Meghan : la monarchie à la découpe

Qui eût cru que le mouvement antiraciste mondial adopterait pour icône Meghan Markle, ci-devant duchesse de Sussex (je dis ci-devant, car j'ai compris que le titre devait lui être prochainement retiré, même si je ne suis pas spécialiste de ces choses). Cette iconisation s'est accomplie hier soir  devant la co-icône de la télévision étatsunienne Oprah Winfrey (selon le Wall Street Journal, l'entretien a été négocié entre 7 et 9 millions de dollars. Ne faites pas semblant de ne pas être intéressés, il sera diffusé ce soir sur TMC). Du potentiel d'icône de la duchesse métisse exilée en Californie, il suffit de cet extrait pour être d'emblée convaincu.

L'AFP, qui a publié cette nuit au moins dix alertes sur les multiples révélations de l'entretien, place sur le même plan "Elle n'a pas fait pleurer Kate" et les "inquiétudes au sein de la famille royale sur la couleur de peau de son fils" Archie, septième dans l'ordre de succession au trône. Ces "inquiétudes", précise la duchesse, seraient la raison pour laquelle le Palais a refusé d'accorder une protection au baby, né en 2019. Meghan Markle n'a pas précisé qui, dans la Firme, a émis ces "inquiétudes", que lui a rapportées son mari, au motif, dit-elle sans rire, que "ce serait très dommageable pour eux". Pour quelques millions supplémentaires, peut-être ?

 L'accusation voilée de racisme est ravageuse pour la monarchie qui, en éjectant les Sussex, vient de laisser passer l'occasion de se métisser un peu, pour le plus grand bénéfice de l'attachement à la Couronne des populations du Commonwealth, comme elle souligne elle-même. Pour rappel, cette accusation survient un quart de siècle après l'émission de 1995 qui avait fait de Diana une sainte et martyre, et à propos de laquelle la BBC vient d'ouvrir une enquête indépendante, son journaliste étant soupçonné de l'avoir obtenue par des moyens déloyaux.  Mais tout va bien, puisque la matière d'une nouvelle saison de The Crown est là, sous nos yeux, pré-achetée par Netflix aux protagonistes eux-mêmes, qui la vendent désormais à la découpe, vive les circuits courts !