Ingrid, il était deux fois...

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 49 commentaires

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C'est un titre, au milieu d'autres, dans le journal de France Inter

de 8 heures : Ingrid Betancourt va passer le week-end à Lourdes. En quelques jours, Ingrid est devenue une source naturelle de nouvelles quotidiennes. On nous informe de son emploi du temps, comme on donne la météo du matin, ou comme on nous signale que Sarkozy s'ennuie au G8, où il est arrivé le dernier, et d'où il partira le premier. Sans doute plusieurs journalistes de l'AFP lui sont-ils désormais attachés, par roulement.

A tout prendre, d'ailleurs, cette foi chrétienne assumée, est peut-être un des aspects les plus sympathiques d'Ingrid Betancourt. Sa foi (chapelet, prières spontanées, adresses à Jesus, interview au Pelerin) est une foi qui s'affiche et s'assume. Elle nous laisse la liberté de proclamer (et les forums ne s'en privent pas, ici et ailleurs) des convictions inverses. Elle ne s'impose à personne. Apprenant à la radio qu'Ingrid se rend à Lourdes, nous avons l'inappréciable liberté de hausser les épaules et de lâcher toutes les bordées de blasphèmes que nous souhaitons, avec toute la vigueur de notre (éventuel) athéisme. Maintenant qu'elle est sortie du bois, il va être possible de moquer "Sainte Ingrid", et Libé a commencé.

C'est tout l'inverse de l'espèce de culte paien, dont Ingrid a été le centre, pendant des années (processions, portraits géants et ballons blancs). Ce betan-culte ne s'appelait pas "foi". Il se parait (se pare encore) d'autres noms : espoir, combat, mobilisation, et aujourd'hui : simple bonheur de la liberté retrouvée. Ne s'affichant pas comme ce qu'il est, un culte, il ne nous reconnait même pas la possibilité de l'hérésie.

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