Kim Jong-un, notre fou préféré

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 80 commentaires

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Que ce soit clair une fois pour toutes, Kim Jong-un est fou.

Ou tout du moins, la seule interrogation médiatique légitime, à propos du dictateur nord-coréen, est celle-ci : "est-il fou ?" ( se demande Le Figaro, cité dans la revue de presse de Claude Askolovtich, sur France Inter). Lequel Askolovitch déplore que, dans le dernier épisode de tension opposant la Corée du Nord aux Etats-Unis, d'autres éditoriaux français osent aussi critiquer les répliques menaçantes de Trump : "quand la Corée fait la bombe, nous on s'en prend à Donald Trump". Qu'on se le dise, Kim doit rester le seul fou de l'histoire. Deux fous dans un même feuilleton, c'est un de trop.

Il est d'autres lectures de la politique nord-coréenne. Si ce n'est encore fait, je ne saurais trop conseiller à Askolovitch, et aux autres, de regarder notre émission du week-end. Sur la logique très rationnelle de la stratégie nord-coréenne, sur l'adhésion des Nord Coréens au régime, sur les similitudes inattendues entre Corée du Nord et Corée du Sud, ils en tireront bien des enseignements, et sujets de réflexion. Restent-ils valables après l'essai nucléaire, entrepris au lendemain de notre émission ? Aucune raison d'en douter. Et tiens, pour l'édification générale, nous mettons cette émission en accès libre aujourd'hui.

Encore faut-il ouvrir ses oreilles à d'autres airs que les commodes rengaines immémoriales de la propagande de guerre, dépeignant l'adversaire sous les traits immuables du dictateur sanguinaire. Y compris, parfois, si ces airs sont entonnés par des voix que l'on n'aime pas. Au nombre des quatre invités de notre émission, et aux côtés de Harold Thibault, Juliette Morillot et Antoine Bondaz, se trouve Yann Moix, écrivain, réalisateur, et chroniqueur-sniper chez Ruquier. A ce seul nom, notre forum, vendredi soir, retentissait de réactions préventives épouvantées. Moix à Arrêt sur images ? Jamais ! Cette semaine, sera sans moi ! Etc, etc. Et puis, après visionnage, les mêmes revenaient parfois, agréablement surpris, reconnaissant que ses voyages en Corée du Nord conféraient bien à Moix la légitimité de développer, sur le sujet, un point de vue étayé, et nuancé. Evidemment, dès le lendemain, sur le plateau de Ruquier, et sur des sujets plus ruquierisables que la Corée du Nord, il refaisait du Moix, dégoisant sur"l'antiracisme des Indigènes de la République, du Bondy blog, ou de Mme Diallo, qui va tellement loin qu'il aboutit à une forme de racisme ou d'antisémitisme"). Disons que certains sujets sont plus bankable que d'autres.

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