Hervé Morin, conspirationniste

Le rapport de l'OTAN publié par le "Globe and mail" canadien

, qui indiquait que les soldats français tombés dans l'embuscade, n'avaient "pas assez de munitions, de radios et de matériels" n'existe donc pas. Pendant le week-end, le porte-parole de l'état-major français s'est déployé sur toutes les antennes pour le répéter. Lundi matin, sur RTL, le ministre Morin apportait pourtant une précision., aussitôt reprise par les agences de presse. Ce n'est pas un rapport, c'est un "compte-rendu". Un "courrier électronique", "parcellaire", envoyé à "quelques journalistes". Un mail (comme l'indique d'ailleurs le nom du journal qui l'a publié). Peut-être même un texto, envoyé par un stagiaire de l'OTAN, pour se faire mousser, à sa petite amie restée au pays.

Le ministre est même allé plus loin (et ce passage, charitablement, n'a pas été repris par les agences). Si ce "compte-rendu" est sorti un dimanche, à la veille du débat sur l'Afghanistan au Parlement français, ce n'est certainement pas un hasard. C'est pour faire flancher la résolution française, a analysé le ministre. Bien vu ! Chacun sait que les talibans manipulent l'OTAN, laquelle a manipulé le Globe and mail. Après Meyssan, on a découvert un nouveau conspirationniste au coeur de l'appareil d'état français ! Il aurait un bureau au ministère de la Défense, et se serait même infiltré au conseil des ministres.

Dans ce jeu traditionnel des intox et des contre-intox, un nouvel intervenant : les témoignages des parents des soldats, qui n'hésitent plus à intervenir devant les micros et les caméras. Sur France Inter, une épouse raconte que les Français vont mendier des munitions aux Américains. Et au 19/20 de France 3 dimanche soir, ce sont les parents du soldat Damien Buil, qui énuméraient. "Le matériel, c'est zéro. Les soldats ne peuvent pas le dire, mais nous on peut le dire. Ils ont reçu les nouveaux gilets pare-balles. Pourquoi ils les ont pas reçus avant ?" Etc, etc. De toute évidence, ces parents aussi sont manipulés par les talibans. Ou par le Globe and mail. Ou par les deux.