L'Afghanistan, sujet interlude
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 22 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Tiens, revoilà "l'entourage" de Sarkozy.
Providentiel "entourage". Obama fait pression pour que la France envoie des soldats supplémentaires en Afghanistan (Le Monde croit même savoir que le prix Nobel de la paix demande à la France 1500 soldats supplémentaires). Que va répondre l'Elysée ? "C'est non", affirme au journal de 8 heures le sarkologue Jean-François Achilli, sur France Inter. "Rien n'est exclu"réplique Alain Barluet, dans Le Figaro. Synthétisons donc la claire et courageuse position française. La France enverra bien des renforts, mais dans un futur indéterminé Ils seront déployés sur place, mais en restant dans leurs cantonnements. En tout état de cause, l'envoi de renforts n'est absolument pas une priorité, ce qui ne veut nullement dire qu'il soit exclu (pour mémoire, ce n'est pas le premier couac du gouvernement, sur ce sujet hautement sensible).
Confrontée à une duplicité comparable de son propre gouvernement, soupçonné à l'inverse de nourrir un plan secret de retrait, la presse britannique, voici quelques semaines, ne s'était pas privée de le tailler en pièces, comme le rappelait la revue de presse internationale de Gilles Klein. De la même manière, les enquêtes sur l'achat par l'armée de la neutralité talibane, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, ont fait la Une en Grande Bretagne plusieurs jours de suite. Et si des parents de soldats britanniques avaient pris la même initiative inouïe et sans précédent que, récemment, des parents de soldats français (attaquer l'armée en justice), on imagine les polémiques, les enquêtes, les interpellations, les manchettes.
Le journaliste britannique est une espèce étrange, qui considère que l'exercice, par le pouvoir, de son droit régalien consistant à envoyer des hommes à la mort, constitue un sujet digne d'intérêt pour ses lecteurs et ses auditeurs (les médias britanniques en sont d'ailleurs justement punis par le public : ils se vendent bien). Rien de tel en France, où l'envoi de renforts dans un bourbier meurtrier et vraisemblablement ingagnable ne mérite guère de meilleur statut que celui d'actualité interlude, bouche-trou, dans les pauses laissées par le débat chewing gum sur l'identité-minaret-burqa-votation.
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