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Catherine Gaeng
On peut aussi légitimement être indisposé par les appels du pied aux collectionneurs privés. Depuis une vingtaine d’années, l’intérêt mercantile des milliardaires pour l’art contemporain - quand bien même ils s’en défendent, chacun sait qu’ils en ont fait un placement financier - cet intérêt donc, concurrence les établissements publics et restreint leurs possibilités d'achats. Ce qui est d’autant plus déloyal que les premiers sont le plus souvent aidés fiscalement par l’État, tandis que les seconds sont priés de faire plus avec moins.
Prenons un exemple, et pas au hasard : Pinault Collection, société anonyme à actionnaire unique et à vocation défiscalisante, riche de cinq mille œuvres, dirigée par l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon (réseautage assuré), disposant de lieux d’exposition prestigieux à Venise (point de rencontre bisannuel de la fine fleur du microcosme de l’art contemporain), ainsi qu’à Paris (capitale mondiale du luxe et de l’art, et conséquemment, destination touristique des plus fortunés), dont le président, François Pinault, contrôle Christie’s (première maison de vente aux enchères au monde).
Avec de tels atouts, on fait, dans le plein sens du mot, la côte d’un artiste, voire l’artiste lui-même. Mais les musées publics doivent-ils absolument obéir aux lois du marché ? Est-il vraiment judicieux qu’ils aident les milliardaires à valoriser davantage encore leur collection par la reconnaissance qu’offre une institution nationale ? Est-ce bien le rôle de cette dernière "d’introduire une vision ambitieuse de ce qu’une collection d’art contemporain pourrait être", dixit Suzanne Cotter, directrice du Mudam Luxembourg.
Mme Cotter semble le penser puisqu’elle contacta Caroline Bourgeois, la conservatrice auprès de la collection Pinault, pour "faire dialoguer la collection du Mudam avec une autre grande collection d'art".
C’est le genre de dialogue qui s’apparente au « Dialogue des cultures » de la chaire de l’université de la Sorbonne, financée par l’Arabie saoudite, où l’intérêt économique français devise en toute décontraction avec la quête de respectabilité saoudienne...
En tout cas, avec trois œuvres prêtées (de Danh Vo bien entendu, l’un des derniers poulains de François Pinault, qui eut droit, à ce titre, à une exposition personnelle au Guggenheim Museum de New York en 2018), le dialogue se réduisit au strict minimum.
Quant à la conception de l’exposition, elle répondit tout bêtement aux impératifs du prêteur, Mme Bourgeois ne prit pas la peine de s’en cacher : "Au départ, notre venue au Mudam n'était prévue que pour fin 2019 début 2020. Comme notre chantier de la Bourse de Commerce de Paris a pris du retard nous avons décidé de venir maintenant. Pour le choix des œuvres, comme nous avons quelque peu bousculé notre calendrier, l'organisation a également été précipitée".
On comprend que M. Aillagon put se déclarer ravi de sa collaboration avec le Mudam …
(extrait d'un bouquin que je viens de publier; ça colle tellement au sujet de la chronique que je n'ai pas pu résister)
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Youri Llygotme
De même que je n'oublierai jamais l'ignoble "Mélenchon joue à saute-cadavre" commis dans MDP par Antoine Perraud et Fabrice Arfi et le dessin parfaitement dégueulasse de l'ignoble Plantu représentant Mélenchon en uniforme nazi aux côtés de la Le Pen, je n'oublierai pas non plus l'ignoble interview de Mélenchon en 2011 à Europe N°1 par un Demorand en sweat à capuche, avachi dans sa veulerie et son fauteuil
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Laurent Fizet
Bof, prendre en grand rendre en petit, c'est le principe de toutes les fondations de capitalistes depuis qu'elles existent, Lafarge l'avait remarqué au 19eme siècle.
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Bipbip
Sans doute..sans doute.
Comparer les deux hommes est à haut risque.
Et c'est une très très très mauvaise idée.
L'un est un pantin américain, l'amérique en regorge, froid comme un serpent à moitié rongé par coyotte
L'autre est un milliardaire français qui crée une collection d'oeuvre d'art avec un rare flair, retient des oeuvres qui autrement partiraient dans des musées étrangers ou d'autres collections. Et qui finiront dans les musées français.
On pourrait souhaiter d'autres canaux pour l'art..mais..
On connaît quelques artistes présents qui ne vivent que des subsides de ce riche collectionneur.
Alors à mauvaise fortune bon coeur
Ou à bonne fortune sans coeur.
Au choix.
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yop
« fantasque ou demi fou » : Musk dessine un lanceur qui revolutionne l acces a l espace, creer une marque de voiture qui accelere la transition energetique, plaide pour une taxe carbone, et ce n est pas un heritier...!
Ayant en plus une experience de ce qu est l echange de monnaie avec la creation de Paypal, peut etre pourrions nous nous interroger sur la pertinence des propos qu il tient au sujet des cryptomonnaies plutot que de le qualifier de « fantasque ou demi fou »....non?
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biscotte
Ouf, nous avons quitté les terrains minés.
Vite, renouons avec nos sujets familiers.
Tout va bien.
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Nath
Et pendant ce temps-là...
"Revenons sur ces scènes inimaginables de milliers de migrants qui ont rejoint, pour une partie d'entre eux à la nage, l'enclave espagnole de Ceuta depuis le Maroc voisin", etc, etc.. (France-Culture, journal de 12h30)
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Prométhée
Comme un parfum de Second Empire, décidément...
Que dis-je, un relent !
Mais aura-t-on notre Commune pour nettoyer tout ça ?
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Jayraymie
Je ne vois pas bien ce que Musk a à voir avec Pinault. Musk n´est ni fantasque ni à moitié fou. C´est un entrepreneur courageux et visionnaire. Pinault, qu´a-t-il entrepris, quels ont été ses risques ? Je préfère le capitalisme entreprenarial incarné par Musk que ce capitalisme financière à la sauce Pinault.
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Rémy LOURY
Joli croquis de l'ineffable Demorand, la bouche engorgée de superlatifs.
Bonne esquisse aussi du milliardaire exceptionnel mécène qui n'en oublie pas ce que compter veut dire.
Les temps ne sont plus où mettre de l'argent dans l'art était un art en soi.
On ne s'y ruine plus, on spécule. Et ce jeu rapporte souvent bien davantage que les investissements les plus raisonnables.
Excellents rapprochements à faire avec le papier sur BHL et l'argent du Qatar.
Tout se tient: le fric règne, le veau d'or se porte mieux que jamais et Belzébuth mène la danse.
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Ah bon !
Ouest-France 17/05/2021
Pour clore l'entretien avec F. Pinault:
"Qu'aimeriez-vous qu'on retienne de vous ?
Que j'ai osé "
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DéLecteurdeVraiThé
Il y a aussi des artistes dans le monde de l'économie
il faudrait un musée pour les accueillir
ou mieux un Panthéon "Aux grandes sommes, la patrie reconnaissante"
car qui donc qu'un Artiste pourrait imaginer une idée comme celle qui sévit depuis quelques temps chez Bojo
Je t'vire et je t'réembauche
Fire and Hire
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Tristan Le Gall
François Hollande (pour qui Pinault a voté en 2007)
C'est en effet le pouvoir absolu du caprice: Voter François Hollande en 2007, alors que celui-ci ne s'est présenté qu'en 2012. Même le Temps cède aux caprices de Pinault ! Gloire à notre bon maitre !
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JPP
Demorant lui a quant même reprocher que l'équipe de Rennes était 7eme en championnat
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Paddy
En somme, pour faire du lard cochon, il n'y a même plus besoin d'art porc personnel. (Je sais, c'est mauvais, mais est-ce que ça mérite plus ?) C'est le contribuable qui banque. Et qui continuera de banquer pour visiter.
A part ça, ça commence à donner des envies de meurtre, le choix des invités du duo magique des matinales de F.I. Un épidémiologiste, un patron. Un épidémiologiste, un patron. Axel Khan, un patron. Un épidémiologiste, un ministre. Un réanimateur, un député de LREM. Retailleau, un patron. Le directeur d'AEP, un député de LREM. Un ministre, un candidat LR aux régionales. Etc... Un Quatennens, oui, de temps à autre. Faut bien montrer les crocs parfois, pour justifier qu'on est un interviewer "mordant". Le pluralisme de F.I., mon arrière-train.
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Fran?ois Chevret
Plus de 10 000 œuvres achetées par François Pinault, on a du mal à comprendre le point de vue du collectionneur. On est plus proche du prédateur qui achète frénétiquement
Quand au rapport aux artistes, c'est juste effrayant.
C'est exactement ce qui s'est passé avec les frères Saatchi en angleterre, les publicitaires des campagnes de Margaret Thatcher, qui achetaient en masse de l'art contemporain, ils avaient même créer un mouvement "Young British Artists" (Damien Hirst). Ce doux mélange entre monde de l'argent et art contemporain Communication et spéculation. Ils n'achetaient pas une œuvre, mais ils achetaient toute la production d'un artiste.
À l'exemple de François Pinault avec Claire Tabouret qui venait de sortir des Beaux Arts et qui exposait dans une petite galerie du Marais, Isabelle Gounod. Dans l'après midi, Pinault a appelé la galerie pour les prévenir de sa venue, le soir même, il a tout acheté, tout, on ne choisit pas. En quelques heures, tous les collectionneurs de Paris étaient au courant. Ils sont tous venus le lendemain pour acheter ce qui restait de dessins et autres travaux préparatoires. Ils était clair que la côte de Claire Tabouret allait explosé.
Quand on entend François Pinault raconter comment il parle à Claire Tabouret, "Il faut grandir, aller à Los Angeles maintenant !” On sent l'emprise, car du jour au lendemain (c'est ce qui est arrivé avec les frères Saatchi), il peut tout revendre et faire écrouler la côte d'un artiste. D'autant que Pinault est présent à tous les stades de la chaîne. Jusqu'à la salle de vente Christie's qui possède depuis de nombreuses années.
Depuis la fin des années 80, François Pinault a largement participé comme acteur à ce que l'art contemporain ne devienne plus qu'un support à spéculation financière. C'est plus ou moins le même parcours que les frères Saatchi. Avec les mêmes travers, le côté faiseur de tendance.
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Ervé
Cette reproduction monumentale de l'enlèvement des Sabines est lourdement symbolique.
On peut y voir les personnages de Pinault père et fils violentant la fiscalité.
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Esteban
J'arrive encore à être surpris que Domorand ne parle pas de cette enquête pour fraude fiscale. Et pourtant, je ne devrais pas je sais.
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KE-SAIS-je
" Pourquoi construire des déchetteries quand les musées d'art contemporain font l'affaire " ( Pinault Q. ou A. Nonyme )
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Brenda Relax
Tout ça me fait penser à la formidable présentation des jeux Bioshock par ALT 236. Ces jeux qui se déroulent dans des mondes créés par des hommes "libérés" de tout carcan religieux et politique, et qui peuvent révéler leur potentiel sans entraves. Le rêve néolibéral, qui tourne au cauchemar.