Gvt ch. ministre des couleuvres. S'adresser France Inter

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 16 commentaires

Décidément, il y a le feu : panique à bord, le "séminaire gouvernemental" est reporté à la semaine prochaine. Mais comment la France va-t-elle fonctionner jusqu'à la semaine prochaine, sans "séminaire gouvernemental" ? Le soleil va-t-il tout de même se lever et se coucher à l'heure ?

Paradoxe : Nicolas Hulot ne servait à rien, et pourtant on n'imagine pas un "séminaire gouvernemental" sans Nicolas Hulot. Comment expliquer ce paradoxe ? L'explication, me semble-t-il, est d'ordre culinaire. Hulot était l'ingrédient qui donnait du goût à l'ensemble, l'épice qui masquait le goût de viande faisandée du traintrain gestionnaire gouvernemental ordinaire, le même depuis tant de quinquennats. Que va-t-il dire à la sortie ? Quel bol de couleuvres va-t-il encore avaler aujourd'hui ? Macron cherche donc une épice de substitution. Pas simple, le choix d'un ministre des couleuvres. Il faut une épice qui aît du goût. Qui pimente le plat, sans trop dominer la saveur d'ensemble. 

Justement, voici ce matin un candidat-épice. Encore sur France Inter, décidément. Après avoir fait imploser Hulot, France Inter s'est donné mission de trouver une épice de rechange. Bref voici, au micro de Léa Salamé, Pascal Canfin, directeur général du WWF France, ex-ministre du développement de Hollande, et que nous connaissons bien sur ce site (voir par exemple nos émissions ici, ou ici).

Donc, Canfin a appelé "Chantal Jouanno, Laurence Tubiana, Dany Cohn-Bendit, Ségolène Royal, François de Rugy, tous les noms qui circulent" : aucun n'acceptera, parait-il, si c'est pour se cogner au même mur, si ce n'est pas pour produire un "big bang" de la transition, quelque chose de super-maousse, d'ampleur équivalente à la construction européenne. Quel big bang ? Par exemple ceci : que le gouvernement accepte de mettre sur le même plan dette financière et la dette écologique. A la différence des écolos radicaux, Canfin ne nie pas la gravité de la dette financière. En échange, il demande qu'on ne nie pas celle de la dette écologique. Et de donner cet exemple : aucun "séminaire gouvernemental" n'a été convoqué, après qu'on a appris, au coeur de l'été, que la France ne tenait nullement ses engagements en matière d'émissions de CO2. Dette financière, dette écologique, donnant donnant : le deal est séduisant. Mais, sorti du studio de France Inter, comment cette équivalence peut-elle se matérialiser institutionnellement ? On verra plus tard.

"Vous êtes très Macron-compatible" remarque Léa Salamé, ravie que le recrutement se déroule sur France Inter, dans le cadre fixé par France Inter. La veille, en effet, les deux chroniqueurs Dominique Seux (des Echos) et Thomas Legrand ont débattu : le sauvetage de la planète est-il compatible avec le libéralisme ? Canfin pense que oui. Sauver la planète, dit-il, c'est aussi produire des véhicules électriques, des trottinettes électriques, des maisons qui produisent davantage d'énergie qu'elles en consomment. CQFD : la démonstration de Macron-compatibilité est faite. Reste à conclure par la question rituelle : le cas échéant, iriez-vous ? " Je suis très bien au WWF". Salamé : "Il est candidat". Canfin : "Alors qu'est-ce qu'il faut dire ? Je suis très très bien au WWF". Prochain épisode demain.




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