Le Monde, ou l'autocritique sucrée
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 29 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Maudites soient les rentrées
: j'avais raté le grand mea culpa de pré-rentrée du Monde. Car Le Monde, en la personne de sa médiatrice Véronique Maurus, a battu sa coulpe. Bruyamment. Spectaculairement. Sans arrière-pensées. Sans restriction. Sans se chercher de fausses excuses. Quand Le Monde se trompe, Le Monde admet qu'il se trompe. L'honneur du journal est à ce prix.
Et Le Monde s'est trompé, bel et bien trompé, sur un sujet d'importance : la date de création du sucre en morceaux. C'est notre Sherlock Com', sa loupe sur le nez, qui relevait l'affaire dans sa chronique d'hier. La coupable : une journaliste, qui s'est contentée de recopier le dossier de presse du "Centre d'études et de documentation du sucre", respectable organisme des entreprises du secteur, datant la naissance des petits parallèlépipèdes d'il y a exactement soixante ans. Or, la présence du sucre en morceaux en Europe occidentale est attestée dès le 19 e siècle, et un déluge de lettres de lecteurs s'est abattu sur la médiatrice, qui a assaisonné la coupable d'une engueulade salée. Faudrait voir à pas confondre information et communication, tout de même !
Voilà. Pour le reste, on attendra. Le reste ? Par exemple l'alarme bidon, que nous relevions ici-même, lancée par Le Monde à la Une, à propos de contaminations volontaires d'adolescents à la grippe A, en Grande Bretagne ou aux Etats-Unis (ou dans les deux pays). Ces contaminations volontaires, nous le disions, sont parfaitement imaginaires, mais la médiatrice n'a pas encore trouvé le temps de le révéler à ses lecteurs. Ou bien, toujours à propos de la grippe, inépuisable sujet de Unes alarmistes, la dramatisation du titre d'une interview du spécialiste des épidémies, Antoine Flahault. Tous sujets bien moins importants que la date de la création du sucre en morceaux.