Le Pen : divine fournée !
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 198 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
C'est la fournée qui ne passe pas. Leur soulagement, à tous,
quand Marine Le Pen condamne enfin la dernière éructation de son père. Cette "fournée", dans laquelle le Menhir veut inclure Bedos (Guy), Madonna, Bruel, on ne sait qui encore, non décidément, cette fournée ne passe pas. Et toutes les chaînes de diffuser voluptueusement les condamnations de Collard, Aliot, et de la Patronne en personne. Et chacun de tamtamiser, sans rire, l'explication de Bleue Marine : certes, papy n'a absolument pas voulu dire ce qu'on lui fait dire, mais tout de même, quelle faute politique ! Vous pensez que j'exagère ? Voici la citation, dans le texte : "«Je suis convaincue que le sens donné à ses propos relève d'une interprétation malveillante. Il n'en demeure pas moins que, avec la très longue expérience qui est celle de Jean-Marie Pen, ne pas avoir anticipé l'interprétation qui serait faite de cette formulation est une faute politique dont le Front national subit les conséquences". Papy n'est pas antisémite, ne veut gazer personne. Juste gâteux. Alleluia !
Cassez la Une, bouleversez les conducteurs : "pour la première fois, Marine Le Pen condamne..." Cette "faute politique" est le plus beau jour de leur vie. Enfin le Soudard redevient le repoussoir absolu, celui de "Durafour crématoire" et du "Détail", le coupe-gorge à effrois, grâce auquel on va pouvoir faire semblant de re-croire à la Dédiabolisation, et continuer de vendre la soupe du "tout a changé avec Elle". La dose d'opportunisme tactique qui entre dans la condamnation de Bleue à l'heure où elle se cherche des alliances au Parlement européen, où elle s'évertue à séduire Farrage, à paraître présentable, on y réfléchira demain, plus tard, après le pont. Il sera bien temps.
Ils n'attendaient que ça. Quel soulagement ! Enfin, on va pouvoir envisager de penser sérieusement à la traiter normalement. Car il va bien falloir, un jour ou l'autre, normaliser les relations. C'est bien joli, la Résistance, mais on ne va pas passer sa vie à Guernesey. Il va bien falloir que les flashes info flashent, que les éditorialistes éditorialisent, que le 20 Heures vingteurise, il va bien falloir, sous la Préférence Nationale comme avant, se faire des sources, respecter le "off", collecter les ragots de coulisse, giesbertiser les belles citations saignantes pour en faire de beaux livres, avec elle comme avec les autres. On ne pourra pas tous émigrer au Canada, il va bien falloir survivre, pactiser pour continuer. Tout pousse à la normalisation. Divine fournée !