Inondations : les trois temps de l'information

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 24 commentaires

Dans la boue tumultueuse des inondations de l'Aude, patauge d'abord comme d'habitude l'information immédiate. Quel bilan ? Dix ? Douze ? Treize morts ? Et les indemnisations ? Elles arrivent quand ? Et l'état de catastrophe naturelle ? Quand va-t-il être décrété ? Et Macron ? Il arrive quand, Macron ? Avant, après le remaniement ? Et LA question du jour, celle de l'alerte rouge. A-t-elle été donnée à temps, l'alerte rouge ? La vigilance orange n'a-t-elle pas été banalisée ? Répondez-donc, ingénieurs météo !

Comme d'habitude, les questions de fond seront étudiées plus tard, quand les eaux se retireront, et que les reporters seront repartis vers d'autres catastrophes. Une photo me tire l'oeil ce matin, celle de ce couloir inondé de l'hôpital de Carcassonne. Un hôpital, donc. Quasi neuf -inauguré en 2014. Et inondé. Peut-être, plus tard, une enquête racontera-t-elle comment, à Carcassonne, un hôpital construit "en surplomb" d'une zone inondable, si l'on en croit son directeur, a pu voir, en dépit de ce "surplomb", ses couloirs inondés. Peut-être retracera-t-on après quels allers et retours entre la ville et l'Etat, ont été dessinés les contours de la zone inondable, pour en maintenir à l'écart le futur hôpital.


Après quoi, mais plus tard, bien plus tard, comme d'habitude, il sera peut-être temps d'écouter quelques porteurs de mauvaises nouvelles, comme Yves Tramblay, hydrologue au laboratoire HydroSciences (université de Montpellier, CNRS, Institut de recherche pour le développement), que Le Monde, merci à lui, a interrogé dès hier : " Plus l’air est chaud, plus il emmagasine de l’humidité : un degré Celsius en plus se traduit par 7 % d’humidité supplémentaires. On peut donc dire avec certitude que les épisodes méditerranéens vont devenir plus intenses." Comme d'habitude, les porteurs de mauvaises nouvelles retourneront ensuite à leurs labos. Jusqu'à la prochaine.


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