Annuler un événement pareil à cause de pseudo-menaces dans une ville qui s'est douloureusement enflammée pendant une torture de 30 ans, c'est pire que de la lâcheté. Belfast ? Sérieusement ? Ce n'est pas la ville dont je me souviens. (...) Charlie Hebdo est anti-plein de chose. Mais ce n'est pas anti-arabe ou anti-israélien ou anti-immigrant. (...) C'est systématiquement, rigoureusement et parfois tristement anti-connards." -
Manazo
Il faut de tout pour faire un monde, un site, un forum... mais quand même, à lire certains commentaires par ici, on peut se dire qu'il y a une sacrée bande d'attardés parmi les anti-Charlie. Et encore, quand je dis "attardés", je fais un réel effort de gentillesse. -
BIBI
Les terroristes islamistes ont, après les attentats du 7 janvier, menacé Le Canard enchaîné d'une attaque à la hache mais n'ont à ma connaissance jamais lancé de menaces contre Libération qui pourtant a hébergé et héberge à nouveau Charlie. Pourquoi veulent-ils s'attaquer au Canard et pas à Libération? -
sleepless
Un excellent coup d'aiguille dans la baudruche Val, chez Julien Salingue.
Qui sera malheureusement aussi inutile que les précédents, tout comme le furent ceux contre BHL, autre "penseur" ayant son rond de serviette dans quasiment tous les media.
Je ne mets évidemment pas Salingue, par ailleurs apprécié, au niveau de Vidal-Naquet ou Castoriadis... -
Coin-coin l'Araignée 2·0
SABATO : Mais dites-moi, Borges, si vous ne croyez pas en Dieu, pourquoi écrivez-vous autant d’histoires théologiques ?
BORGES : C’est parce que je crois en la théologie comme littérature fantastique. C’est la perfection du genre.
SABATO : Alors, en supposant qu’il fût le Grand Bibliothécaire Universel, ce bibliothécaire qu’il a toute sa vie rêvé d’être, Borges donnerait à la Bible la première place, non ?
BORGES : Et surtout à un livre comme « la Summa Theologica ». C’est une oeuvre fantastique supérieure à celles de Wells.
in Conversations à Buenos Aires -
Thomas
Merci d'avoir relevé ce terme malhonnête de "testament". Quand j'ai lu ce gros titre a la une du site de l'Obs, je me suis dit qu'ils avaient beau ripoliner leurs pages web, ils continuaient sur le fond à utiliser les grosses ficelles d'une forme de journalisme en voie de nécrose avancée. Que ce soit fait à l'égard de Charb n'a fait que renforcer mon amertume : "Tous Charlie", ok, mais surtout, continuons à faire tourner la boutique avec des accroches putassière. La grande classe. -
F.S.
1- Des musulmans s'en prennent la gueule tous les jours alors qu'ils mènent une vie digne et honnête.
2- De très nombreux groupes ou régimes islamistes menacent la paix du monde. En France, des musulmans radicaux, dont on peut discuter du nombre, s'opposent aux plus belles de nos valeurs : liberté, égalité entre les hommes et les femmes, etc.
Les deux s'entr'alimentent, évidemment.
Peut-on avancer conjointement ces deux faits sans se faire traiter de gaucho-islamisto-rouge-brun-vert-agent-de-la-décadence (pour le 1) ou de racisto-islamophobo-sarko-lepénisto-vallsien-les-années-30-sont-de-retour ? (pour le 2). -
MireilleLoretta
J'avais cessé d'acheter Charlie justement pas à cause des caricatures de Mahomet, je m'en tape, mais à cause du battage fait notamment par Val et son acoquinage avec Sarkozy qui s'est fait mousser à cette occasion. Il y a eu aussi l'accusation de bidonnage de Denis Robert par Malka, avocat de Clearstream, et lui il est toujours là. -
Cultive ton jardin
Il faudrait rappeler et analyser le rôle probablement prépondérant que Val a joué dan la ligne éditoriale de Charlie. Val qui n'a pas laissé que de bons souvenirs au journal lui-même. Son offre de services post attentat a été poliment déclinée. Fabrice Nicolino, toujours hospitalisé et opéré à répétition depuis le 8 janvier, écrit dans son dernier billetEt maintenant, Philippe Val, que j’ai un tout petit peu connu. Comme on le sait, il a dirigé jusqu’au début de 2009 Charlie-Hebdo, avant que son ami Nicolas Sarkozy ne le propulse à la tête de France-Inter. J’ai commencé à travailler pour Charlie à l’automne 2009, et je dois dire que je n’y serais pas allé si Val avait été encore aux commandes.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne lui fait pas de cadeau dans la suite de l'article. -
Fan de canard
Aïe aïe aïe.
Il y a tellement d'histoires que vous avez eu l'occasion de "raconter jusqu'au bout", M. Schneidermann. Des occasions manquées, comme on dit.
Or, inviter les médias pour une "Une" de journal, est désormais considéré pour vous, comme une forme d'orchestration d'une "crise d'hystérie médiatique" ? comme si c'était ce qu'avait voulu dire Charb. Je ne pense pas qu'il voulait dire ça, vous voyez. Faire un lien entre inviter les médias pour une sortie de journal et la crise - à la fois - médiatique et islamique dont il parlait, il fallait l'oser. Ou plutôt, pas.
S'il y a une "notice Ikea" ici, je penche pour ma part, qu'il s'agit de votre chronique.
Comme un parfum de rétro-pédalage malvenu. -
Pat de Saint-Rémy
Quelle imprudence Daniel de terminer ce papier ainsi...
Arnaud Montebourg, récemment converti au capitalisme, bon marché mais néanmoins très brutal, va vous faire un procès en bonne et due forme !
De toute façon depuis qu'Audrey ne le tiens plus celui-là il a vraiment mal tourné !
PG -
constant gardener
"Cela s'est vu à de multiples occasions, que tel ou tel message, telle ou telle publication, passés inaperçus dans un contexte particulier, deviennent dans un autre contexte un objet de scandale incandescent."
Serait-ce une référence au sketch de Dieudonné dans l'émission de Fogiel en 2003? -
Lucas Taïeb
Comme toujours, c'est un faisceau de causes qui s'alimentent entre elles. Dire "c'est pas du tout la faute aux médias" ou dire "c'est pas du tout la faute à Charlie" revient à se bander les yeux : c'est la faute à tout le monde.
Il faut quand même reconnaître que sans la surmédiatisation mondialisée de ce genre de "polémiques" (ce que je déteste ce mot, à la longue...), Al Qaida n'aurait jamais rien eu à faire de quelqu'un comme Charb. Si demain je sors un fanzine punk confidentiel où je me moque de l'Islam et que même la presse régionale ne daigne pas avoir la curiosité de se pencher sur mon Oeuvre, j'estime avoir peu de chance de me prendre un attentat sur la gueule.
Mais on est d'accord que le problème c'est que Charlie se complaisait dans ce bain médiatique où l'important c'est de faire le buzz. Le Charlie d'origine était un contre-média, le Charlie 2000's est juste un "média satirique" (terme que l'équipe historique acceptait assez peu, pouvait certes le concéder pour plus de commodités mais avait quand même bien d'autres prétentions politiques et esthétiques, pour ne pas dire cérébrales - l'important c'était de ne surtout pas faire un journal "con").
Il faudrait que dans ce livre, Charb fasse mention du fait que publier des caricatures parues dans un journal clairement de droite voire d'extrême droite, en tout cas conservateur, était un non-sens absolu (oui je sais, je rêve un peu), sans parler du fait qu'elles était objectivement mauvaises. Imaginons qu'un dessinateur de Minute ait été vilipendé ou condamné pour le même genre de dessins, je doute fortement que quiconque de l'équipe aurait voulu se mobiliser en sa faveur et montrer l'exemple en étant solidaire de sa "liberté d'expression" !
Pour moi, le ver étant dans le fruit. Je n'ai jamais compris pourquoi il fallait adopter cette posture de "publier des caricatures parce qu'elles ont le droit d'exister". Tout a le droit d'exister, ou presque. Mais tout n'est pas à "défendre". Choisir de "défendre" certains élans plutôt que d'autres sous prétexte qu'il y avait davantage de "courage" et "d'honneur" à le faire, c'est ça qui a fait entrer Charlie dans l'idéologie à sens unique, pour ne pas dire le cynisme et le nihilisme. Un triste gâchis. -
Olivier
"Les cons et les salauds". Le mépris de classe, quoi. -
jb9000
1. Le problème, selon Charb, ce serait donc le fidèle qui lit le Coran ou la Bible comme le notice de montage d’une étagère Ikea. Ou celui qui lit de la même manière Charlie Hebdo, le livre de Charb, l’article de L’Obs ou la chronique de @si du jour. Et qui perd ainsi de vue (mais ce n’est qu’une hypothèse …) que tous ces mots et tous ces dessins n’ont pas d’autre but que d’occuper l’espace médiatique à tout prix avec un sujet destiné à durer quelques heures et à susciter quelques commentaires bien sentis en attendant le sujet du lendemain. Sauf quand ça bloque et que ça ne se passe pas comme prévu. Dans ce cas, c’est la faute à l'instrumentalisation des caricatures danoises par un groupe d'extrémistes musulmans. Mais attention, qu’on ne se méprenne pas : Charb n’était pas du tout islamophobe !...
2. Etrange démonstration pour dire que la théorie de la faute aux médias est fausse. Charb dit, si l’on comprend bien, que les médias, instrumentalisés selon lui, ont fait monter la sauce des caricatures danoises de Mahomet et de leurs conséquences. Et pour prouver la fausseté de cette thèse, on avance que nulle trace de Mahomet ne peut être trouvée dans les « 1000 unes de CH » avant la Une fatidique. Il doit manquer un maillon logique à cette démonstration, ou c’est trop fort pour moi.
3. Pour moi, il ne peut y avoir de doute que les caricatures de Mahomet et leurs conséquences sont un « évènement » créé et amplifié par les médias seuls, Charb semblant avoir oublié que Charlie Hebdo était aussi un média…
4. Pas trace d’une interrogation quant à la date de sortie de ce « testament ». Sans doute, était-ce une coïncidence que Charb ait fini son livre juste avant de mourir, et que personne n’ait eu l’idée de jeter un œil à son ordinateur depuis le 7 janvier… Et personne pour se demander si quelqu’un aurait pu écrire, finir ou modifier ce livre à sa place …
5. En effet, finalement, aucune nouvelle Table de la Loi dans tout ce raffut. Much ado for nothing.
6. Ah oui, j’allais oublier. Conformément à l’usage, il convient de rappeler que rien, ni le contraire de rien, ne saurait justifier, en quoi que ce soit, les odieux assassinats de janvier. Toujours le préciser. Toujours. En ces temps d’ordre moral, on peut se retrouver guillotiné juste pour ne pas l’avoir suffisamment rappelé … -
Météor
[quote=Charb]En vingt-cinq ans, ‘Charlie‘ est passé de la gauche à la droite. Plus les années s’écoulent, plus je me rends compte que dessiner ne sert à rien. Mieux vaut s’armer d’une kalachnikov. Si je n’avais pas été dessinateur, j’aurais été kamikaze.
C'est ce qu'il disait dans une interview quelques années plus tôt.
Comme quoi les lecteurs de livres saints n'ont pas le monopole de la pensée Ikea... -
Ervé
Qu'en pensent vos amis d'Oumma.tv ? -
DanetteOchoc
"faire recette" ?
On peut bien sûr penser que la seule raison pour laquelle Charlie a fait 7 « unes » avec Mahomet en couverture, c’est l’argent.
Ou alors, on peut aussi penser que jusqu’à l’affaire danoise, personne en occident n’avait pris la mesure des déferlements de haine et de violence que la publication d’une caricature de Mahomet peut susciter. déferlement d'absurdité, de sacré, d'anti-blasphème, de tout ce qui faisait tourner Charlie, en somme.
Admettez ici que pour Charlie, c’était une raison suffisante pour en dessiner, et en mettre en couverture. -
M.Pat
"le personnage ne faisait pas encore recette". Il est loin le DS du 8 janvier... -
KungFuPanda / GauthierR / don juan act 5 sc 2
Chouette article, mais je ne suis pas tout à fait d'accord.
Il reste la grande question : " et si une majorité des média avait publié les caricatures , Charlie n'aurait non seulement pas été une cible, mais la presse n'aurait pas perdu le territoire qu'elle vient de perdre . Les islamistes ne peuvent pas viser tout les journaux.
La compétition (et donc le manque de coopération) et la responsabilité dilué de la presse est le grand probleme de nos sociétés .
Pouvoir le plus libre des 4 pouvoirs, elle a prit en puissance dans la société moderne, tout en perdant son âme et son éthique .