Macron : Pujadas en exil intérieur

Daniel Schneidermann - - Médias traditionnels - Le matinaute - 34 commentaires

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Au soir de la présentation (enfin !) de son programme, Macron déboule chez Pujadas.

Ah, François Lenglet va le tailler en pièces, le beau programme. Il va nous faire du Lenglet. Avec son cheval et son grand chapeau. Avec ses chiffres et ses grands tableaux. Macron écoute, silencieux. Jette des regards anxieux à l'écran de retour, situé face à lui. Suis-je déjà filmé ? Dois-je sourire ? Afficher une moue gourmande ? Retour, mon beau retour, dis-moi par quelles ripostes faciales puis-je accueillir les critiques de Lenglet ?

Macron regardant son écran de retour. Capture-écran acrobatiquement saisie au vol par le matinaute.

Et puis, pas vraiment. Lenglet note sobrement que le programme de Macron est affligé d'un "talon d'Achille" : beaucoup de dépenses nouvelles, et un certain flou sur les recettes. On l'a connu plus pugnace. Lenglet a enfin rencontré un programme lengletien.

Et puis... et puis Lenglet s'en va. Le grand Lenglet. Le beau Lenglet. Avec ses chiffres et ses grands tableaux. A-t-il un train à prendre ? Au moins, il laisse à Pujadas les coudées franches, pour poser les questions qui tuent. Et c'est parti pour un bombardement d'accents toniques pujadiens. "Une question sur VOTRE conception des choses. Si VOUS étiez mis en examen, est-ce que vous renonceriez à être candidat ?" (Spoil réponse : oui). "C'est un moment important pour vous. Vous êtes depuis quelques jours le favori. Vous êtes extrêmement jeune. Beaucoup se posent la question Est-ce que vous êtes PRET ? Est-ce que vous êtes PRET ?" (Spoil réponse : oui). Mais il ne va pas s'en tirer ainsi, le Macron. "Vous n'avez pas le vertige parfois à l'idée de diriger la cinq ou sixième puissance mondiale ?" (Spoil réponse : non). "Vous savez ce qu'on dit de vous. On dit que vous êtes un séducteur. Est-ce que vous êtes prêt à déplaire, parce que décider, c'est trancher ? (Spoil réponse : devinez vous-mêmes). Etc etc.

Et puis, sans doute épuisé, Pujadas part en vacances. En retraite méditative intérieure. Il lui laisse les clés du plateau. On n'entend plus que le ronron macronien. Numérique. Prudhommes. Entreprenariat. Réforme en profondeur dès les premières semaines. Hypothèse robuste. De ce ronron, surnage tout de même un indice. "Je regrette que François Lenglet ait quitté le plateau. J'aimerais poursuivre le débat". Pujadas, réveillé en sursaut : "sans doute dans quelques semaines". Ah, c'était donc ça. Il ne fallait pas déflorer le futur duel à l'épée de la future grande émission de prime time. Ni déflorer non plus le duel du lendemain matin, du même Lenglet interrogeant le même Macron...sur RTL. Inconvénients du cumul.

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