marée noire, BP, Goldman Sachs : comme le monde est petit !

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 46 commentaires

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Tiens, revoilà Goldman Sachs ! Et pas dans un article consacré à la crise grecque.

Dans une enquête sur la marée noire américaine, et plus précisément la chute de l'action BP (-12%). Comme le monde est petit ! Goldman Sachs, nous apprend Le Monde, avait tenté de peser de tout son poids, pour enrayer cette chute. "La City a fait la sourde oreille", explique Marc Roche, correspondant du Monde à Londres. Les analystes de Goldman Sachs sont pourtant "jugés les meilleurs du secteur pétrolier", mais "dans cette affaire, Goldman Sachs est perçue à la fois comme juge et partie. Lord Browne (l'ancien directeur général de BP, NDR) est administrateur de la banque d'investissement, tandis que Peter Sutherland l'ex-président de BP, préside Goldman Sachs international". Si l'on comprend bien, BP a donc infiltré Goldman, comme Goldman a infiltré le gouvernement américain.

Cruels marchés ! La réaction de BP à la marée noire, reconnaissant quasi-immédiatement sa responsabilité, et annonçant qu'elle paiera, est pourtant saluée, relate Rue89, par tous les spécialistes de la com' de crise. En annonçant qu'elle assumerait ses responsabilités, mettrait la main à la poche, paierait tout et le reste, jusqu'au démazoutage du dernier héron, en embauchant des pêcheurs de Louisiane devant les caméras pour lutter contre la marée noire (avant même de savoir exactement comment les employer), BP a même grillé la politesse à Obama, qui n'a pu que répéter "BP paiera", ce que la compagnie avait déjà annoncé.

Chapeau les artistes. Alors que les caméras du monde entier étaient braquées sur la nappe de pétrole, la magnifique gestion  de crise de BP a occulté toutes les questions gênantes, et par exemple celle-ci, posée au coeur du même article du Monde : l'actuel directeur général de BP, Tony Hayward, a supprimé depuis son arrivée 5000 emplois dans l'entreprise. Comme l'explique Roche dans ce style inimitable du journalisme financier, "dans la city, de l'avis général, Tony Hayward a effectué un parcours sans faute sur le volet de la création de valeur à l'actionnaire". " "A l'écouter, ajoute Roche, le budget sécurité n'aurait pas été touché par cette mise au régime. Une affirmation qui laisse les organisations écologiques largement sceptiques". Ah tiens ! Les a-t-on entendues quelque part, ces "associations écologiques sceptiques" ? Patience. Il sera bien temps de les interroger, quand la marée noire de Louisiane sera sortie du champ de vision.

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