L'éleveur californien, son cheval et France 2

Daniel Schneidermann - - Médias traditionnels - Le matinaute - 205 commentaires

Et pendant ce temps, l'eau est déjà rationnée dans certaines régions de Californie. Et pendant ce temps, on abat des milliers de fruitiers, faute de pouvoir les irriguer. C'était l'objet d'un reportage de France 2, sur les conséquences de la sécheresse désormais endémique en Californie. Images saisissantes de sols craquelés, et d'arbres arrachés au bulldozer.  Sont interrogés un éleveur, un exploitant d'arbres fruitiers, et un industriel du forage. Et aussi, à la fin du reportage d'Agnès Vahramian, la correspondante de la chaîne aux États-Unis, une habitante victime de la pollution de l'eau, Rebecca Quintana.  

Tous victimes, à égalité. L'éleveur a dû vendre des bêtes, faute de pouvoir les nourrir. L'exploitant de fruitiers doit arracher cinq mille de ses pêchers et de ses amandiers. Le foreur, qui doit creuser de plus en plus profond, se plaint de l'énervement de ses clients. Quant à la victime de la pollution, elle doit recevoir son eau potable en jerrycans, réservant son eau courante à la vaisselle.

Tous victimes. "Jamais vu cette réserve d'eau asséchée au mois de mai. Chaque goutte qui est tombée a été absorbée par le sol" dit l'éleveur, abrité du soleil par le chapeau réglementaire, et interrogé par France 2 sur son cheval. "Peu de neige dans les montagnes de la Sierra Nevada" confirme la journaliste. Et les causes ? Rebecca Quintana accuse "l'agriculture intensive", mais la journaliste prend bien soin de préciser que c'est elle qui le dit. L'exploitant de fruitiers n'est pas interrogé sur son usage des pesticides. Le foreur n'est pas interrogé sur la surexploitation des nappes phréatiques. 

Bref, tout est montré des spectaculaires et dramatiques conséquences de la sécheresse pour l'agriculture. Les causes, comme d'habitude à la télévision, il faut aller les chercher ailleurs, par exemple dans un article sur le même sujet de Reporterre. "Une combinaison de facteurs - dont une sécheresse sévère à extrême à très court terme et le changement climatique à long terme - concourent à un risque exceptionnellement élevé pour la majorité des endroits potentiellement inflammables en Californie",explique un climatologue. Et pourquoi la fonte des neiges ne vient-elle pas, comme elle devrait, grossir le fleuve Sacramento ?  "Le sol sous la neige est tellement sec et craquelé qu’il n’y a pas de ruissellement" confirme le même climatologue, que n'a pas rencontré France 2. C'est malin : du coup, on ne sait même pas s'il porte un chapeau.



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