Le mini Baden Baden de Fillon

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 79 commentaires

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Une page d'Histoire, pour faire concurrence

à Mathilde Larrère. Le 29 mai 1968, après un mois de barricades et de pavés, le général de Gaulle disparut. C'était un mercredi matin, jour du Conseil des ministres. Ni le Premier ministre Pompidou, ni ses conseillers, ni personne, ne savaient où il était parti. En panique, on appela Colombey : il n'était pas à Colombey. Quelques heures durant, coururent les rumeurs les plus folles, de démission, ou de coup d'Etat militaire. Il reparut le soir. Après de longues années de recherches et de controverses, on s'accorde aujourd'hui à considérer que le Grand Homme avait simplement eu une sorte de coup de mou. Il était allé se réconforter à Baden Baden, auprès d'une sorte de nounou en uniforme et képi, nommée Jacques Massu, général, par ailleurs commandant les forces militaires françaises en Allemagne. Cette spectaculaire disparition réveilla la "majorité silencieuse", et c'en fut fini de Mai 68 (je résume, bien sûr).

Consciemment ou inconsciemment, c'est peut-être une sorte de mini Baden Baden qu'a tenté hier Fillon, dans le cadre plus limité du quartier de la Porte de Versailles (Paris), annulant sans explications sa visite au Salon de l'Agriculture, et faisant courir, une matinée durant, dans la volière médiatique, les rumeurs les plus folles (un remplacement par Baroin, imaginez). Bien joué. Les télés et la presse auraient pu titrer sur les prochaines mises en examen de François et Penelope Fillon. ils titreront sur "l'assassinat politique" dénoncé par le candidat en perdition. Comment s'est déroulée l'opération, nous le racontons ici.

Evidemment, la ruse ne sauvera pas Fillon. Elle a même, comme le note drôlement Le Monde, l'effet collatéral de lui "manger" du temps d'antenne audiovisuel, une partie du temps consacré au Penelopegate étant considérée comme consacré à sa campagne. Absurde comptabilité ? Oui et non. Une journée durant, les autres candidats sont passés à la trappe médiatique, à commencer par ce pauvre Benoit Hamon, qui a l'idée saugrenue, après trois petites semaines de négociations avec EELV, de tenter de mener une vraie campagne, par exemple en Bretagne, où il était hier, pour parler de services publics, d'extraction de sable (sujet où s'ensabla Macron), de biotechnologies, de déserts médicaux, et d'autres thèmes futiles, dont tout le monde se fiche bien.

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