Laure Closier, une post-réac sur BFMTV
Daniel Schneidermann - - Médias traditionnels - Le matinaute - 69 commentaires
"Les vacances d'été seront-elles gâchées par les grèves des transports ?",
demande Laure Closier sur BFMTV. Un autre jour, s'alarmant d'une intention prêtée à Emmanuel Macron de taxer les "super profits" des "super profiteurs de crise" (il y aurait fait allusion trois fois, "en privé"
), elle assure que "nous avons besoin des super profits de Total"
. Pourquoi ne pas taxer plutôt Amazon ou Netflix ? A propos des mesures sur le pouvoir d'achat, elle s'insurge contre la tentation de "faire payer plus aux plus riches, ce qui serait une rupture du principe d'égalité. Si on n'est plus égaux face à l'électricité, pourquoi pas face au pain et aux fraises ?"
Hier encore, Laure Closier défendait Emmanuel Macron dans les révélations sur les "Uber files", estimant qu'il avait pleinement joué son rôle de ministre de l'Économie. "S'il est là pour faire ce que doit faire un ministre de l'Économie, vous êtes là, vous, pour faire ce que doit faire un éditorialiste sur BFM Business. Il n'y a que vous pour ne pas voir le scandale !",
lui balance François Ruffin. Laure ne se fâche pas pour si peu. Tweet immédiat de rebond : "Venez sur BFM business
, on est plein d'affreux méchants, mais on aime bien débattre (même avec les autres affreux)."
"S'il n'y avait pas eu de grèves, il n'y aurait pas de vacances",
lui a aussi répondu sur Twitter un mauvais esprit bolchevique. Une thatchérienne ordinaire ? Oui, si l'on n'écoute que les paroles. Mais Laure Closier, journaliste économique passée parAsset management magazine, Agefi, CFnews
et Program33
est d'un nouveau type, inédit. Ébouriffée, avec ses frisettes fofolles, sympa, prenant les femmes à témoin : c'est une femme ordinaire, qui fait appel à son vécu, plutôt qu'à son savoir. Sur l'inflation : "Tout le monde constate en faisant ses courses, qu'on achète un cahier ou du saumon, ça monte."
Mais c'est à propos des grèves de transports, qu'elle campe le mieux son personnage : "Je vais vous parler de ma vie. Demain, mes enfants prennent le train. Le 6 juillet, c'est pile le jour qu'a choisi la SNCF pour faire une grève. La chance ruisselle sur moi : j'ai reçu un texto de la SNCF, mon train va rouler."
Elle a eu moins de chance avec l'avion : "J'ai le mal des transports, j'aime pas conduire, j'avoue, j'avais pris un billet d'avion pour un vol intérieur. Mail ce soir : mon vol est annulé. Conclusion, si vous me croisez avec deux valises, deux mômes, un chat et une grand-mère sur une aire de co-voiturage, je promets de faire la conversation, mais prenez-moi".
Aux antipodes du réac masculin, sévère à la Nicolas Doze, sentencieux à la Barbier ou apocalyptique à la Aphatie, Closier est la post-réac, la réac desperate housewife
, avec son chat et sa grand-mère, culpabilisée comme tout le monde par la méchante écologie punitive, la réac, avouez, que vous êtes au fond de vous, Madame.
Périodiquement, l'argent grille les vaillants défenseurs qu'il envoie au front des plateaux télé (voir les malheurs de Nicolas Bouzou). Il a toujours besoin de troupes fraîches. Il a trouvé sa défenseuse, au moins pour l'été (sauf si elle arrive finalement à partir en covoiturage).