métro, boulot, dodo : TF1 prête pour la reprise

A la différence du confinement, il ne sera pas dit que le déconfinement nous prendra en traître. Après la polyphonie des éditorialistes sur le déconfinement-youp la boum, le 20 Heures de TF1 prend le relais dimanche soir : toute la France est prête. Toute ? Enfin presque. Disons, au moins la France des dircoms, des ministres, et des patrons.

Métro, boulot et dodo piaffent de reprendre. Le métro ? Dirigeants de la RATP, Transdev et Keolis se  bousculent (finalement) sur les plateaux et devant les caméras. A Paris, les pulvérisateurs de détergent dans les bus pulvérisent en scaphandre. Bidon de douze litres au dos, les distributeurs de gel hydroalcoolique attendent le voyageur dans une trentaine de stations de métro. D'ailleurs dans l'après-midi, la présidente de Région Pécresse, et les ministres Borne et Djebbari les ont inaugurées en direct sur BFM, c'est dire si le dispositif est au point. Le métro de Lyon est prêt (sans blocage de siège, car les wagons sont larges). Les tramways d'Orléans sont prêts, nous dit le maire masqué (et d'ailleurs, cet été, pourquoi ne pas visiter Orléans, dans le cadre des vacances culturelles, apprenantes et durables ?) Les premiers reportages du lendemain matin montreront une réalité différente, mais on ne le sait pas encore.

Au boulot, tout va bien. Au moins dans le tertiaire. La coiffeuse est prête. Les flacons de gel piaffent dans les magasins de vêtements (où il sera possible de privatiser une visite, sur rendez-vous).  Dans les bureaux, les marquages au sol sont prêts. D'ailleurs la société qui fabrique les poubelles (en carton ) à masques usagés, et les marquages au sol, s'est réinventée, et tourne à plein régime. La technologie qui permet de toucher en toute sécurité les écrans tactiles est développée "et nous voilà déjà à imaginer le dialogue renoué devant une machine à café aseptisée". L'architecte qui imagine le bureau de demain est prêt, "un bureau où on ira par plaisir et pour rencontrer les autres".  

"La grande majorité des entreprises sont prêtes à accueillir les salariés" se félicite le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, invité du journal. Le cas de l'usine Renault de Sandouville, fermée pour une semaine sur décision judiciaire pour cause notamment de convocations irrégulière des élus du personnel, est évacué d'un mot. " Est-ce que vous craignez la confrontation sociale dans les semaines qui arrivent ?" demande Anne-Claire Coudray. Mais non, voyons !

Reste le dodo, c'est à dire les loisirs. Les petits hôteliers sont prêts, même si les palaces s'apprêtent à "souffrir" sans les touristes chinois. Le château de Chambord est prêt. Ne manquent plus, finalement, que les clients. A eux de se montrer à la hauteur. Les entreprises, dit Roux de Bézieux, ont fait des efforts "en achetant des dispositifs de sécurité, du gel, des masques, des visières". Maintenant, "faut que les clients fassent des efforts. On a besoin que les clients reviennent, et que les Français passent leurs vacances en France". TF1 a fait ce qu'il fallait.