Ne pas voir gaza, et le dire

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 41 commentaires

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L'Armée israélienne, depuis le 27 décembre


 
, maintient les journalistes internationaux hors de Gaza, les contraignants à filmer et photographier le théâtre des opérations à bonne distance. On l'a dit ici. On le sait depuis le début de l'offensive. Maintenir les journalistes le plus loin possible des carnages est évidemment le rêve de toutes les armées, et l'armée israélienne le réalise (elle n'est pas la première).

Etrangement, il a fallu un temps de décalage auxdits envoyés spéciaux pour le reconnaître, et le raconter. Le week-end dernier, c'est France 3 qui ouvrait son 19/20 par le récit de ces restrictions.

  

Quelques jours plus tard l'envoyé spécial du Monde racontait à son tour avec un luxe de détails le confinement dont il est l'objet. Il racontait les confrères de la sacro-sainte BBC enfilant leurs gilets pare-balles pour passer à l'antenne afin d'offrir un peu de frisson au public britannique, et les rues de la ville israélienne de Sderot transformées en "journalistland", avec chargés de communication empressés.

Jeudi soir 8 janvier, sur France 2, c'est enfin Pujadas qui, dans un grand soupir longtemps retenu, convenait que le jité ne pouvait pas raconter ce qui se passait à Gaza, n'étant pas admis à y pénétrer.

Après douze jours, il était tempspicto

Comme si le journaliste, refoulé par les pouvoirs du lieu de l'action, était toujours tiraillé entre deux tentations. Dénoncer bruyamment le refoulement dont il est l'objet. Mais aussi, contradictoirement, le cacher, à grands coups d'images-prétexte qui ne montrent rien, afin d'éviter encore et toujours de devoir prononcer l'aveu entre tous imprononçable: "je ne sais rien, puisque je ne vois rien".

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