Hollande, Banon, Vandel et moi
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 37 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
En France, on n'a pas de Murdoch, ni Rupert, ni James, mais heureusement, on a Dassault-Mougeotte.
Avec la magnifique Une du Figaro de mardi, qui transforme Hollande en violeur présumé, le sémillant tandem peut se vanter de s'être aligné, dans la manipulation crapoteuse, sur la glorieuse presse Murdoch, et même de l'avoir dépassée. Quant à la journaliste Laurence de Charette, qui "révélait" dans le Figaro d'hier que Hollande allait être convoqué dans l'affaire Banon (ce que démentent aujourd'hui à Libéles policiers de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne), elle pourrait aller donner des cours dans les écoles de journalisme d'outre-Manche (à propos, si vous voulez tout savoir sur le Figaro de Dassault, précipitez-vous sur notre émission, avec le transfuge Macé-Scaron). |
De quoi Hollande est-il coupable ? D'imprécisions dans l'énoncé de ses souvenirs, à propos d'une affaire qui ne le concerne pas, et dont il aurait entendu parler à deux ou trois reprises. De ne pas restituer exactement ce que Banon et Mansouret lui ont dit à l'époque, et ce qu'il a répondu. Dans les premiers temps, quand l'affaire Banon a resurgi en mai dernier, il a semblé la traiter avec désinvolture. Peut-être avait-il de bonnes raisons. Peut-être tout simplement ne s'en souvient-il pas, ce sont des choses qui arrivent. Peut-être, en 2003, a-t-il été effleuré par l'arrière-pensée qu'il pourrait détenir là des informations compromettantes pour DSK, informations qui pourraient un jour s'avérer utilisables. Peut-être aujourd'hui, est-il embarrassé par le souvenir de ces arrière-pensées qui lui ont fait prononcer un mot de trop, ou par une vague mauvaise conscience, ou par autre chose encore, de lui seul connu. Allez savoir. Mais cette désinvolture est un tort. C'est le genre d'affaire qui ne vous lâche pas.
Puisqu'on en est là, puisque Philippe Vandel va être entendu par la police, et puisque l'AFP en est à citer les souvenirs de Vandel avec une précision policière ("oui, je suis quasiment sûr qu'elle m'a montré les SMS"), je tiens à apporter mon témoignage à Mougeotte-Dassault, ainsi qu'à la BRDP. A l'époque, Vandel était rédacteur en chef d'Arrêt sur images, version télé. Et je me souviens, oui je suis quasiment sûr, que Vandel a abordé avec moi le cas de Tristane Banon. C'était dans les locaux de l'émission, dans le XVe arrondissement de Paris, plus précisément dans la salle des cassettes SVHS, entre le deuxième et le troisième rayonnage (les rayonnages, je crois bien, étaient bleus). Le ton de Vandel oscillait entre un émoustillement assez habituel chez lui, et une certaine incrédulité. Je crois bien, pour ma part, avoir fait banalement la même réponse que la plupart des auditionnés de la BRDP: tant qu'elle ne porte pas plainte, cette question me semble difficile à traiter. J'en suis quasiment sûr, même si je ne me souviens pas des mots employés. Si la BRDP souhaite davantage de précisions, je me permets de signaler que je serai absent de Paris une partie du mois d'août. Si Mougeotte-Dassault-Charette souhaitent réaliser un montage de Vandel et moi avec Tristane Banon, merci de ne pas choisir une photo trop moche.