Les deux affaires Cahuzac
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 84 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Allez directement à l'avenue de Breteuil ;
ne passez pas par la case Genève ; vendez immédiatement votre clinique : au tour du Canard, de se pourlécher sur une pleine page du vaudeville Cahuzac. Entre les implants des quinquagénaires socialistes dans la clinique du cheveu, le divorce croustillant du ministre, son remariage-mystère avec la fille de la femme de Michel Drucker, et l'escouade de privés à la Pétillon qui se bousculent dans les tavernes de Villeneuve-sur-Lot, comme on s'amuse !
Racontée par Match, par le JDD ou par Le Canard, l'affaire, il faut bien le dire, est autrement plus rigolote que narrée par le seul Mediapart. Pour un peu, ce ne serait pas la même affaire. Il faut dire que les premiers articles de Mediapart, les coquins, nous avaient bien caché son arrière-plan vaudevillesque, ne s'intéressant qu'au compte suisse.
Pour autant la profusion des récits vaudevillesques n'est-elle qu'une opération de diversion, visant - schéma connu - à noyer l'essentiel (le ministre en charge de la lutte contre l'évasion fiscale est lui-même un évadé fiscal) sous un amoncellement de détails distrayants ? Oui et non. L'apparition, comme au bain de révélateur, du portrait sociologique d'un ministre socialiste donne une image révélatrice du personnel politique hollando-ayraultien. Mais encore faudrait-il que ces détails ne masquent pas l'essentiel, qui se résume à une question simple : le ministre a-t-il été détenteur d'un compte en Suisse ? Si la réponse est oui, sa démission immédiate s'impose. Et même dans le doute désormais semé, sa situation est intenable, comme nous l'écrivions ici dès lundi. Pour en avoir le coeur net, l'administration fiscale devrait porter plainte. Et cette administration est dirigée par un nommé Cahuzac Jérôme, dont il est peu probable qu'il porte plainte contre l'ex-maire de Villeneuve-sur-Lot. La situation de conflit d'intérêts est donc patente, même si cet élément scénaristique, reconnaissons-le, se prête moins au vaudeville.