Municipales : la poussée et les savonnettes

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 78 commentaires

Et Macron ? s'interroge fiévreusement France Inter dimanche soir dès 20 heures, à peine connue la victoire d'Edouard Philippe au Havre. Qu'est-ce que ça va changer pour Macron ? Va-t-il être obligé de garder Edouard Philippe ? Autrement dit, les résultats nationaux des élections municipales ne sont pas encore connus, que les journalistes politiques parisiens n'ont déjà en tête que la présidentielle de 2022. Comme ce matin encore, Léa Salamé à la future nouvelle maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian : "Vous avez gagné sans union de la gauche, faudra-t-il vous allier avec le PS pour 2022 ?" Et la même de demander au socialiste Olivier Faure pourquoi personne, à gauche, ne "se détache" pour 2022.

Autrement dit, très bien, cette "poussée" écolo dans les grandes villes, parfait, on est contents pour les petits oiseaux, mais tournons maintenant la tête vers les choses sérieuses - d'autant que le taux d'abstention démonétise ces résultats.  Une trouvaille, ce terme de "poussée", qui revient mécaniquement toute la soirée. A lui tout seul, il dit que les victoires des listes de gauche unie menées par les écologistes de Bordeaux, Lyon, Strasbourg ou -peut-être- Marseille, ne sont qu'une étape, rien de plus, dans un effort continu, qui ne pourra trouver sa conclusion orgasmique que dans la présidentielle. Ne soyons pas injuste. Sur LCI, c'est le présentateur qui houspillerait presque la porte-parole EELV, Sandra Regol, pour insuffisance d'exubérance. Tout de même, Lyon, Bordeaux, Marseille !  Et elle : "Vous voulez que je monte sur la table ?"

Tous ces nouveaux noms, qu'il va néanmoins falloir apprendre ! "Je crois que c'est lui, sous le masque blanc", suppose le présentateur de LCI, tandis que le futur maire de Bordeaux Pierre Hurmic arrive à la mairie, porté par la foule. Eh non, même sans masque, personne ne connaît le visage du maire de Bordeaux, ni du maire de Lyon, ni de la maire de Strasbourg, et sans doute beaucoup de leurs électeurs, ce qui ne les a pas empêchés d'être élus. Le contraste est d'autant plus fort avec le naufrage des savonnettes médiatiques. Agnès Buzyn ne sera même pas conseillère de Paris, pas davantage que l'étoile filante Gaspard Gantzer, ex-chargé de com' de François Hollande à l'Elysée, qui a squatté sans succès les pages de journaux et les accueillants plateaux de l'info continue. Faute, à ce stade, de pouvoir en tirer d'autre enseignement pertinent, j'en tire déjà celui-ci : la notoriété médiatique n'est pas forcément convertible en popularité politique. Ce qui ne les empêchera nullement de continuer à y croire.


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