Lapix, ses questions, ses impasses

Daniel Schneidermann - - Médias traditionnels - Le matinaute - 93 commentaires

Surprise au matin : Anne-Sophie Lapix est un des sujets les plus discutés sur mon réseau social addictif préféré. Plus précisément, des twittos l'ont jugée mardi soir trop agressive face à Jean Castex. Interview visionnée, la présentatrice du 20 heures de France 2 a simplement fait son travail, sur les trois sujets retenus (le meurtre du policier d'Avignon et ses suites, le plan de déconfinement, et les élections régionales en PACA). Elle l'a repris sur le nombre de créations de postes de policiers, sur les incohérences de Macron à propos du vaccin Astra Zeneca, elle l'a poussé sur sa responsabilité personnelle dans une éventuelle déroute LREM aux régionales. Bref, rien d'autre que le boulot ordinaire. Rien à signaler.

Si l'interview est affligeante, c'est plutôt par sa hiérarchie de l'information, et par ses impasses. Sur le déconfinement, par exemple, Lapix a retenu de la dernière interview de Castex au Parisien la certitude que "nous sommes en train de sortir durablement de la crise sanitaire". Mais pas davantage que tous ses confrères, elle n'y a relevé une autre phrase : "le port du masque sera sans doute, à l'avenir, un moyen de protection naturel, au-delà de la covid. Evidemment pas de façon permanente, obligatoire, partout et tout le temps, comme aujourd'hui. Il pourrait entrer dans les habitudes en Occident, notamment en période de grippe hivernale." Il faut croire que cette perspective ne mérite pas d'être creusée. En revanche, on est priés de s'intéresser à la grave question des boîtes de nuit. Dites-nous bien, Monsieur le Premier ministre, si elles seront réouvertes pour les vacances ! Quant aux régionales, on laisse le bon Castex gesticuler à l'avant-scène dans son rôle assigné de rempart contre le Rassemblement National, mais pas un mot sur le tweet-aveu de Guérini, que je relevais hier.

Et puis, il y a les sujets qui n'existent tout simplement pas. Selon certaines rumeurs, on compterait les morts par dizaines à Jérusalem et à Gaza, mais manifestement, personne n'attend rien du gouvernement français sur le sujet, pas davantage la télé publique que les télés privées.


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